Le Japon, la France et l’Allemagne ont posé hier les bases d’un partenariat renforcé dans le domaine des canons électromagnétiques, gravant dans le marbre un rapprochement entamé de longue date.
Les trois ministères de la Défense ont désormais chacun signé les termes de références (TOR) « ouvrant la voie à une coopération sur les technologies de canon électromagnétique », se félicite l’Institut franco-allemand de recherches de Saint-Louis (ISL), acteur central dans le développement d’une solution européenne.
Ce TOR met en place les lignes directrices qui permettront de collaborer dans la recherche, le développement, les essais et l’évaluation de canons électromagnétiques en facilitant l’échange d’informations et l’organisation de réunions techniques au sein du quatuor formé par les ministères et l’ISL.
Complexe et encore au stade expérimental, le canon électromagnétique (EMRG) est depuis longtemps dans le viseur de plusieurs armées de par sa capacité à propulser un projectile à plus de 2000 m/s en sortie de bouche et jusqu’à 200 km, une vitesse et une portée bien supérieures à celles de l’artillerie conventionnelle. Des performances qui en font un candidat idéal pour l’appui-feu et la défense anti-aérienne de demain.
L’ISL a applaudi la signature d’un document qui permettra à tous les partenaires « d’atteindre une plus grande maturité » dans un segment maîtrisé par une poignée d’acteurs. Le ministère de la Défense japonais espère pour sa part mettre à profit ces lignes directrices pour oeuvrer « au déploiement rapide des canons électromagnétiques afin d’accélérer le renforcement des capacités de défense du Japon ».
Les liens entre l’ISL et le Japon ne datent pas d’hier. Mi-avril, une délégation de l’Agence japonaise d’acquisition, de technologie et de logistique (ATLA) s’était ainsi rendue en Alsace pour un focus sur l’EMRG. Une équipe de l’ISL s’était auparavant déplacée en territoire japonais pour y constater de visu l’expertise de l’ATLA. Pionnière en la matière, celle-ci révélait, en octobre dernier, avoir conduit avec succès un tir à parti d’un canon électromagnétique depuis le navire d’essai JS Asuka.
Ce rapprochement se matérialise sur fond de lancement d’une nouvelle phase de travaux européens sur le sujet. Financé par le FEDef et inscrit dans la foulée du succès de PILUM, le projet THEMA a été engagé le 1er décembre 2023 avec pour objectif d’accroître la maturité de trois briques critiques et de progresser vers la mise en oeuvre d’un démonstrateur à compter de 2028. Ses 18 acteurs européens emmenés par KNDS France bénéficient d’une enveloppe de près de 15 M€ du Fonds européen de la défense.
Crédits image : ATLA