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Elynxo, l’ambition renouvelée d’un nouveau virtuose de l’optronique portable

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Nouveau nom, nouvelle identité visuelle, nouveau siège et des idées à revendre : Elynxo est en ordre de bataille pour affronter l’avenir. Ce fournisseur discret mais historique des armées françaises poursuit une transformation engagée en 2016 et matérialisée depuis peu par une entrée audacieuse dans le monde de l’optronique portable. 

Un nouveau siège

Exit les deux sites hérités de l’ère Scrome et du rachat de Fimalex, toutes les forces vives d’Elynxo sont depuis peu réunies sous un seul toit. Un bâtiment neuf, fonctionnel, tourné vers l’avenir et qui, surtout, répond à un impératif de cohérence. « Dans la mesure où nous poursuivons un projet industriel où les synergies entre activités sont centrales, le fait d’avoir deux sites pose une série de problèmes en matière de mutualisation des compétences transverses », explique le DG du groupe, Jean Soleille. 

Projet de fond, le déménagement souligne le changement d’échelle et le degré d’ambition. « Nous avons vu beaucoup plus grand d’un seul coup, ce qui était indispensable », relève Jean Soleille. Entre l’ancien et le nouveau, la surface totale aura plus que triplé pour atteindre 3700 m2. Soit, suffisamment de place pour héberger la cinquantaine de salariés et les machines outils neuves ou moins neuves. 

Ce nouveau vaisseau amiral, c’est le fruit d’un travail engagé dès 2020. La croissance est alors « assez soutenue, principalement chez Scrome » et il devenait nécessaire d’envisager la suite, dont l’arrêt des deux baux fin 2022. L’option d’un bâtiment neuf dans le parc d’activités de Courtaboeuf (Essonne) est finalement retenue, de même qu’un projet correspondant au besoin actuel tout en « voyant plus loin ». Un tiers de la surface est en effet indépendante et doit servir d’extension pour accueillir de la production, du stock, de l’ingénierie. « Nous sommes capables d’accueillir beaucoup d’autres activités en plus de la nôtre, par exemple de la logistique », indique Jean Soleille.

Si le foncier et le bâtiment ont été financés sur fonds propres, l’outil industriel aura bénéficié d’appuis en provenance du dispositif « Première usine » conduit par Bpi France dans le cadre de France Relance et d’un appel à projets lancé par la région Ile-de-France. 

Pour son patron, « l’objectif était alors de passer la période difficile de la crise sanitaire, notamment dans un domaine aéronautique envers lequel Fimalex se trouvait fortement dépendante. Cela nous a aidé à ne pas ralentir le rythme des investissements au coeur de notre stratégie, de façon à être en parfait état de marche dès la sortie de crise. L’histoire a prouvé que ce choix s’est avéré gagnant, car aura permis de franchir ce moment très difficile pour Fimalex ». 

À nouvelle installation, nouvelle salle blanche, outil indispensable pour progresser sur Virtuose et d’autres solutions de pointe, dont certaines embarquent à bord du Rafale
(Crédits image : Elynxo)
L’optronique portable, un pari réussi

Au carrefour de l’ingénierie, de l’optique et de la mécanique de précision, Elynxo s’est lancé dans l’optronique portable en misant sur le monoculaire multifonctions Virtuose, dévoilé l’an dernier durant le salon de défense parisien Eurosatory. Un pari en passe d’être gagné. « Nous avons de vraies demandes, de vraies opportunités notamment grâce à Virtuose, pour continuer notre diversification », annonce Jean Soleille.

Dans un marché dominé par quelques mastodontes, Elynxo a fait le choix d’une approche audacieuse : ne pas viser l’ultra haut de gamme mais une clientèle aux exigences moindres – et au budget plus ramassé. Un rapport coûts-performances raisonnable qui a de quoi attirer l’attention d’autres secteurs comme la sécurité et l’industrie et permettre d’approcher ce grand public déjà conquis par les produits autrefois labellisés Scrome.

En France, Virtuose est l’objet d’une prospection tous azimuts, une phase au temps long mais pour lesquelles « les perspectives sont très engageantes et non pas seulement pour le secteur de la défense ». La démarche d’expansion se poursuit quelques milliers de kilomètres plus à l’est, où Elynxo vient d’établir deux partenariats commerciaux. Avec le singapourien Heimdall Defence, d’un côté, pour couvrir le marché sud-est asiatique. Au Japon, de l’autre, au travers d’un rapprochement avec la société Front-Line Equipment scellé lors du dernier salon Milipol. 

