Nexter, MBDA, Delair et EOS Technologie ont été retenus pour les appels à projets Larinae et Colibri de l’Agence de l’innovation de défense (AID), rapportait hier La Lettre A. Constitués en consortiums, ils plancheront sur les premières munitions téléopérées « Made in France ».
[Mise à jour au 21/03/2023] Officialisé le 21 mars par l’AID, l’appel à projets Colibri est également remporté par le duo formé par MBDA et le droniste d’Aix-en-Provence Novadem. Quand Nexter et EOS plancheront sur une solution à voilure fixe, MBDA et Novadem présenteront une munition basée sur les technologies d’un drone à voilure tournante. Les deux projets embarquent une charge pyrotechnique et feront l’objet de premières démonstrations en fin d’année.
Lancés fin mai, les appels à projets Larinae et Colibri, sont deux réponses au besoin exprimé de défricher le segment des drones dotés de charges opérationnelles actives, une capacité absente du portfolio des armées françaises. Larinae, un drone à longue élongation, doit pouvoir atteindre sa cible dans un rayon minimum de 50 km. Plus petit, Colibri neutralisera sa cible dans la zone de contact, soit au-delà de 5 km.
Il s’agissait d’aller vite pour compenser le retard constaté dans ce segment par rapport aux États-Unis, à Israël ou encore, à la Pologne. Message reçu, il aura fallu moins de six mois pour sélectionner les industriels. Deux duos plancheront sur le segment « haut » : Nexter en collaboration avec EOS Technologies et le missilier européen MBDA avec Delair. Le développement du Colibri sera quant à lui confié au tandem Nexter-Delair. Selon le quotidien français, ils l’emportent sur les offres soumises par Airbus, Thales et Safran.
Ces appels à projets étaient innovants à plus d’un titre. Hormis le sujet, la démarche laissait une grande place à l’originalité en laissant un maximum de latitudes aux intéressés. « La formulation de ces appels à projets a surpris parce que nous n’avons pas spécifié si nous voulions un drone, un essaim de drones, des consommables. On peut aussi, de temps en temps, procéder en sens inverse, dire : ‘J’ai un projet pour lequel je dispose de 300 000 euros, que me proposez-vous ?’. Faire autrement, c’est aussi détourner des technologies civiles », déclarait mi-octobre le délégué général pour l’armement, Emmanuel Chiva.
En lançant ces appels à projets, « nous avons indiqué vouloir des solutions peu onéreuses, évidemment efficaces, prévoyant une autonomie fonction de la zone considérée et livrées très vite ; nous voulons aussi que les militaires soient capables de se former très rapidement », résumait le nouveau DGA.
Les quatre lauréats détiennent tous une expertise soit dans le domaine des drones, soit dans celui de la pyrotechnie, ou parfois dans les deux. Seul industriel impliqué dans les deux sujets, Nexter dispose d’une première expérience avec les micro-drones grâce à ses solutions IXOS XX et IXOS LG, dévoilées en 2019. La division munitionnaire du groupe travaille par ailleurs sur une nouvelle charge dimensionnée pour ce type de besoin. Une « unité agressive » partiellement inspirée de l’obus antichar Bonus et aujourd’hui parvenue à un stade intermédiaire de maturité.
Côté vecteur, EOS Technologie est connu pour ses drones à voilure fixe légers, discrets et mus à l’énergie solaire. Jusqu’à 70 % plus silencieux, ceux-ci seraient également de deux à sept fois moins chers que leurs concurrents. Cette PME née en 2018 est récemment parvenue à lever 2,5 M€ par l’intermédiaire du réseau d’investisseurs mis sur pied par Défense Angels. Elle s’apprête par ailleurs à inaugurer son nouveau pôle de production de Mérignac, dans la banlieue bordelaise.
Les premières démonstrations du Colibri sont attendues neuf mois après l’attribution du contrat, celles du Larinae 12 mois après la contractualisation. Derrière ces démonstrations, l’enjeu reste bien d’équiper les forces à terme. L’AID espère à ce titre pouvoir lancer un plan d’acquisition sur la partie Colibri, quand Larinae relève davantage de l’exploratoire et vise en priorité à orienter les besoins.