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Des CAESAR tchèques à l’heure

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Après près d’un demi-siècle de service dans l’armée tchèque, le canon automoteur DANA passera le témoin au CAESAR 8×8 de KNDS France en avril 2026. Une modernisation dans laquelle le client tchèque a choisi d’intégrer les retours d’expérience du conflit russo-ukrainien. 

Moins de 12 moins séparent l’armée tchèque de l’arrivée de ses premiers CAESAR de série. Une autre phase va donc démarrer KNDS France et ses partenaires locaux, chargés de livrer d’ici fin 2027 les 62 exemplaires commandés en deux tranches, 10 pièces étant venues s’ajouter fin 2022 aux 52 acquises un an plus tôt. Deux d’entre elles font actuellement l’objet d’une série d’essais de contrôle en territoire français. Mobilité, transportabilité, protection balistique, communications, camouflage, rayonnement électromagnétique, capacités du système d’arme, etc. : tout est passé au crible sur ce qui reste une version prototypique, détaille le commandant de l’artillerie tchèque, le colonel-général Marcel Křenek.

Des tests opérationnels suivront, cette fois en République tchèque. Trois équipes de pièce et des maintenanciers ont déjà été formés en France dans ce but, annonce l’officier tchèque. Point d’orgue du processus, une campagne de tirs permettra de vérifier les capacités du système sur toute la gamme de munitions disponibles, de l’obus hautement explosif à l’obus fumigène et de l’obus éclairant à la munition antichar. Car, oui, l’armée tchèque projette de tester l’obus BONUS co-conçu par KNDS France et Bofors. Hormis ces essais standards, les artilleurs s’approprieront une nouvelle capacité, à savoir une tactique dite « Multiple Round Simultaneous Impact » (MRSI) consistant à tirer plusieurs obus d’affilée selon différentes trajectoires afin que tous frappent simultanément la cible désignée. 

« Pour l’armée tchèque, il est crucial de respecter la date limite d’avril pour les premières livraisons en série, date à laquelle toutes les exigences contractuelles doivent être remplies », indiquait le ministère de la Défense tchèque. Un impératif dicté par l’âge du parc de DANA et renforcé les RETEX en provenance de forces ukrainiennes qui le Danemark a cédé ses 19 CAESAR 8×8 en 2023. 

« Nous voyons ce qui se passe en Ukraine, les problèmes auxquels l’artillerie est confrontée et combien il est difficile et coûteux de corriger les défaillances opérationnelles. Nous essayons d’avoir une longueur d’avance, de ne rien négliger et de penser aux moindres détails », soulignait le colonel-général Křenek. Si la discrétion reste de mise quant aux évolutions demandées, il est question de renforcer certaines pièces, de muscler les capacités de communication et d’accélérer certains processus lors de la phase de tir. 

« L’Ukraine est pour nous un laboratoire unique, jamais vu auparavant. Nous construisons des équipements pour les quatre prochaines décennies. Nous voulons que le système soit durable et fonctionnel le plus longtemps possible. Si nous ne mettions pas à profit l’expérience des artilleurs ukrainiens et ne l’appliquions pas à de nouveaux équipements, nous dépenserions 10,3 Md Kč [411 M€] inutilement », poursuivait colonel-général Křenek.

Le commandant de l’artillerie tchèque en est conscient, toute modification apportée en cours de route peut se solder par un décalage dans les livraisons. « Il s’agit d’une question d’accord entre les deux parties, et nous sommes parvenus à un accord », expliquait-il avant de préciser que « les échéances prévues dans le calendrier du projet sont modifiées précisément afin que tout ce dont nous avons besoin en tant qu’utilisateurs puisse être intégré au CAESAR – notamment grâce aux retours des artilleurs ukrainiens – et que les points actuellement non satisfaisants puissent être corrigés ».

Si les canons sont annoncés à l’heure, le volet munitionnaire a subi quelques remous. Quelque 60 000 obus de 155 mm et 300 000 charges propulsives avaient été commandés fin 2022 auprès de STV Group. La concrétisation de cet accord-cadre de plus de 400 M€ a pris du retard. En cause, des obus qui, fin 2024, n’avait pas encore été certifiées en raison d’une commande de composants passée tardivement auprès du sous-traitant ZVS. En résulte une bisbille entre STV et CSG, le groupe tchèque auquel appartient ZVS. « Si le délai n’est pas respecté, nous devrons appliquer des sanctions », déclarait début 2025 une ministre de la Défense tchèque, Jana Černochová, désireuse de ne pas jouer les arbitres. 

Crédits image : ministère de la Défense tchèque

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