Exit l’écueil de la crise sanitaire, l’heure est au rebond pour John Cockerill. Mais si les principaux indicateurs sont dans le vert, le groupe belge cherche à présent un nouveau souffle pour ses activités de défense.
L’année 2022 était synonyme de retour aux performances d’avant Covid-19 pour John Cockerill. Toutes activités confondues, son chiffre d’affaires progresse de 10% pour franchir à nouveau la barre symbolique du milliard d’euros (1,04 Md€). Les inscriptions de commandes bondissent quant à elles de 36% à 1,29 Md€.
« Cette hausse des volumes se répartit de manière équilibrée sur l’ensemble des activités du groupe, ce qui est de bon augure pour le prochain exercice », estime la société liégeoise dans un rapport de mission intitulé « En transitions ».
Le tableau serait idéal s’il n’apportait pas son lot d’inquiétudes. Le résultat (EBITDA), d’une part, se contracte de 15% pour atteindre 46,7 M€. Désormais jugée « trop faible », la rentabilité a baissé de moitié en cinq ans. Et, d’autre part, John Cockerill accuse une « réduction significative de la contribution des activités de défense ». Un recul non détaillé, les résultats communiqués l’étant uniquement à échelle du groupe.
Hormis la livraison de 18 tourelles Cockerill 3105 à l’Indonésie pour son programme de char moyen « Harimau », John Cockerill Defense (JCD) a mis la touche finale aux tourelles Cockerill 3000 Series produites pour le contrat record décroché en 2014 avec l’Arabie saoudite. La production terminée, les formations se sont poursuivies sur le campus Cockerill de Commercy (Meuse), où 114 opérateurs et maintenanciers des systèmes d’armes ont été formés l’an dernier.
Faute de nouveaux contrats majeurs, les opérations d’après-vente et de développement ont pris le pas sur la production, tandis que les effectifs de JCD ont été réduits. « La complémentarité du groupe a pu jouer à plein régime, avec de nombreux transferts vers les autres équipes du groupe », rassure néanmoins ce dernier.
L’année en cours s’annonce donc cruciale pour l’entreprise, qui lançait dès janvier un plan volontariste pour guider sa transformation et renforcer son bilan. Baptisée « John Cockerill 2025 », l’initiative répond à un double objectif : « retrouver le niveau de performance nécessaire pour développer nos activités traditionnelles tout en concrétisant le potentiel du groupe dans l’hydrogène vert à travers des partenariats stratégiques ».
« Le contrat qui a majoritairement poussé l’activité des dernières années arrivant à son terme, les efforts sont concentrés sur la concrétisation de nouveaux programmes en discussions », indique JCD. Des négociations « avancées » ont ainsi été menées avec les autorités indiennes et belges en vue de futurs contrats d’équipement ou de service.
Cette baisse de régime n’empêchait pas d’innover. En mars 2022, JCD profitait de la première édition du salon de défense saoudien « World Defense Show » pour dévoiler son Cockerill i-X. Un « intercepteur terrestre » doté d’une vitesse de pointe de 200 km/h, d’un canon de 25 mm rétractable, d’une capacité de fusion de données multicapteurs et au coeur d’un partenariat avec le véhiculier émirien NIMR.
Certains progrès notables s’inscrivent plutôt dans un cadre européen. Après deux années de travail, JCD parachevait sa contribution au programme européen LynkEUs. Un projet conduit par MBDA et pour lequel la filiale défense a conçu une plateforme rétractable et opérée sous blindage de lancement et de récupération d’un drone multicoptère, en l’occurence le modèle NX70 du français Novadem. JCD a également doté sa tourelle Cockerill 3030 d’un lanceur de missiles antichar Akeron MP et d’une capacité de pilotage et d’échange de données avec le drone sous blindage.
Autre projet européen dans lequel JCD s’investit, FAMOUS débutait un an après LynkEUs et s’achèvera donc prochainement. L’aventure européenne se poursuivra au travers de FAMOUS 2 et de MARSEUS, tous deux retenus à l’été 2022 pour un financement du Fonds européens de la défense. Crédité d’une enveloppe de 95 M€, FAMOUS 2 devrait démarrer en fin de cette année. Les 18 acteurs du consortium sélectionné auront jusqu’à fin 2026 pour progresser sur les briques technologiques susceptibles d’intégrer la prochaine génération de plateformes blindées.
Crédits image : JCD