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Transport stratégique : une nouvelle étude prospective en attendant 2030-2040

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Régulièrement pointées par les parlementaires, les lacunes françaises en matière de transport stratégique feront l’objet d’une nouvelle étude lancée par le ministère des Armées. Son objectif : recenser les alternatives à l’externalisation privilégiée jusqu’à maintenant et en vérifier l’adéquation avec des scénarios militaires crédibles.

Des alternatives à horizon 2030-2040

« Les opérations récentes et le contexte sécuritaire actuel ont confirmé le besoin impérieux pour les Armées de capacités de transport stratégique », souligne le ministère des Armées, qui reconnaît « la faiblesse des capacités patrimoniales dans ce domaine ». De fait, la montée en puissance de l’A400M et de l’A330 MRTT Phénix « ne saurait combler totalement cette fragilité », tout particulièrement en matière de transport hors gabarit.

Faute de mieux, la France continue d’externaliser « une partie conséquente de ses acheminements », un choix synonyme d’ « abandon de souveraineté ». Elle dépend depuis longtemps des avions An-124 du contrat SALIS de l’OTAN, dispositif qui s’est à nouveau montré déterminant ces dernières semaines pour accélérer la projection de véhicules de l’armée de Terre en Roumanie dans le cadre de la mission Aigle. Et qui pourrait à nouveau s’avérer incontournable pour la réarticulation de l’opération Barkhane.

Le ministère des Armées cherche maintenant des solutions alternatives. Avec cette étude, les militaires cherchent à dresser l’état de l’art sur les projets existants et à « identifier quelles solutions auraient leur place dans le cadre des acheminements stratégiques des Armées et de vérifier leur adéquation avec des scénarios militaires crédibles à l’horizon 2030-2040 ». Les résultats viendront alimenter les réflexions du bureau développement capacitaire/projection-mobilité-soutien de l’État-major de l’armée de l’air et de l’espace (EMAAE).

L’un des avions cargo An-124 mobilisés pour projeter les véhicules de l’armée de Terre en Roumanie dans le cadre de la mission Aigle (Crédit : EMA)

Un embryon de solution européenne en 2026 ?

Le ministère des Armées évoque plusieurs pistes potentielles. L’aviation civile, par exemple, poursuit des recherches dans les segments des avions supersoniques et suborbitaux et des dirigeables de nouvelle génération. Plusieurs technologies qui pourraient « marquer un tournant dans le domaine du transport aérien ». La Russie, ensuite, a lancé un programme d’avion de transport militaire lourd supersonique, rappelle le ministère.

La France n’est par ailleurs pas un cas isolé en Europe. Aucune armée européenne ne dispose d’une telle capacité en propre, en raison également de coûts d’acquisition, d’exploitation et de soutien élevés. D’autres dépendent donc des programmes SALIS et SAC de l’OTAN pour leurs opérations.

Une situation à laquelle le Conseil de l’Europe tente de remédier en lançant le projet « Strategic Air Transport for Outsized Cargo », l’un des 14 nouveaux projets adoptés en novembre dernier dans le cadre de la Coopération structurée permanente. La France y participe, de même que l’Allemagne – aux manettes -, la République tchèque, les Pays-Bas et la Slovénie.

SATOC pourrait aboutir en 2026 à une convergence des besoins des cinq participants. D’ici là, il restera encore à convaincre les industriels de dégager des fonds pour soutenir les actions de R&D. Pas si simple quand l’on pense que le principal avionneur européen, Airbus, semble déjà renâcler à s’engager financièrement sur un nouvel avion de transport tactique a priori moins onéreux.

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