Belgique : vers un accompagnement des militaires nigériens en opération

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Le Sahel restera l’un des principaux théâtres d’engagement de la Défense belge en 2021, révèle le plan des opérations présenté hier en Commission de la Défense nationale de la Chambre. Certaines contributions vont diminuer, notamment au sein de la MINUSMA avec le retrait du peloton ISTAR à l’été prochain. D’autres pourraient voir leur posture évoluer, comme l’opération New Nero au Niger.

« Bien que considérée comme une assistance bilatérale », rappelle le colonel Frédéric Givron de l’état-major de la Défense, l’opération New Nero (ONN) est avant tout un effort coordonné au niveau multinational avec les autres nations actives au Niger, que sont la France, l’Allemagne, le Canada, l’Italie et les États-Unis. Depuis 2017, l’apport de la Belgique dans la stabilisation du pays repose sur l’entraînement et l’encadrement de l’armée nigérienne.

Ce projet « Assistance militaire » s’est considérablement renforcé en septembre 2019 avec la concrétisation d’ONN et l’installation à Maradi d’une équipe mobile d’entraînement et de formation (METT). En quatre ans, les militaires belges ont ainsi formé douze compagnies spéciales d’intervention, soit environ 1600 militaires nigériens.

« Ce processus de formation a atteint un point charnière cette année », indique le colonel Grivon. ONN se trouve aujourd’hui dans une phase « 3A » de certification des unités nigériennes qui devrait s’achever à la mi-2021. Si les conditions sont réunies, l’opération belge évoluera ensuite vers une nouvelle phase « 3B » dite « Advice, Assist, Accompany & Enable ». Aboutissement du programme d’assistance militaire belge, elle impliquerait 110 militaires durant six mois. Son implantation géographique est encore à déterminer.

Un militaire du 2 Cdo forme le partenaire nigérien (Crédits : Défense/Daniel Orban)

Aujourd’hui au stade de l’étude, cette phase « est en quelque sorte un accompagnement sur le terrain afin d’aviser, assister, accompagner et mettre à disposition ce qu’on appelle des ‘enablers’ pour pouvoir permettre des opérations dans des zones à risque », détaille l’officier belge. Cette étape finale se traduirait donc par l’adoption d’une nouvelle posture pour les formateurs du SO Regt, selon des principes qui s’apparentent à ceux des Operational Mentoring and Liaison Teams (OMLT) mises en place en Afghanistan ou, plus récemment, des unités de la Task Force Takuba.

Cette perspective n’a pour l’instant pas suscité de réelle opposition de la part des parlementaires belges, contrairement à celle d’un déploiement au sein de l’opération Barkhane. « La France, comme vous le savez, a sollicité à plusieurs reprises la participation de la Belgique à l’opération Barkhane (…). Elle cherche par ce fait à internationaliser et à légitimer cette mission par le burden sharing, c’est à dire le partage des coûts et des risques et des efforts dans la lutte globale contre le terrorisme », commentait le colonel Grivon.

Le format retenu reste celui d’un Combined Arms Tactical Sub-Group (ou SGTIA en français), autrement dit « une compagnie mobile motorisée composée d’à peu près 250 militaires, ceci excluant l’appui logistique », précise le colonel Givron. S’y ajoute le projet d’intégration de trois officiers de liaison au sein du quartier général de la Task Force Takuba, unité placée sous commandement de Barkhane.

Néanmoins, et comme l’a rappelé à plusieurs reprises la ministre de la Défense Ludivine Dedonder, cette projection demeure à l’état de projet en l’attente des résultats d’une analyse des conditions d’engagement, du mandat et autres règles d’engagement. Ce n’est qu’une fois tous ces éléments réunis et analysés que le débat entre parlementaires pourra démarrer.