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Snibot, le robot de SD4E : objectif « hyper-précision »

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Le modèle de guerre « stand-off » (menées sans contact direct avec l’ennemi) ou avec proxy – c’est-à-dire des intermédiaires – est dépassé parce que les dégâts humains et matériels qu’il entraîne souvent sont jugés inadmissibles : quand on voit les images des destructions cataclysmiques occasionnées aux villes irakiennes et syriennes (ce ne sont que les exemples les plus médiatisés), on se demande légitimement quel est l’intérêt fondamental – autre que géopolitique et/ou de fierté personnelle – d’avoir (re)conquis d’immenses champs de ruines où déambulent des populations ayant tout perdu. Pour éviter de telles destructions, il faut accepter le retour à la guerre de contact, notamment – surtout – en milieu urbain.
 

Le Snibot de SD4E, démonstrateur du robot représentatif de l'ère de l'hyper-précision (Photo: FOB)

Le Snibot de SD4E, démonstrateur du robot représentatif de l’ère de l’hyper-précision (Photo: FOB)


 
Problème : dans le combat urbain, les militaires sont toujours dépassés numériquement par la population civile au sein de laquelle se dissimulent très fréquemment des combattants en civil. Les militaires ont donc besoin d’être secondés par des robots qui vont les soulager d’une série de tâches dévoreuses d’énergie et de temps. On songe bien sûr d’abord à la logistique et au renseignement. A quoi on peut ajouter le tir mais sur ce point, il est indispensable de développer une nouvelle génération de robots dont les aptitudes dépassent ce qui existe actuellement. Il s’agit de réaliser des engins qui garantissent à 100% la réussite de tirs isolés ou simultanés jusqu’à 200 mètres, avec une précision telle qu’elle permette de programmer le ou les robots pour que le ou les projectiles tirés atteignent un bras ou une jambe afin d’immobiliser la ou les cibles sans les tuer. Le général c.r. Michel Yakovleff, responsable de développement export chez SD4E, invoque l’intérêt qu’il y aurait à réussir à empêcher des terroristes de se faire exploser en les blessant : correctement soignés, intelligemment « travaillés », certains « kamikazes » changeraient probablement d’attitude et livreraient des informations très précieuses permettant de remonter la filière de leur organisation. Un délice pour les hommes du renseignement !
 
Autre application prévue pour des robots hyper-précis : la défense de sites sensibles tels des centrales nucléaires. L’impérieuse nécessité d’atteindre très précisément des intrus évoluant dans un périmètre prédéfini n’échappe à personne. En temps de paix, il s’agit prioritairement de pouvoir blesser plutôt que tuer un ou plusieurs individus qui se seraient introduits dans l’un des bâtiments les plus sensibles d’un complexe où leur présence les définit comme malveillants, au cas où une arrestation judiciaire classique serait impossible. Et précisément dans cette hypothèse où un robot est appelé à intervenir, il y aura toujours un contrôle humain par un représentant des forces de l’ordre titulaire du pouvoir judiciaire et toute la procédure légale sera respectée, avec pour avantage que l’intervention du ou des robots sera enregistrée, permettant de documenter parfaitement le dossier. Le système ne tombera donc pas sous la suspicion ou carrément l’accusation de laisser un robot décider à la place de l’être humain. En revanche, il se peut que la présence d’un tel dispositif dissuade nombre de malveillants potentiels qui se sauraient confrontés à la quasi-certitude de perdre un bras ou une jambe dans l’aventure… Cette nouvelle forme de défense rehausserait significativement le seuil d’impunité dont ont joui jusqu’à présent nombre de militants malveillants.
 
Pour défendre une installation militaire, au lieu d’utiliser un certain nombre de sentinelles dont la vigilance peut être prise en défaut ou le temps et le choix de la réaction se révéler fatal, on pourrait installer des rails sur le périmètre et y faire circuler des robots programmés pour réagir instantanément en fonction des paramètres chargés en relation avec les lieux, les types de menace envisagés, les restrictions applicables, etc. Là aussi, en fonction des paramètres de la situation rencontrée, le robot exécuterait la décision humaine d’effectuer un tir pour blesser ou pour tuer avec une précision et une rapidité quasi inégalables. Les robots seraient d’un type à éclipse pour empêcher leur destruction préventive.
 
Un tel dispositif économiserait massivement la main d’œuvre aujourd’hui affectée à la protection des infrastructures en OPEX : il faut déployer cinq personnes pour en avoir une en permanence sur le parapet. Un site nécessitant une dizaine de défenseurs en permanence (un cas assez courant) nécessite le déploiement d’une cinquantaine de soldats. Dans le cas présent, un système de défense à base de Snibot permettrait de réorienter un nombre significatif de soldats vers des missions hors du périmètre, tout en assurant une défense à l’effet garanti, non sujet à la fatigue, au stress, etc.
 
Autre exemple idéal d’utilisation d’un robot hyper-précis : la prise d’otage(s), surtout par plusieurs individus. Au lieu d’astreindre une équipe de tireurs d’élite à cet exténuant compte à rebours simultané pour ne tirer que lorsque tous les preneurs d’otages sont en vue au même moment afin d’empêcher que l’un d’eux puisse exécuter les otages après avoir vu ses complices abattus, ce sont des robots qui, sous l’autorité du pouvoir judiciaire représenté sur place, exécuteraient cette séquence de tir. Les habituelles interruptions et reprises du compte à rebours ne pèseraient plus sur des tireurs. Il y a bien des années, lors d’une prise d’otages à Djibouti, les tireurs d’élite français avaient littéralement cuit sous le soleil pendant plusieurs heures avant que la fenêtre de tir permettre d’abattre simultanément tous les preneurs d’otages. Psychologiquement et physiquement, les tireurs d’élite se trouveraient soulagés d’un certain nombre d’intervention, à condition, encore une fois, que le niveau d’hyper-précision requis, assorti d’une fiabilité couverte par l’autorité judiciaire, permette de remplacer l’être humain.
 
Pour développer un tel robot de l’hyper-précision, Philippe Levilly, directeur de projet dans la société SD4E qu’il a créée dans ce but, s’est entouré de collaborateurs stratégiques : Alain Juillet (autorité reconnue dans la sécurité et le renseignement), pour la présider ; Michel Yakovleff (général c.r., responsable du développement export) ; Frédéric Gallois (conseiller opérationnel), Jean-Pierre Devaux (directeur de la stratégie) ; Jean-Jacques Topalian, associé stratégique et spécialiste en mécatronique (via la société Shark Robotics ) ; last but not least, Etienne Besnard, de la société MGPI (mécanique générale de précision). SD4E a adopté un angle de vue particulier : il n’est pas parti d’une arme à laquelle adapter un robot, ni d’un robot qu’il conviendrait d’adapter à un rôle de tireur d’élite. Non, il est parti du tir de haute précision à réaliser et, dès lors, a élaboré le robot nécessaire pour accomplir cette tâche.
 
L’armée est convaincue de l’impérieuse nécessité de développer des robots pour une série de tâches à remplir dans des conditions opérationnelles souvent complexes. Cela requiert un budget important. Mais, à titre de référence, comme l’a dit le chef d’état-major de l’U.S. Army : « L’armée américaine ne compte que 4% de membres qui utilisent une arme personnelle pour combattre mais ces 4% représentent 90% des pertes alors qu’ils ne reçoivent que 1% du budget annuel. Il est temps que cela change et que ces troupes au contact direct avec l’ennemi reçoivent 10% du budget ! ». Ce qui vaut pour l’armée américaine vaut pour les autres, évidemment.

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