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Le missile MMP au cœur de la future capacité antichar luxembourgeoise

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Le Grand-Duché de Luxembourg a officiellement rejoint le club d’utilisateurs du missile antichar MMP (ou Akeron MP) conçu par MBDA, déclarait ce jeudi le ministère des Armées. Une acquisition qui permettra aux militaires luxembourgeois de récupérer une capacité mise au frigo depuis deux décennies.

Un premier client export au sein de l’OTAN

Longtemps resté sous les radars, le contrat de 31,5 M€ notifié le 21 juillet 2022 à MBDA portait sur la livraison de 90 missiles MMP, révèle le ministère des Armées. L’armée luxembourgeoise devient par la même occasion le premier client export du missile français au sein de l’OTAN, et son second client européen après la Suède. La Belgique devrait en théorie suivre l’exemple prochainement.

Le MMP devait en théorie remplacer l’ensemble des missiles NLAW acquis par le Luxembourg, et dont une centaine ont été donnés à l’Ukraine. Cette ligne pourrait encore évoluer, nous explique-t-on de source militaire, car le MMP aurait davantage vocation à compléter une arme de portée inférieure et ayant fait ses preuves en Ukraine.

Les premières perceptions interviendront d’ici à 2025, dans la foulée d’essais de recette en usine (FAT) prévus 24 mois après la signature du contrat. Dans l’intervalle, d’autres volets du programme sont déjà lancés. Ainsi, un officier luxembourgeois est actuellement en formation en France. À l’issue, il deviendra le premier chef de peloton antichar de l’armée luxembourgeois. La prise en main prendra du temps et la pleine capacité opérationnelle (FOC) de l’unité ne sera actée qu’au terme d’une phase de montée en puissance.   

Additionnée à l’acquisition de certaines briques SCORPION, l’opération est aussi un pas de plus dans la construction d’une interopérabilité poussée avec les forces terrestres belge et françaises. Côté français, la DGA a annoncé jeudi la commande de 200 missiles supplémentaires, conformément au calendrier. Un lot de volume équivalent a également été réceptionné l’an dernier et transférés au Service interarmées des munitions (SIMu).

Reconstruire une capacité antichar, et plus encore

Ces missiles permettront au Luxembourg de regagner une expérience perdue depuis le début des années 2000 et la mise au rebut du missile américain TOW 2. La reconstruction d’une capacité antichar moderne est progressivement redevenue prioritaire à l’aune de l’évolution du processus OTAN de planification de défense (NDPP) et des cibles capacitaires soumises à chaque pays de l’Alliance via les fameux « Blue Books ».

Cette exigence, la Défense luxembourgeoise pensait à l’origine y répondre avec le missile israélien Spike utilisé par le partenaire belge. Quelques démarches allant dans ce sens ont été entreprises, dont le prêt d’un poste de tir par la Belgique et l’intégration dans le « club Spike » de l’Agence OTAN de soutien et d’acquisition (NSPA). L’adoption du programme français SCORPION par la Défense belge a entre-temps rebattu les cartes. Exit le Spike, ce sera une solution française. Une décision cohérente également dictée par la volonté d’opérer un système commun au sein du bataillon de reconnaissance belgo-luxembourgeois en construction.

Les quantités acquises peuvent paraître limitées, mais l’armée luxembourgeoise ne manque pas d’idées pour en exploiter tout le potentiel. L’enjeu, dans un premier temps, sera de pouvoir opérer le MMP au départ du véhicule de commandement, de liaison et de reconnaissance (CLRV) commandé l’an dernier. Et si la technique ne permet pas encore de tirer le missile à partir du tourelleau DeFNder installé sur le CLRV, ce sera possible avec un autre véhicule blindé dont le développement sera mené en coopération avec la Belgique et la France.

Derrière la plateforme, l’intérêt porte également sur la capacité de tir au-delà de la vue directe (TAVD, ou BLOS) du missile. L’armée luxembourgeoise a dans ce sens acquis 12 micro-drones NX70 de l’entreprise aixoise Novadem, qui enregistre par la même occasion une nouvelle victoire sur le marché export. Ici encore, le choix n’a rien d’anodin. En service depuis 2019 dans l’armée de Terre, le drone NX70 est en effet au cœur du programme européen LynkEUs visant à concevoir une capacité TAVD à partir du MMP. La Suède a rejoint le train en marche l’an dernier. Le Luxembourg, spectateur des derniers tirs d’expérimentation réalisés à Chypre, compte bien lui emboîter le pas.

Bien que l’étape suivante, baptisée MARSEUS, ait démarré sans participation luxembourgeoise, l’entrée dans le projet structurant « BLOS » de la Coopération permanente structurée (CSP) reste dans le viseur de la direction de la Défense. Une fois à bord, le Luxembourg aura à nouveau démontré qu’en matière de défense, la taille ne doit en rien brider l’ambition.

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