Loin des tractations politico-industrielles, le programme franco-allemand de système principal de combat terrestre (ou MGCS) continue d’avancer. Une étape vient encore d’être franchie, une de plus dans la route vers la contractualisation du prochain marché.
L’équipe binationale de MGCS a achevé fin janvier un important exercice de simulation, nous explique-t-on de source militaire. Conduit dans les murs du groupe Nexter, champion français du programme, ce travail visait à évaluer la charge cognitive qui pèsera sur les équipages à partir d’un concept multi-plateformes doté d’ « un certain niveau de robotisation ».
Cette phase menée sur plusieurs jours permettra de valider certaines architectures et certains concepts et de progresser sur différentes fonctionnalités intégrées sur différents porteurs. « La simulation aide à construire une matrice de décision pour essayer de retenir de moins en moins d’architectures et d’orienter nos industriels vers une architecture unique ».
Les données récoltées seront ensuite analysées, scénario par scénario. Des scénarios dont le contenu restera secret afin de « ne pas donner d’indications aux potentiels compétiteurs ». Repoussé d’un an, l’aboutissement de ces premiers travaux de définition d’architecture système (SADS 1) est désormais attendu pour ce printemps. Le prochain objectif sera de notifier la suite, SADS 2, sans creuser davantage le retard.
Le ministre des Armées Sébastien Lecornu et son homologue allemand, Boris Pistorius, ont réaffirmé, fin janvier à l’occasion des 60 ans du traité de l’Élysée, leur volonté « de poursuivre les projets du Next Generation Weapon System, avion de combat qui composera le Système de combat aérien du futur (Scaf), et du char du futur Main Ground Combat System (MGCS) ».
Qu’il s’agisse de SCAF ou de MGCS, « je pense que l’on a besoin de ces coopérations, y compris pour amoindrir la facture pour le contribuable français », complétait Sébastien Lecornu cette semaine en audition sénatoriale. Et entre les décalages et autres tensions en partenaires, « rien n’est grave dès lors que qu’on est capable de défendre nos intérêts et notre capacité à véritablement délivrer le programme d’armement dont nous avons besoin. (…) C’est encore plus vrai pour le MGCS que pour le SCAF puisque nous aurons besoin d’un char avant, calendairement, d’un avion du futur ».
« Sous l’impulsion des équipes étatiques françaises et allemandes, un dialogue constructif a pu être conduit en 2022. Si un accord complet n’a toujours pas été trouvé, les travaux se poursuivent afin d’aboutir à une coopération et une répartition des tâches équilibrées, tout en préservant les intérêts industriels et stratégiques de Nexter pour la France », complétait le ministère des Armées dans une réponse à une question parlementaire.
Si un blocage subsiste, il serait davantage à chercher du côté allemand. « Ce que veulent le chancelier et les ministres ne correspond pas toujours à ce que veulent les industriels. (…) Parfois les industriels ne sont franchement pas d’accord entre eux, ce qui est encore plus marqué que chez nous », déclarait à ce propos le ministre des Armées.