LOADING

Recherche

SOFINS 2021 : mais où s’arrêtera Novadem ?

Partager

Et de trois. Novadem ajoutait, à l’occasion du salon SOFINS, un troisième membre à sa famille de micro-drones NX, le NX160, avec l’objectif de séduire les forces spéciales françaises. Derrière, le droniste d’Aix-en-Provence continue de faire évoluer son offre à grands coups d’innovations « maison » et de partenariats industriels. Zoom sur un acteur en recherche constante de bonnes idées et bien décidé à repousser les limites dans son secteur.

Le NX160, une évolution par le haut

« NX160 », pour 160 cm d’envergure, mais aussi plus d’une heure d’autonomie et surtout deux kilos de charge utile. Une caractéristique rare qui permet au dernier-né de la gamme NX d’emporter de nombreux « pods mission » et d’étendre le champ des applications. Novadem a dans ce sens travaillé main dans la main avec Proengin pour intégrer son nouveau capteur NRBC AP4C+.

L’AP4C+ est deux fois moins lourd et volumineux que l’AP4C, une évolution nécessaire pour permettre une installation sur micro-drone. L’outil embarque un spectromètre de flamme pour la détection des gaz, une première mondiale sur un système aérien sans pilote. 

Hormis la détection chimique, le NX160 est conçu pour recevoir un LiDAR, un dispositif de largage de charges, ou encore la boule multispectrale ASIO-155 conçue avec InPixal, partenaire de longue date de Novadem.

Le nouveau micro-drone NX160, nouvelle référence dévoilée par Novadem durant le salon SOFINS

« Nous étions sollicité par les utilisateurs et certains de nos partenaires industriels pour des missions spécifiques auxquelles le NX70 ne pouvait répondre du fait de sa capacité d’emport. Il fallait trouver une solution pour compléter le spectre d’emploi de nos solutions. Nous avons entendu les besoins et développé en un temps record, un nouveau porteur qui reprend 80% de la solution NX70 », relève le PDG de Novadem, Pascal Zunino.

Le NX160 partage en effet la même station sol, les mêmes liaisons de données, la même avionique embarquée que son petit frère. « C’est à dire que des gens formés sur NX70 pourront facilement opérer la bascule vers le NX160, celle-ci ne requérant qu’une qualification d’une demi-journée ».

Reste à « maturer » le système au second semestre avec des primo-utilisateurs, étape nécessaire pour affiner le concept et le rapprocher des exigences opérationnelles. C’est dans cette optique que le NX160 participera en septembre à une série d’essais autour du sujet NRBC avec les forces armées et la Section technique de l’armée de Terre (STAT). De quoi mener sereinement vers sa commercialisation, planifiée pour fin 2021.

Le « petit » droniste qui monte

Évolutif, innovant, construit autour de partenariats : à lui seul, le NX160 résume parfaitement la trajectoire adoptée par Novadem depuis sa création il y a 15 ans. Pascal Zunino est encore étudiant à l’Institut national de polytechnique de Grenoble lorsque lui vient l’idée de créer sa société avec son frère et un ami d’enfance. En 2005, il remporte le concours ‘Micro-drone’ organisé par la Direction générale de l’armement (DGA) et l’ONERA, challegne qui devait stimuler l’intérêt des étudiants pour le sujet des micro-drones et visait à mettre en œuvre des drones dans un environnements urbain.

« J’ai vu à ce moment là quel était l’intérêt porté à ce projet et me suis dit : ‘finalement pourquoi ne pas aller plus loin et faire de ce projet un produit ?’ ». Rien de plus logique pour ce passionné de robotique et d’aéronautique, créateur d’un premier drone en 2000, alors la préhistoire

Deux décennies plus tard, dont cinq années de R&D pure, Novadem est désormais solidement établi dans le paysage français. Il a remporté en mars un neuvième appel d’offres, le second avec l’Union des groupements d’achats publics (UGAP). Ce marché d’une valeur estimée à 3 M€ « confirme notre position sur le marché des micro-drones », note Pascal Zunino. Véritable tremplin commercial, l’UGAP a déjà servi pour équiper le SDIS 13 et le bataillon de marins-pompiers de Marseille (BMPM).

L’entreprise est loin d’être une inconnue pour les militaires français. Peu de temps après sa création, elle décroche un petit contrat avec DGA Techniques Terrestres à des fins d’expérimentation. « Assez tôt, nous avons aussi eu la Section technique de l’armée de Terre [STAT] qui a commencer à évaluer toute notre gamme », ajoute son PDG. C’est ensuite au travers de l’UGAP que la DGA acquiert en 2018 des micro-drones NX70 au profit de l’armée de Terre dans le cadre d’un marché « urgence opération ».

