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WDS 2022 : le concept Cockerill i-X de John Cockerill Defense, du rallye-raid à l’ « intercepteur terrestre »

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John Cockerill Defense aura donc choisi la première édition du salon World Defense Show (WDS), organisé cette semaine à Riyadh (Arabie saoudite), pour dévoiler son démonstrateur « Cockerill i-X ». Un véhicule léger innovant inspiré de l’univers du rallye-raid et sur lequel l’industriel belge va se reposer pour affiner plusieurs technologies.

Le rallye raid pour point de départ

Après avoir transposé le principe du tank au milieu marin, John Cockerill Defense adapte cette fois l’idée de l’intercepteur au monde terrestre. Le Cockerill i-X est né il y a environ deux ans au cours d’un brainstorming. « Nous cherchions à faire quelque chose de différent par rapport aux autres. Nous ne voulions pas nous tourner vers le marché des véhicules classiques car nous travaillions déjà avec des fournisseurs ‘classiques’ », nous explique Simon Haye, directeur marketing JCD.

L’idée retenue ? Une solution de rupture combinant vélocité, autonomie, puissance de feu, connectivité et furtivité. Un « intercepteur terrestre » pour lequel les équipes de JCD se sont inspirés des 4×4 engagés lors de rallyes raids comme le Paris Dakar, des véhicules légers, robustes et taillés pour la vitesse.

Pourquoi dévoiler ce concept durant WDS ? Parce que « l’idée nous semble pertinente pour répondre à certains besoins dans la région du Moyen-Orient, essentiellement au vu des distances à couvrir et des menaces auxquels ces pays font face », ajoute Simon Haye. 

Avec ce véhicule, il devient possible de « prépositionner des moyens d’intervention rapides et discrets en certains points stratégiques tout en ne mobilisant que peu de personnel ». Dans ce cas d’usage, le Cockerill i-X opérerait par plot de deux ou trois véhicules pour constater in situ et intercepter au plus vite une menace détectée dans une zone reculée et dépourvue de moyens de réponse. 

De premiers essais concluants

Partir d’un châssis léger de la gamme 3,5 tonnes nécessitait une prise en compte précoce des questions de masse. La principale difficulté relève alors de l’intégration d’une tourelle escamotable, un choix ambitieux mais nécessaire pour gagner en discrétion. Aux 600 kg du système d’arme sont donc venus s’ajouter la centaine de kg du système de levage, sans parler des munitions, des membres d’équipage et des autres systèmes embarqués.  

Pari tenu pour les équipes JCD, qui sont parvenues à résoudre l’équation au terme d’une première campagne d’essais. De quoi stimuler les réflexions autour du système de levage, désormais breveté. Très novateur, celui-ci devait combiner le déploiement et la dissimulation de l’arme tout en autorisant sa rotation à 360° et en lui conférant site de -10° à + 60° pour traiter les petites cibles aériennes. Sans oublier les questions d’emport et d’alimentation en munitions.

Ce travail de conception et d’intégration s’est achevé en septembre-octobre 2021. Châssis tubulaire et système d’arme sont alors assemblés, autorisant l’industriel à lancer une nouvelle série d’essais de mobilité et de stabilité. Ces tests, JCD les a réalisés sur un terrain mis à disposition par la Défense belge à Marche-en-Famenne. 

Les premiers résultats se sont avérés concluants, entre particulier pour les optiques et l’armement. « Le canon est en réalité très stable. Nous pensions affronter quelques soucis, mais tout s’est finalement très bien passé », constate Simon Haye. La caisse est venue par la suite, avec un résultat « custom » dévoilé cette semaine en Arabie saoudite. 

Vitesse, autonomie et puissance de feu

Le concept doit s’affiner mais JCD place dès à présent haut la barre des performances : 600 km d’autonomie dont 30 km en « full électrique », un vitesse de pointe sur route de 200 km/h et de 160 km/h sur piste désertique, le tout grâce à une motorisation de 750 ch portée à 800 ch en hybride. Pour le châssis comme pour la motorisation, JCD a fait appel à des partenaires privilégiés qui, pour l’instant, demeureront secrets. 

