Suède, Pays-Bas, Italie, etc : ces pays que l’Allemagne souhaite intégrer à MGCS

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Le dernier rapport sur l’avancement des programmes d’armements majeurs de la Bundeswehr est sorti et avec lui un nouveau point d’étape sur le char franco-allemand MGCS. Un projet que l’Allemagne envisage pour la première fois d’élargir à une poignée de pays européens.

« L’ouverture du projet MGCS aux autres États membres de l’Union européenne, de l’OTAN et d’autres nations partenaires potentielles doit être promue », souligne le ministère de la Défense dans son rapport. Une volonté stipulée dès la signature de la lettre d’intention entre Paris et Berlin en juin 2018 et réaffirmée le 3 avril 2020 dans l’accord-cadre lançant officiellement MGCS.

« Sur base du succès de la communauté d’utilisateurs Leopard, MGCS devrait aussi se transformer le plus rapidement possible en un groupe de coopération sur base du noyau franco-allemand », précise le document. Et celui-ci d’inclure désormais MGCS dans un cadre otanien. Selon la Défense allemande, ce programme contribuera en effet à renforcer le pilier européen de l’OTAN en modernisant une capacité décisive pour l’engagement conventionnel.

« C’est pourquoi MGCS devrait aussi être conçu comme une capacité OTAN dotée d’un groupe adéquat de participants. Dans un premier temps, l’Allemagne vise à inclure le Royaume-Uni, la Norvège, les Pays-Bas, la Suède et l’Italie ». Un dessein plusieurs fois répété dans le rapport, l’Allemagne insistant notamment sur « l’intérêt croissant d’autres forces armées en Europe ».

La Suède, la Norvège et les Pays-Bas sont parties prenantes du club « Leopard » et se positionnent donc comme des clients naturels pour tout ou une partie du système multiplateforme que deviendra MGCS. Ce sont autant de pays munis de l’argument financier susceptible de conditionner l’association de l’industrie nationale dans la boucle de développement. Non dotés de Leopard mais d’un char conçu localement, l’Italie et le Royaume-Uni sont les deux seuls pays d’Europe dont l’industrie serait en mesure de concevoir une solution concurrente au MGCS en y agrégeant d’autres pays. Si le Royaume-Uni se focalise aujourd’hui sur la modernisation de ses Challenger 2, l’Italie aurait entamé un dialogue avec l’Allemagne pour évaluer la possibilité d’une participation.

(Crédits : ministère des Armées/DGA)

Au rang des absences remarquées, la Pologne et l’Espagne. Madrid avait pourtant annoncé son souhait de se doter d’un char européen en remplacement de ses 219 Leopard 2E, la force terrestre espagnol citant nommément MGCS dans ses documents programmatiques. Varsovie plaide depuis longtemps sa cause auprès de l’Allemagne, notamment en proposant d’inscrire le programme dans un cadre PESCO. Son besoin s’inscrit néanmoins dans le court terme, ce qu’un projet franco-allemant comme l’EMBT en cours de conception chez KNDS pourrait adresser. Une nouvelle maquette pourrait être présenté en septembre 2021 au salon de défense polonais MSPO, suivie en 2022 d’un prototype.

La France n’étant pas leader sur le sujet, le ministère des Armées, par l’entremise de la DGA, s’est jusqu’à présent limité à rappeler l’objectif d’ « affirmer le MGCS comme le système terrestre de référence à sa livraison en 2035 ». Pour les maîtres d’œuvres, l’ouverture est inéluctable mais ne pourra se réaliser qu’à un stade ultérieur du programme. Une position défendue dès mai 2019 par le CEO de Nexter, Stéphane Mayer, selon qui MCGS est annoncé comme « devant faire l’objet d’une coopération européenne et, pour commencer, d’une coopération franco‑allemande ». Pour l’heure, tant la poursuite de la phase SADS 1 avalisée le 12 mai que la répartition des tâches pour la fourniture des 14 démonstrateurs technologiques restent conduites en bilatéral.

Loin de l’intégration de nouveaux partenaires, le second objectif pour les industriels sera de consolider au plus vite la prochaine tranche contractuelle, de l’ordre de 200 M€ répartis à parts égales entre les deux pays. Tout investissement de défense supérieur à 25 M€ requérant l’aval du Bundestag, il convient de transformer l’essai et de rendre le programme irréversible avant les élections fédérales allemandes de septembre 2021.

MGCS progresse par ailleurs sur le plan opérationnel. « L’armée de Terre a déjà commencé à travailler sur le cahier des charges et alimente la Direction générale de l’armement (DGA), qui est en contact avec son homologue allemand pour lancer les études et les recherches », annonçait en octobre le chef d’État-major de l’armée de Terre, le général Thierry Burkhard. Deux officiers français se trouvent depuis cette année à Coblence, au sein de la « Combined Project Team MGCS » de l’Office fédéral des équipements, des technologies de l’information et du soutien en service de la Bundeswehr (BAAINBw).