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ASCALON, du concept aux champs de tirs portugais

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Exit le concept et les visuels 3D, le système d’arme de 140 mm ASCALON de Nexter est désormais régulièrement mis à l’épreuve sur les champs de tir. Un peu plus d’un an après sa présentation, cette solution innovante est plus que jamais en lice pour le programme franco-allemand de char du futur Main Ground Combat System (MGCS). 

Augmenter la puissance…

« ASCALON*, c’est l’acronyme pour le produit qui pourrait être le système arme-munitions le futur char de combat franco-allemand MGCS », rappelait le responsable du programme, Dominique Bouchaud, lors d’une présentation de la division munitionnaire de Nexter, Nexter Arrowtech. En face, le canon de 130 mm L51 de Rheinmetall, dévoilé en 2016 et seul concurrent déclaré pour ce volet de MGCS.

Pour convaincre, Nexter a fait « le pari de repartir des travaux qui ont été menés il y a une vingtaine d’années dans le cadre du programme de coopération international FTMA [Future Tank Main Armament] ». « L’idée d’ASCALON, c’est de maximiser l’énergie qui va être délivrée à la bouche du canon », complète l’industriel, qui vise dès à présent des énergies nettement supérieures tout en conservant un véritable potentiel d’évolution.

Pour y parvenir, Nexter a choisi d’augmenter sensiblement le volume de la chambre pour conserver un niveau de pression modéré, quand Rheinmetall a misé sur l’augmentation de la pression en limitant le volume de son canon à 15 litres. Résultat: un volume multiplié par deux par rapport à celui du Leclerc pour un pic de pression inférieur, mais une puissance démultipliée à la bouche. Celle d’une munition flèche de 140 mm sera de 17 à 20 Mj, contre une dizaine de Mj pour les systèmes actuels. De quoi affronter les meilleurs chars en service ou en développement au-delà de 2 km en tir direct. Plus loin, la précision de la flèche chute et le tankiste entre dans le domaine préférentiel des munitions NLOS ou des missiles antichars.

…sans contraindre l’intégration

Longtemps, la masse et la longueur d’ASCALON ont été pointés du doigt par les compétiteurs. Désormais, « l’intégration n’est pas plus complexe que pour celle d’une arme de 130 mm ». ASCALON mesure au total 7,3 m. Soit, à peine 40 cm de plus que le canon de 120 mm du Leclerc et environ 10 cm de plus que le canon de Rheinmetall. Le tout pour une masse d’environ 3 tonnes similaire à celle du concurrent allemand, la puissance en plus.  

Nexter y ajoute un design de frein de bouche innovant qui autorise l’emploi en coordination étroite avec le fantassin débarqué. ASCALON profitera également d’un nouveau système d’allumage, pour l’instant façonné au travers d’essais en simulateurs « qui démontrent que l’on maitrise l’absence de pression sur les cartouches ». L’équipe mixte Nexter Systems/Nexter Arrowtech a par ailleurs travaillé sur la gestion des efforts de recul au niveau de la tourelle, afin de rester compatible d’une intégration non seulement sur MGCS mais aussi en vue d’une éventuelle évolution des parcs de chars en service. Le cadre est en place, mais Nexter conserve suffisamment de marge d’évolution pour accompagner l’arme durant ses 40, voire 50 années de service.

Deux munitions semi-télescopées de 140 mm ont déjà été dévoilées. L’une, une munition flèche, présente une filiation directe avec les travaux menés pour la nouvelle munition de 120 mm SHARD, elle-même évolution de la munition F1B en usage dans la cavalerie française. L’autre, une munition « non line of sight » (NLOS) entend anticiper une demande franco-allemande pour une augmentation considérable de la portée. Ici aussi, l’effort porte sur la compacité, avec une munition flèche limitée à 1,3 m pour une trentaine de kg. Qu’importe la solution retenue, la « prise de poids » des munitions envisagées pour MGCS écartera toute possibilité de chargement manuel. 

Une version hybride d’ASCALON emportant encore quelques briques de FTMA présentée à Eurosatory 2022

Objectif MGCS

ASCALON est parvenu au niveau de maturité technologique TRL 4, autrement dit « nous pouvons lancer un projectile ». L’une des campagnes de tirs s’est achevée fin mai sur le polygone de tirs d’Alcochete, au Portugal. « On a tiré l’année dernière, on va encore tirer en 2022 en fin d’année », explique le groupe français. D’autres expérimentations vont se poursuivre en parallèle. L’Enhanced Main Battle Tank (EMBT) présenté à Eurosatory pourrait ainsi servir de plateforme d’essai pour évaluer les capacités d’intégration du système.

« Nous allons avoir une multiplicité de campagnes de tirs jusqu’à fin 2025, date à laquelle nous ferons une démonstration plus ambitieuse », annonce Nexter. ASCALON aura alors tiré plusieurs centaine d’obus et atteint une maturité technologique de niveau TRL 6, de quoi franchir le premier niveau de performances de MGCS, estimé à 3 km. Nexter disposera alors de nombreuses « évidences » en terme de maturité, et d’argument supplémentaires pour faire monter sa solution à bord du char franco-allemand. 

La question de l’armement principal reste ouverte et l’absence de consensus entre industriels aura contribué à décaler le calendrier initial. « Les discussions se poursuivent avec l’Allemagne concernant l’organisation industrielle des développements technologiques que nous voulons lancer, en particulier sur le partage des responsabilités du canon et des munitions entre Nexter et Rheinmetall », indiquait début mai le délégué général pour l’armement (DGA) Joël Barre au cours d’une audition sénatoriale. 

La fin de la phase 1 d’étude de définition d’architecture système (SADS 1) a donc été repoussée d’avril 2022 à avril 2023. D’après le ministère de la Défense allemand, « il s’agit ici de vérifier les résultats de la première partie de l’étude à l’aide de simulations ». SADS 2 devrait permettre de mener une démarche holistique afin de déterminer le meilleur candidat. Voire, pourquoi pas, d’aboutir une combinaison des deux solutions.

*Autoloaded and SCALable Outperforming guN

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