Le standard 3 de l’hélicoptère d’attaque Tigre n’est plus, victime d’arbitrages défavorables et du désengagement de la partie allemande. Place à un Tigre porté au standard « 2+ », une opération heureusement toujours conduite en coopération avec l’Espagne.
L’abandon du standard 3 du Tigre est acté, moins d’un an après son lancement en réalisation avec l’Espagne, nous confirme-t-on de source militaire. Une demi-surprise au vu des signaux sortis dans la presse ou émis par voie ministérielle. Si le Tigre « continuera de voler jusqu’en 2040-2045 », rappelait mardi dernier le ministre des Armées Sébastien Lecornu, celui-ci a demandé aux armées « de regarder si ce qui est imaginé pour le standard correspond bien à ce qu’on veut ».
Si il ne remet pas en question le principe de la rénovation du parc, le ministre « réinterroge le modèle tel qu’il existe aujourd’hui ». Entre questions techniques et de soutenabilité économique, « j’ai donné mandat aux armées et à la DGA, en lien avec les industriels, de le mettre à jour, de le faire évoluer », ajoutait le ministre des Armées. La France avait déjà dû revoir ses ambitions à la baisse se limitant à la rénovation à mi-vie de 42 hélicoptères, l’avenir des 25 autres étant alors soumis à la rejointe éventuelle de l’Allemagne. Celle-ci étant définitivement hors-jeu, se reposera sans doute la question de la cible.
La copie doit encore être affermie, avalisée et officialisée, mais plusieurs renoncements font l’objet de discussions avancées. L’ALAT pourrait ainsi se retrouver privée de missiles MHT (ou Akeron LP) et Mistral 3. En lieu et place du MHT, la France devra se réorienter vers des solutions sur étagère telles que le Brimstone, également conçu par MBDA. La modernisation du canon de 30 mm, qui devait à l’issue augmenter son débattement, serait elle aussi abandonnée. Reste que les obsolescences de ses calculateurs actuels devront être traitées, et la modernisation est un moyen d’y parvenir.
Le scénario tel qu’envisagé actuellement conserverait le viseur de toit Strix NG (ou Euroflir 510), l’intégration dans la bulle SCORPION via SICS ALAT et CONTACT, la communication satellite et le receveur Galileo. La nouvelle avionique modulaire FlytX de Thales est préservée, mais son développement relève dorénavant du HIL Guépard. La question de la collaboration drone-hélicoptère demeure également d’actualité mais, outre la recherche de solutions techniques, demandera au préalable de définir une doctrine d’emploi.
Les quelques briques subsistantes viendront s’ajouter à celles promises par le standard 2 du Tigre, développé en parallèle à la bascule en cours vers la version HAD. À l’origine « très ambitieuse », cette évolution avait elle aussi été revue à la baisse pour des raisons de coûts. Ne restent in fine que six modules d’amélioration, dont les plus emblématiques sont l’intégration de la roquette guidée laser et du système d’information SITALAT.
La RGL conçue par Thales manque encore à l’appel mais ce retard n’empêche pas de progresser à partir du seul Tigre Std 2 livré, un prototype aujourd’hui dans les mains de la DGA. « Les prochains arrivent bientôt (…) Ils vont commencer à sortir de chez Airbus Helicopters », nous indique-t-on. Des livraisons qui viendront ajouter un surcroît de pression sur un calendrier d’évaluations déjà bien dense. La prochaine campagne de tirs est programmée pour ce mois-ci et s’étendra au nouvel obus explosif de 30 mm conçu pour compenser les effets négatifs d’un tir sur sol meuble et, peut-être, à la roquette anti-personnel.
Une bonne nouvelle malgré tout : cette révision des plans n’a pas entamé la motivation du partenaire espagnol. Celui-ci reste dans la course pour un futur standard 2+ qui devrait, à l’instar du désormais ex-Std 3, être intégré sur le site d’Albacete d’Airbus Helicopters.
Crédits image : 1er RHC