Le Tigre Mk3, prochaine évolution de l’hélicoptère de combat européen, est attendu à l’horizon 2027-2030 pour équiper l’aviation légère de l’armée de Terre française (ALAT) et l’Ejército de Tierra español. Au cours d’Eurosatory 2022, cette nouvelle mouture de l’EC665 Tigre dévoile ses nouveaux atouts dont le nouveau viseur de toit Euroflir 510, au coeur du nouveau système de combat.
Actuellement, l’hélicoptère de combat Tigre dispose de deux viseurs principaux, en fonction de la version. Les appareils allemands sont équipés d’un viseur de mât OSIRIS de Safran, situé au-dessus du rotor principal. Les appareils français, espagnols et australiens disposent quant à eux d’un viseur de toit gyrostabilisé STRIX, également conçu par Safran, intégré au-dessus du cockpit, et comprenant notamment un imageur thermique, une caméra TV et un désignateur laser. Depuis l’entrée en service de l’appareil, au milieu des années 2000, ces viseurs ont été progressivement améliorés afin de s’adapter aux évolutions technologiques en matière d’optronique et d’accompagner l’évolution du système d’arme de l’appareil.
Malgré ces améliorations progressive, les viseurs STRIX et OSIRIS n’ont pas évolués fondamentalement. Dès les premières études d’architecture du nouveau standard Mk3, il a été demandé à Safran de plancher sur une nouvelle solution beaucoup plus moderne, intégrant des senseurs plus nombreux et plus performants, dans une enveloppe plus légère. Même si, pour le moment, l’Allemagne n’a pas encore rejoint le programme Mk3, ce nouveau viseur doit pouvoir être placée aussi bien sur le toit de l’hélicoptère, en remplacement du STRIX, qu’au dessus du rotor, en remplacement de l’OSIRIS.
Un temps désigné STRIX-NG, ce nouveau viseur multifonctions a finalement pris la désignation Euroflir 510, afin de bien marquer son appartenance à la nouvelle famille de boules optroniques développées par Safran. De fait, l’Euroflir 510 se présente effectivement comme une variante agrandie de 50% de l’Euroflir 410, déjà sélectionné pour équiper les futurs H160M Guépard des forces françaises, entre autres, tout en restant plus léger et compact que l’Euroflir 610 destiné à équiper le futur drone MALE européen.
En matière de senseurs, l’Euroflir 510 reprend les grandes lignes de son « petit aîné » l’Euroflir 410, avec cependant des optiques plus grandes. En toute logique, ces dernières bénéficient donc d’une portée et d’une résolution améliorées par rapport à l’Euroflir 410, mais également par rapport au STRIX d’origine, la portée accrue des futurs missiles imposant une capacité de ciblage précise à une quinzaine de kilomètres de distance.
Sur le télescope multi-spectral de très longue focale, on retrouve ainsi un système d’identification jour (voie TV), un système d’identification en basse visibilité (NIR – proche infrarouge), une voie SWIR optimisée pour les environnements visuels dégradés (brouillards, fumées, etc.) et une voie thermique MWIR (identification jour/nuit). A cela s’ajoute sur l’Euroflir 510 une voie LWIR (infrarouge long) à champ large, conçue avant tout pour le pilotage et la navigation.
Au-dessus du télescope multi-spectral, un module abrite un télémètre laser, un pointeur laser ainsi qu’un illuminateur laser, qui agit comme une lampe torche pour éclairer une cible, dans des longueurs d’ondes compatibles avec les équipements d’identification nocturne de l’appareil. Trois autres surfaces vitrées, plus petites, abrites les autres senseurs du viseur. On retrouve notamment deux zooms continus en Full HD, l’un fonctionnant en voie jour (TV), et l’autre en voie thermique (MWIR), ainsi qu’un désignateur laser compatible avec l’ensemble des armements actuels (Hellfire) et futurs (AKERON-LP et roquettes à guidage laser) du Tigre. Enfin, l’Euroflir 510 intègre désormais un Laser Spot Tracker, capable de repérer et suivre plus facilement des désignations laser effectuées par d’autres vecteurs.
Comme pour l’ensemble de la gamme Euroflir, Safran intègre sur ce nouveau viseur une suite logicielle et algorithmique qui permet d’améliorer nativement la qualité de l’image, et qui réduit la charge cognitive de l’équipage. Les données des différents senseurs sont traitées de manière synthétique afin d’offrir une vue claire et précise de l’environnement, quelles que soient les conditions extérieures. Enfin, outre les senseurs optiques, l’Euroflir 510 embarque sa propre centrale de navigation inertielle. Le viseur possède ainsi sa propre référence inertielle, utilisée pour permettre un guidage plus précis des armements du Tigre.