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Un observatoire pour préparer la présidence européenne de la France

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La France prendra dans moins d’un an la présidence du Conseil de l’Union européenne, siège qu’elle n’avait plus occupé depuis 2008. Depuis lors, le contexte sécuritaire a radicalement changé alors, pour affiner sa compréhension des « visions nationales » et soutenir sa future posture, le ministère des Armées va dès lors consacrer l’un de ses observatoires à l’analyse des intérêts stratégiques européens. Les premières conclusions sont attendues pour la prise de présidence française.

Identifier les intérêts partagés

Renforcement de la compétition Chine-USA, affermissement de la puissance russe, militarisation de l’espace méditerranéen, risques migratoires, etc. : nombreuses sont les menaces que l’Europe devra continuer d’affronter durant la décennie en cours. Une Europe dont les fragilités nationales et en matière d’autonomie stratégique se seront encore manifestées à l’occasion de la crise sanitaire, notamment par un réflexe de repli et par l’absence de politique de résilience coordonnée.

« À moins d’un sursaut collectif de ses États membres, l’UE pourrait constituer la variable d’ajustement stratégique des tectoniques de puissances étatiques en cours. L’Europe est ainsi menacée de déclassement par la montée en gamme générale et rapide des grands compétiteurs et des puissances régionales opportunistes », estime le ministère des Armées.

Cet observatoire, le ministère des Armées y songe depuis plus d’un an. En février 2020, il a effet été décidé de compléter les travaux du groupe d’anticipation stratégique du chef d’État-Major des Armées (CEMA) avec une étude qui aura pour objet « la définition des intérêts partagés entre Européens afin de mieux appréhender les différentes grilles de lecture stratégique en Europe ».

Derrière les menaces, ce sont avant tout les intérêts stratégiques communs que cet observatoire cherchera à identifier et à analyser avec un horizon temporel fixé à 2030 et dans un périmètre géographique incluant le Royaume-Uni et la Norvège.

Les conclusions de cette étude, dont les premières sont attendues pour la prise de présidence française en janvier 2022, devront permettre à la France d’avancer sur « le dénominateur commun des intérêts partagés » et le développement « d’instruments de puissance de partenariats et de points d’influence » pour in fine poser les fondements partagés de la notion de « souveraineté européenne ».

Les intérêts stratégiques sont-ils définis de la même manière entre pays européens ? Quels pays lient ou ne lient pas intérêts nationaux et européens ? Deux questions potentiellement soulevées par cet observatoire (Crédits : Parlement européen)

Une présidence pour se donner « une nouvelle ambition »

Pour la ministre des Armées, la principale priorité de ces six mois passés à la tête de l’Europe sera de « faire franchir à l’Europe de la défense une nouvelle étape. Tout en valorisant l’acquis de la période précédente, nous nous donnerons une nouvelle ambition », annonçait-elle en janvier aux députés de la Commission de la défense nationale et des forces armées.  

Le mandat français interviendra à un moment charnière, peu de temps après que de nouveaux dispositifs aient été mis sur les rails. Ce sont notamment la facilité européenne pour la paix (FEP), avalisée en décembre dernier par le Conseil après deux années de discussions, et le Fonds européen de la défense (FEDef).

La FEP, nouvel outil au service de la politique d’assistance militaire de l’UE, sera dotée de 5 Md€ entre 2021 et 2027. Le FEDef hérite de 8 Md€ sur la même période pour alimenter des projets de R&D dans le domaine de la défense.

Il s’agira également de progresser dans la montée en puissance d’autres dispositifs, dont l’Initiative européenne d’intervention, lancée en juin 2018 et d’en acter d’autres, comme la boussole stratégique. Une première ébauche de celle-ci devrait être présentée au Conseil européen en novembre 2021 en vue d’une adoption au cours du premier semestre 2022, donc sous la présidence française.

Cette boussole stratégique, la ministre des Armées l’avait alors décrite comme « une analyse des menaces et des vulnérabilités de l’Union européenne, que nous menons pour que l’Union européenne soit capable d’agir, à l’horizon 2030, dans quatre domaines clé : la gestion de crise ; la résilience ; le capacitaire et les partenariats ».  

La tâche ne sera pas si aisée, l’idée de structure stratégique commune étant contestée par certains pays de l’Europe de l’Est, qui lui préfèrent la notion de structure européenne de sécurité et de défense.

« Il est très important d’aboutir dans le cadre de la présidence française », soulignait Florence Parly, selon qui cet outil « permettra de nourrir une ambition renouvelée pour l’Europe de la défense ». 

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