Cette réputation a depuis longtemps dépassé les frontières de l’Hexagone. Novadem équipe à présent une poignée d’acteurs étrangers, du ministère de la Défense des Émirats arabes unis aux forces spéciales néerlandaises, en passant par la police de Bruxelles (Beglique) et une cellule HUMINT de l’OTAN. Toutes ses pièces détachées sont par ailleurs référencées dans le catalogue de l’Agence OTAN de soutien et d’acquisition (NSPA). Résultat, plus de 200 drones vendus en une décennie d’activité et un chiffre d’affaires qui atteignait 2,3 M€ en 2020, contre 0,9 M€ en 2018. Et des effectifs qui vont s’agrandir pour accompagner la croissance. Cinq nouveaux engagements sont prévus à court terme, notamment pour soutenir les ventes à l’export.

Derrière ce succès, une philosophie. « Notre idée a toujours été qu’un système doit être simple d’usage et robuste pour permettre à des non-experts d’utiliser cette dimension aérienne ». Le ratio civil/défense-sécurité a plusieurs fois évolué avant de pencher à l’avantage du second, qui représente maintenant 80% de l’activité. « C’est une réalité du marché, avec l’arrivée sur le marché de concurrents chinois low-cost mais performants, favorisant un recentrage vers une clientèle spécialisée », commente Pascal Zunino.

Son équipe d’une quinzaine de personne est certes réduite mais très complémentaire, et permet de maîtriser toute la chaine de production en interne, des prototypes à l’électronique et aux éléments mécaniques. Un choix qui répond au besoin du client en termes de souveraineté et de maintenabilité du produit. L’entreprise repose par ailleurs sur une dizaine de sous-traitants français, dont le Breton SELVA pour l’électronique.

Grâce aux contrats décrochés en France, Novadem vit un changement d’échelle depuis 2018. Ainsi, les cadences de production sont passées de 10 à 20 systèmes à 50, voire 100 systèmes produits à l’année. Cette hausse d’activité a demandé une nouvelle approche organisationnelle et de nouvelles méthodes qui permettent d’aborder plus sereinement l’éventualité de nouveaux marchés majeurs.

Le NX70, produit phare de Novadem déployé depuis longtemps au Sahel par l’armée de Terre

À l’écoute des RETEX utilisateurs

Novadem ne se contente pas de concevoir et de vendre, elle fait constamment évoluer ses produits, tant sur base de dix années de retours utilisateurs qu’à la suite d’initiatives internes. Les RETEX du marché UO, par exemple, ont participé à la création d’un environnement autour du NX70. 

« Un drone ça observe, mais ça peut aussi agir », rappelle Pascal Zunino. Très tôt, son équipe à œuvré à ajouter une capacité de transport et de largage sur tous ses drones. Sur le NX70, ce sont 200-300 grammes de charge utile et la possibilité de déployer une combinaison de survie, 200 mètres de corde en kevlar, un fumigène pour marquer une position, etc. L’outil de largage, conçu par impression 3D, est déjà acquis par le BMPM. Il a aussi até présenté aux forces dans le cadre d’une évaluation menée au CENZUB.

Autre contrainte, autre développement, cette fois issu des premiers RETEX du marché UO. Les « Géo Trouvetou » de Novadem ont créé un support magnétique pour fixer la liaison de données sur le toit d’un véhicule. Ce relais, acquis par l’armée de Terre, optimise le pilotage sous blindage du drone en diminuant l’impact de la caisse métallique sur la portée utile. Une évolution née sur le théâtre sahélien et particulièrement appréciée dans le cas d’ouvertures de convois.

Les militaires français auront également contribué à l’élaboration d’une autre brique. Baptisée NXWIRE, ce câble d’une quarantaine de mètres fournit une alimentation continue et démultiplie donc l’autonomie lors de la surveillance d’une base ou d’un bivouac, y compris de nuit grâce à la caméra thermique. À noter que le vecteur conserve ses capacités de reconnaissance et de levée de doute de par un ingénieux système de décrochage par aimant. NXWIRE a été retenu par les forces lors d’une seconde commande de NX70, en 2019.

D’autres pistes sont à l’étude en interne, dont la capacité à réaliser un vol 100% automatique, moins exploitée pour l’instant dans la défense pour des questions de culture opérationnelle. Quant à élargir le champ à l’environnement marin, Novadem reste prudent. Il y a longtemps, une première approche avait été tentée au travers du CEPA/10S, équivalent marin de la STAT. Des évaluations menées avec un drone d’ancienne génération et au départ de différents bâtiments dont le porte-avions Charles de Gaulle.

Mais la mer est un milieu complexe avec ses propres contraintes, estime l’entreprise. « Ce n’est pas le milieu prioritaire pour l’instant, mais on a compris qu’il y avait un besoin grandissant. D’ailleurs, la Marine nationale s’équipe elle aussi de drones, pour l’instant à voilure fixe. Nous serions dans une niche dans ce segment, mais c’est une idée à creuser », souligne Pascal Zunino.

Tags: