Travail en cohésion entre forces spéciales/conventionnelles

Share

A l’avenir il est tout à fait possible que les forces spéciales travaillent plus en cohésion avec les forces conventionnelles. C’est, tout au moins, le vœu du général Jean-Pierre Bosser, chef d’état-major de l’armée de terre (CEMAT), qui l’a annoncé lors d’un colloque tenu à l’Ecole Militaire de Paris la semaine dernière. « Je pousse en bande sahélo-saharienne pour une combinaison forces spéciales/forces conventionnelles », a t-il révélé.

Le général d’armée Jean-Pierre Bosser, chef d’état-major de l’armée de terre française


Notant que depuis les attentats du 7 janvier et 13 novembre 2015 à Paris « la complexité [de la situation au Moyen-Orient] c’est étendue à notre pays sur le territoire national », il a expliqué à la salle comble que « l’armée de terre embrasse toute cette complexité » et que « donc, sur le territoire national, l’armée de terre est pleinement légitime ». Effectivement le Livre Blanc sur la défense et la sécurité de 2013 précise que la protection du territoire national et la garantie de la continuité des fonctions essentielles de la Nation sont la première priorité stratégique de la France. Dans ce cadre, donc, la mission première des armées est d’assurer la protection de la Nation contre toute menace de nature militaire.
Comme l’a souligné le général Eric Margail, commandant le Quarter Général du Corps de réaction rapide-France, la France est sortie de la « parenthèse de la guerre froide » pendant laquelle « une ou deux générations » de militaires se sont entraînés sur les bases d’une guerre « entre militaires, en respectant des règles à peu près claires ». Aujourd’hui dit-il, « l’adversaire hybride déborde » de ce cadre « en s’éloignant des règles » et il est difficile de savoir qui est le combattant et où il se trouve. Le boutiquier du matin peut devenir le combattant de l’après-midi. L’ennemi « ne respecte pas les mêmes règles que nous », se désola t-il. Propos souligné par le général François-Xavier de Woillemont, adjoint au Major général des armées à l’Etat-major des armées, pour qui l’ennemi retrouvé détient une « idéologie se comparant à celle des nazis ». Le fait qu’il « [veuille] notre destruction » et qu’il « n’y [ait] pas de négociation possible » conditionne « notre stratégie », dit-il.
Les défis, donc, pour une armée conventionnelle, sont à la fois tactiques, techniques mais aussi juridiques, et Margail proposa une première réponse : « Il nous faut tout savoir, tout comprendre, tout de suite », chose qui sera facilitée par la création cet été du Centre de Renseignement Terre. Margail suggéra aussi qu’à la place d’entraînements basés sur de grands exercices « il nous faut développer des entraînements plus nombreux et plus léger ».
Le général Bernard Barrera, sous-chef plan-programmes à l’état-major de l’armée de terre, annonça qu’il y aura dès cet été un élargissement du renseignement humain, plus de capteurs électromagnétiques et plus de drones. Néanmoins, de Woillemont avertit l’auditoire qu’il faudra être patient : « Nous gagnerons cette guerre mais ça prend du temps » et que pour y arriver il faut « conserver ou reprendre l’initiative ; durer, tenir, voir loin; gagner la paix derrière ».
Se félicitant de la « remontée en puissance de l’armée de terre », le CEMAT a annoncé que lors du salon Eurosatory à Paris entre le 13-17 juin « un décloisonnement à l’international » sera dévoilé. Non, nous ne savons pas ce que cela veut dire et nous avons été avertis qu’il nous faudra attendre l’annonce officielle !