Il s’agissait également de se démarquer des grands industriels d’un secteur hautement concurrentiel. « Notre taille fait notre force, de la même manière que leur taille fait leur force pour des systèmes beaucoup plus importants », estime Jean Soleille. En découlent la réactivité propre aux petites structures et des coûts de structures bien maîtrisés. « Nous sommes meilleurs dans ce créneau parce que nos compétences et notre structure font que nous sommes plus compétitifs », complète-t-il.

À petite taille, « petits » produits. Ce qui ne les empêche pas d’être complexes à concevoir et à intégrer, donc « demande autant de compétences qu’au sein des grands groupes ». Pour rester en pointe dans ce créneau à haute valeur ajoutée, notamment face aux BITD étrangères, la part d’investissement en R&D reste « nécessaire et importante », de 12 à 15% selon les années. Entre la R&D et l’outil industriel, « notre politique consiste à réinvestir 100% des gains dans le présent et le futur de l’entreprise ».

Virtuose illustre par ailleurs la démarche de sanctuarisation des approvisionnements entreprise par la PME. « Nous nous entourons de partenaires et de fournisseurs relativement proches, y compris pour les éléments les plus pointus comme les capteurs infrarouges et les micro-écrans, pour lesquels nous passons exclusivement par des sociétés françaises, parmi les meilleurs au monde dans ces domaines. Nous avons déjà de très bons résultats ». Virtuose, par exemple, est produite à plus de 85% en France. Un défi quotidien qui va de pair avec une augmentation progressive de l’intégration en interne.

Aujourd’hui, Elynxo poursuit l’effort engagé avec des évolutions fonctionnelles sur les produits existants. « Il y aussi une grande part de bon sens dans nos innovations, autrement dit dans l’ergonomie, la compacité et la consommation énergétique des produits », ajoute notre interlocuteur. Autant d’avancées qui peuvent paraître évidentes mais relèvent d’un effort particulier pour la PME, « parce que nous sommes vraiment convaincus qu’une grande partie de l’innovation consiste à réaliser des évolutions parfois simples mais très différenciantes pour l’utilisateur ».

De la France au Japon, de la défense au grand public, aucune piste n’est écartée pour Virtuose
(Crédits image : Elynxo)
Branché sur 2024

Pour beaucoup d’acteurs de second rang comme Elynxo, la notion d’économie de guerre est encore une réalité lointaine. Le ruissellement promis se fait attendre, sans pouvoir en déterminer la cause entre l’absence de décision et la temporalité. « Je crois que c’est un peu les deux en réalité », estime Jean Soleille. Si ses équipes font tout pour accélérer, raccourcir les cycles industriels ne se fera pas en un claquement de doigt et dépend aussi de facteurs extérieurs. 

L’effort d’accélération s’accompagne en effet d’une tension de fond dans les approvisionnements. « Il y a un certain nombre de sujets sur lesquels les approvisionnements sont de plus en plus difficiles, en optique particulièrement. Ces fournitures sont complexes et les délais de plus en plus longs. Et cela pour des raisons politiques, notamment pour ce qui touche l’infrarouge. Des restrictions dramatiques apparaissent depuis quelques mois et qui participent à rallonger les cycles. Pour le germanium par exemple, nous sommes passés de six semaines à six mois parce que la Chine l’a décidé ». Et le problème s’étend à tout le secteur de l’optronique.

À ce titre, le plan de réindustrialisation lancé par la France se révèle être une excellente nouvelle. « Cela prend du temps mais prouve que l’État est tout à fait conscient du fait qu’il faille soutenir son industrie et développer au maximum les points clés qui font à la fois la souveraineté de la France et garantissent la pérennité de la filière », note le chef d’entreprise. 

Malgré un carnet de commandes « très rempli », l’année 2023 restera « une année un peu entre deux en raison du déménagement, source d’augmentation ponctuelle des charges ». Dans la défense, et c’est le cas pour bon nombre des PME du segment, « les cycles sont extrêmement longs parce que nous sommes très souvent en deuxième ou en troisième rang derrière les grands industriels de la défense, des industriels dont les ventes ont été à l’arrêt en 2020 et 2021 ».

À l’heure où nous échangeons avec son DG, Elynxo est « déjà largement branché sur l’an prochain ». Le creux de la vague sanitaire est désormais derrière et s’il faudra attendre pour que l’inflexion budgétaire constatée un peu partout génère des effets visibles dans les prises de commandes, les feux sont globalement au vert. « Je pense que cela viendra dans les prochains mois, les prochaines années. Ce décalage par rapport aux événements n’a en tout cas rien d’anormal (…) Les perspectives pour 2024 et les années suivantes sont déjà très bonnes », conclut Jean Soleille.

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