Année après année, l’écosystème du projet de technologies de défense CENTURION s’agrandit. Deux nouvelles idées innovantes ont intégré l’an dernier ce programme d’équipement du combattant de demain confié à Thales et Safran. Et d’autres sont annoncées pour 2023.
Voici près de quatre ans que Safran, Thales, la Direction générale de l’armement, l’Agence de l’innovation de défense et les forces s’attachent à capter les innovations susceptibles de mieux protéger, mieux équiper et rendre plus mobile le combattant français à l’horizon 2030. Deux projets sont venus s’ajouter l’an dernier aux 21 notifiés depuis fin 2019 : MAMBA et DRUMY.
Le premier a pour objectif d’étudier, réaliser et évaluer une technologie d’affichage tête haute intégrée sur des lunettes de protection balistique. La réalité augmentée adaptée au fantassin, en quelque sorte, et sur base de micro-afficheurs couplés à la version débarquée du système d’information du combat SCORPION (SICS-D).
DRUMY, ensuite, consiste à développer et évaluer un nouveau concept d’interface homme-machine (IHM). Celui-ci permettra au combattant d’interagir avec l’ensemble de ses équipements à partir d’une télécommande unique.
Ces nouveaux venus intégrés, CENTURION implique désormais 27 PME, startups, laboratoires et autres acteurs de la filière française autour de neuf thématiques, des interfaces innovantes à l’énergie, le soutien et l’aide à la mobilité. Une nouvelle promotion de huit projets est en cours de préparation pour une notification attendue cette année, annonce la DGA.
Des 23 projets lancés à ce jour, « certains sont arrivés à leur terme en 2022 et ont donné satisfaction aux opérationnels », se félicite la DGA. Les discussions se poursuivent avec les armées, directions et services concernés en vue d’un potentiel passage à l’échelle. C’est le cas pour GMOS/TherMOS, initié en décembre 2020.
Conduit par l’entreprise bisontine SilMach et « parrainé » par Safran, GMOS/TherMOS consistait à développer et évaluer des capteurs passifs configurés pour relever les chocs mécaniques ou thermiques subis susceptibles de réduire l’efficacité d’une plaque balistique. Directement intégrés dans celle-ci, ces indicateurs à base de MEMS (microsystèmes électromécaniques) sont ainsi capables de détecter une fissuration de la céramique ou une exposition à des températures excessives synonyme de déformation de la face arrière.
Ces capteurs permettront de s’affranchir de moyens radiographiques plus lents et coûteux et, par là, de réduire l’empreinte logistique. « Des échanges sont en cours avec l’armée de Terre et le service du Commissariat des armées (SCA) pour permettre leur prise en compte dans les futures acquisitions de protections balistiques », signale la DGA.
Quant aux retours d’expérience de l’Ukraine, conflit qui démontre au quotidien l’importance de l’équipement individuel, ceux-ci n’ont à ce jour pas conduit à modifier les besoins opérationnels, le périmètre ou le calendrier de CENTURION. Et si les enseignements opérationnels le justifient, tant la méthode itérative adoptée que le dialogue étroit et constant entre utilisateurs et industriels faciliteront la réorientation « si besoin » des objectifs des nouveaux projets.
À venir : un dossier complet sur CENTURION dans le prochain numéro de Defense Expert