Première apparition en terre étrangère pour l’Enhanced Main Battle Tank (EMBT) du groupe franco-allemand KNDS, un démonstrateur de char de 4ème génération dont le développement se poursuit et s’assortit d’un jalon majeur pour 2025.
Derrière la plateforme expérimentale, l’EMBT était aussi pressenti dès l’origine comme une réponse aux armées soucieuses de moderniser ou renforcer leur flotte de chars à moyen terme. Une volonté matérialisée pour la première fois il y a quelques semaines lors du salon de défense égyptien EDEX, rendez-vous retenu par le N de KNDS pour promouvoir l’EMBT auprès des brigades blindées égyptiennes.
Le choix de l’Égypte n’avait rien sans doute rien d’anodin. Ce pays reste en effet l’un des débouchés majeurs de la filière de défense française, au deuxième rang après les Émirats arabes unis en termes de prises de commandes sur la dernière décennie.
Avec quelques milliers de chars en service, l’armée égyptienne est également l’une des grandes forces blindées de la région. Et donc un prospect majeur car son parc repose sur des flottes plutôt vieillissantes, certaines datant de l’ère soviétique, et dont le renouvellement éventuel représente un enjeu de taille.
L’industrie de défense locale produit depuis trois décennies des M1A1 d’origine américaine dans la banlieue du Caire. Autant de compétences rares susceptibles de servir de base de réflexion pour un partenariat industriel de long terme susceptible d’aplanir certaines obstacles en matière d’exportabilité.
Si occasion il y a, il faudra probablement convaincre face, entre autres, aux Américains et à des Sud-Coréens déjà implantés grâce au canon automoteur K9 Thunder et dont le char K2 Black Panther a quelque peu refroidi la piste polonaise, l’un des prospects présumés pour l’EMBT. Sa présence à EDEX démontre que d’autres voies sont possibles, l’Égypte n’étant par ailleurs pas la seule opportunité à saisir dans un coin du globe majoritairement hermétique au Leopard.
S’il reste un démonstrateur technologique, l’EMBT est bien un programme « vivant ». Plusieurs de ses briques montent en maturité, dont celles relevant de l’armement. C’est le cas du tourelleau téléopéré ARX 30, solution d’autoprotection tant face aux cibles terrestres qu’aériennes dont le prototype de qualification a réalisé ses premiers tirs.
Financé sur fonds propres, l’EMBT n’est par ailleurs pas exclusif du canon de 120 mm du Leclerc et est conçu pour servir de plateforme d’intégration pour d’autres calibres. Dont le 140 mm du système ASCALON (Autoloaded and SCALable Outperforming guN) dévoilé en 2021 et constitué d’un canon, d’un chargeur automatique et d’une gamme de munitions télescopées de nouvelle génération.
Les feuilles de route du char et du système d’arme devraient s’entrecroiser en 2025, date à laquelle une démonstration d’intégration aboutirait sur un « EMBT 140 » capable de tirer en mouvement. Un document publié au début de l’automne brosse à grands traits les prochains jalons fixés.
KNDS réceptionnait cette année un châssis de Leopard 2, base sur laquelle seront intégrés l’ASCALON, une tourelle téléopérée et une nouvelle carapace. L’intégration de la tourelle sur le châssis, assortie d’essais, devrait intervenir l’an prochain. Elle sera un prélude aux campagnes programmées pour 2025 autour de tirs non habités, puis habités et, enfin, à partir d’un char en mouvement.
Hasard ou non du calendrier, cet aboutissement coïncide avec une prise de pouls dans les rangs parlementaires français significative pour la poursuite du programme de char franco-allemand « Main Ground Combat System » (MGCS). De quoi donner un nouveau relief à un sujet qui a jusqu’à présent trouvé un écho limité auprès d’un client national qui, tout en confirmant par la voie ministérielle l’importance d’en étudier l’intérêt, privilégie logiquement le MGCS ? Réponse dans deux ans.
Crédits image : KNDS