AVATAR, une expérimentation pour progresser sur les drones armés

Crédits : DGA TT

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Non, Avatar n’est pas qu’une franchise cinématographique à succès. C’est aussi une expérimentation sur les drone armés conduite par le Battle Lab Terre, et en coopération avec DGA Techniques terrestres, afin d’alimenter les réflexions sur la robotique de demain. 

Drone et fusil d’assaut

« Nous savons que certains systèmes de ce genre sont utilisés, mais ce sont surtout des bricolages de garage », nous explique Aymeric, architecte armes et munitions d’infanterie et coordinateur technique du segment drones armés au sein de DGA TT. Quelques entreprises étrangères s’y sont essayées aussi. Les armées françaises, elles, partent de zéro. « Aujourd’hui, la doctrine est assez floue. Nous n’avons pas de systèmes en service, nous ne savons pas quelles sont les performances accessibles à ce type de système », ajoute-t-il.

Alors, pour progresser, le Battle Lab Terre s’est rapproché du département robotique et mini-drones de DGA TT et de l’Agence de l’innovation de défense pour lancer le projet « Action par Vecteur Aérien de Tir d’Armement Robotisé » (AVATAR). Derrière cet acronyme, une expérimentation « 100% maison » qui « apportera des réponses » à l’ensemble des acteurs. 

Entamés en juin 2021, les travaux ont débouché sur un premier démonstrateur, fruit de l’assemblage d’un drone commercial et d’un armement connus et qualifiés. Le besoin étant pressant, il fallait « être réactif donc nous avons tout fait en interne ». Pour l’armement, DGA TT est parti d’un fusil d’assaut HK 416 FC modifié, modèle court du nouveau fusil d’assaut des armées françaises. Le système emporte plusieurs capteurs ainsi que deux liaisons séparées, l’une pour le pilotage et l’autre, chiffrée, pour le déclenchement du tir. Soit un niveau de sécurité suffisant pour envisager des tirs à partir de munitions réelles « d’ici à la fin de l’année »,. 

Les premiers résultats obtenus à partir de simunitions et de balles à blanc démontrent que les vrais facteurs limitants résident dans la stabilité du drone et dans les moyens de visée. « Entre la stabilité de la plateforme et le champ de vision, cela permettrait d’envisager des tirs discriminés jusqu’à une distance de 100-150 mètres », pointe DGA TT. Plusieurs idées émergent déjà, comme la possibilité de créer des manoeuvres de diversion en envoyant le drone générer du bruit et de la fumée sur des angles où l’adversaire ne s’attend pas à être attaqué.

Avec ses capteurs embarqués et son tir laser, AVATAR est conçu comme un vrai simulateur de tir de combat

Spécifier, expérimenter, entraîner

DGA TT insiste, « l’objectif n’est absolument pas de livrer un système opérationnel, mais bien un démonstrateur qui nous permettra de mieux comprendre les capacités d’un tel système ». In fine, l’opération s’avérera bénéfique pour tous. Côté DGA TT, AVATAR aura participé à défricher le terrains normatif, réglementaires et de spécification d’un matériel. Monter un armement sur un drone est une manipulation inédite en France et « il a donc fallu vérifier auprès de nos autorités de tutelle ce qui est permis et ne l’est pas ». L’expérience acquise contribue également à construire les futurs modes opératoires des essais portant sur des systèmes de drones armés.

Côté armée de Terre, AVATAR appuiera les travaux technico-opérationnels qui serviront à mieux comprendre les avantages et inconvénients tactiques de tels systèmes. Désormais « en phase de finition », le démonstrateur sera livré au Battle Lab Terre d’ici décembre prochain. Il sera ensuite confié à la section Vulcain, unité expérimentale précurseure sur la question robotique. Ses militaires déploieront AVATAR lors de mises en situation aux CENTAC et CENZUB. Grâce à ses capteurs et à son tir laser, AVATAR deviendrait alors un joueur parmi d’autres, participant lui aussi à la manoeuvre en tant qu’ami ou ennemi et entraînant les combattants à « lever le nez ». 

Comme au cinéma, l’AVATAR français pourrait avoir une suite, toujours à l’initiative du Battle Lab Terre et avec l’aide de l’AID. Le sujet est naissant et la plateforme, malgré un emport limité, peut encore évoluer. Après le tir cinétique, le largage de munitions, par exemple, est un scénario envisagé pour la suite.