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Face à la Russie, Finlandais et Suédois poussent pour intégrer l'OTAN

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Décidément, l’agression russe contre les territoires ukrainiens n’a pas fini de faire bouger les lignes politiques établies en Europe. Alors qu’historiquement la Finlande et la Suède, deux nations que l’on pourrait caractériser de pacifistes, ont longtemps défendu leur droit à la neutralité sur les tensions entre l’Est et l’Ouest, cela pourrait changer d’ici peu. Cette semaine, leurs journaux nationaux ont publié un communiqué commun demandant aux gouvernements d’enclencher l’intégration à l’OTAN. Selon nos amis du Nord, pour leur sécurité, celle de la région baltique et de l’Europe dans son intégralité, face à la menace russe il ne peut y avoir qu’une seule réponse crédible : la défense commune.
 

Les soldats du régiment blindé de Skaraborg de l'armée suédoise patrouillent devant le mur de la ville de Visby lors d'une manoeuvre militaire sur l'île de Gotland, le 14 septembre 2016. (Crédits : Soren Andersson, EPA)

Les soldats du régiment blindé de Skaraborg de l’armée suédoise patrouillent devant le mur de la ville de Visby lors d’une manoeuvre militaire sur l’île de Gotland, le 14 septembre 2016.
(Crédits : Soren Andersson, EPA)


 
Personnalités politiques, diplomates, directeurs de think-tank, scientifiques, des dizaines de Suédois et de Finlandais ont co-signé un communiqué exigeant de leur gouvernement respectif d’intégrer définitivement l’OTAN. Maintenant que la Finlande et la Suède partagent leur destin avec les autres pays de l’Union Européenne et que la Russie a montré ce qu’elle « savait faire », il n’est plus possible d’agir comme si l’Europe du Nord était encore neutre, si jamais la Russie devait agresser un État européen ou affronter directement l’OTAN elle catégoriserait les Nordiques comme ses ennemis et n’hésiterait donc pas à leur passer dessus : « Si la Russie s’engageait dans une agression dans les pays nordiques ou dans la Baltique, elle impliquerait inévitablement la Finlande et la Suède en termes militaires. C’est pourquoi notre politique vis-à-vis de la Russie doit être préventive pour prévenir les conflits avant le conflit. »
 
La Suède et la Finlande ont beau faire reposer leur dissuasion sur leur défense nationale renforcée par des budgets de défense en hausse et un retour en premier plan du service militaire, celle-ci serait tout bonnement insuffisante face à une potentielle agression russe. Bien au fait de leurs faiblesses et de leurs qualités, les deux pays ont renforcé les coopérations militaires régionales et internationales depuis les dernières décennies. Alors, maintenant que les deux pays ont choisi leur camp – celui qui n’agresse pas un autre pays européen – ils doivent agir comme parties intégrantes de ce camp. Si l’Europe de la Défense est encore une chimère pour les Suédois et les Finlandais (et on ne peut pas vraiment leur donner tort), et bien qu’elle soit abordée dans le communiqué, c’est bien l’OTAN qui peut garantir la sécurité de l’Europe du Nord comme de l’Europe toute entière.
 
Lännen Media et le Svenska Dagblade ont donc simultanément publié l’appel lancé par les « décideurs suédois et finlandais connus ». « La Russie a ouvertement violé le droit international et les principes de l’OSCE qu’elle a négociés et acceptés » elle « augmente son équipement et menace d’utiliser des armes nucléaires. Les petits pays voisins devront donc rechercher le soutien de partenaires plus forts afin d’avoir des capacités de défense contre l’éventuelle agression de la Russie. » indique le communiqué commun. Parmi ces partenaires plus forts, il y a évidemment les États-Unis, mais une relation transatlantique est insuffisante : « nous devons discuter et approfondir une analyse commune de la manière dont nous poursuivrons les progrès de notre pays vers une adhésion totale à l’OTAN. » Pour rappel, les trois États baltes ont intégré l’OTAN en 2004 et la Norvège en est l’un des États fondateurs alors qu’elle n’est pas membre de l’Union Européenne.
 
Les co-signataires du communiqué admettent en fait que la multiplication des exercices avec les États-membres de l’OTAN sont bénéfiques pour la sécurité mais encore très insuffisants : « pour être en mesure d’agir rapidement en cas d’urgence, des plans supplémentaires sont nécessaires et une planification de la défense de guerre est nécessaire. (…) l’OTAN est le cadre naturel d’une telle conception. La participation à ce travail serait essentielle non seulement pour la défense de la Finlande et de la Suède, mais aussi pour la prévention des attaques militaires dans toute la région de la mer Baltique » mais aussi de l’Arctique insiste le communiqué. Pour comprendre la portée de cet appel, il faut savoir que la position historique des deux pays s’explique en partie par l’idée qu’en choisissant un camp cela engendrerait des tensions avec la Russie. Mais, comme le soulignent les co-signataires, cet argument est non-recevable car « la rhétorique de la Russie repose sur sa volonté de maximiser sa liberté d’action militaire dans toutes les situations possibles. »
 
À l’inverse, si la Finlande et la Suède intégraient l’OTAN, cela « entraînerait probablement une irritation momentanée de la Russie », il est vrai, mais elle comprendrait alors qu’elle « n’a plus la liberté d’action pour attaquer les pays voisins sans entrer en guerre contre tout le monde occidental. » Il faut espérer que ces spécialistes disent vrai, mais il est certain que l’intégration de ces ultimes OTAN-sceptiques contribuerait à renforcer la dissuasion européenne (ou force de réaction) qui n’aurait aucune raison de se passer de quelques chars Leopard, avions de combat et sous-marins d’attaque supplémentaires.
 

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