La tourelle est dimensionnée pour des canons de 25 mm ou de 30 mm, chacun accompagné de 120 munitions prêtes au tir. La version présentée cette semaine privilégie la première solution en raison de son bon rapport poids-volume-efficacité. JCD réfléchit aussi à une version « tank killer » cette fois dotée de deux à quatre missiles ou de sept roquettes prêtes au tir. L’armement secondaire repose sur une mitrailleuse de 7,62 mm (400-600 munitions) ou de 12,7 mm (400 munitions). Question survivabilité, le véhicule se veut « léger » mais affiche néanmoins une protection balistique de niveau 2 et une protection anti-mine de niveau 3.

La capacité de détection/reconnaissance/identification repose essentiellement sur une boule optronique installée sur le toit. La version présentée à Riyadh reprend le viseur stabilisé Vigeo de Safran Electronics & Defense, partenaire de longue date de l’industriel liégeois. Le véhicule se veut cependant agnostique en matières d’armement et d’optronique embarquée, la configuration exacte dépendant du besoin exprimé par le client.

JCD insiste, son Cockerill i-X est totalement décorrélé du véhicule blindé d’aide à l’engagement (VBAE), successeur du VBL dont le développement sera poursuivi en franco-belge, voire avec le Grand-Duché de Luxembourg. Oui, le Cockerill i-X est synonyme de gain d’expérience dans l’intégration d’un système d’arme sur véhicule léger. Mais, non, le Cockerill i-X n’est pas le futur VBAE. La cible pour celui-ci reste jusqu’à maintenant un véhicule plus grand, plus lourd et emportant un système d’arme « plus classique » et trois ou quatre membres d’équipage.

Un laboratoire roulant

Ce concept, c’est aussi « une vitrine pour démontrer les nouveaux développements en cours chez Cockerill ». L’un des axes d’effort reste celui de la furtivité, obtenue dans un premier temps « en travaillant sur un profil compact ». C’est là tout l’intérêt de la tourelle escamotable qui, en disparaissant, rend le véhicule plus difficile à caractériser et assure un profil « neutre » propice aux missions de type maintien de la paix. 

Derrière l’effort porté sur la silhouette, JCD s’attache à intégrer des systèmes de protection innovants, à commencer par une technologique d’adaptation de la signature thermique. L’effort bénéficie d’une aide financière accordée par la région wallonne pour soutenir le développement de panneaux « chauffants » qui viendront modifier la silhouette thermique du véhicule et tromper les capteurs de l’adversaire. Un camouflage qui sera « basse puissance » pour ne pas peser sur l’autonomie des batteries. D’autres applications permettraient, par exemple, de camoufler la tourelle une fois celle-ci déployée. JCD planche également sur des peintures passives capables de modifier non seulement la silhouette thermique, mais aussi la signature radar.

Hormis la discrétion, JCD mise sur le partage d’information et la l’interface homme-machine. Cet IHM, l’entreprise l’a intégré sur son Smart Helmet, un casque intelligent permettant son porteur à générer des interactions au travers de ses sens (vision, voix, haptique, ouïe). Le tout doit contribuer à diminuer la charge cognitive de l’opérateur, grâce à un interface intuitif 

Enfin, l’i-X pourrait servir de support pour le projet IRIS, lui aussi soutenu par la région wallonne. IRIS vise à la conception d’une brique de détection automatique des menaces. Un outil de détection mais aussi d’identification et de suivi, et susceptible à terme d’établir des priorités et de suggérer une action au tireur grâce à l’ajout d’une intelligence artificielle. Et ce n’est qu’un début. Rendez-vous est déjà pris pour la mi-juin et le salon Eurosatory à Paris, l’occasion pour JCD de revenir de nouvelles idées et une version affinée. 

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