Les chiffres en la matière ont de quoi donner le tournis : Leon Panetta, ancien directeur de la CIA et nouveau secrétaire à la Défense depuis le 1er juillet dernier (en remplacement de Robert Gates), annonce la couleur avec 450 milliards de dollars d’économies à réaliser sur les dix prochaines années. Encore ne s’agit-il là que d’un minimum annoncé. A elles seules, ces économies sont supérieures au budget de la défense français. Les équipements, le format des forces et peut-être aussi les pensions, tout va y passer. Toutes les déclarations officielles indiquent pour l’instant que le dogme de l’engagement simultané sur deux théâtres d’opération ne serait en revanche pas touché. Avec toutefois une légère évolution sémantique : on parle maintenant à Washington non plus de se battre sur deux fronts, mais de combattre sur l’un et de tenir en respect un adversaire sur l’autre. La nuance a son importance…
Dans ce contexte, l’US Army est bien centrée dans le viseur et la politique passée de répartition équitable des budgets entre l’Army , la Navy et l’Air Force pourrait être bientôt une chose du passé… Profitant d’une « fenêtre » stratégique favorable (retrait d’Irak, désengagement d’Afghanistan à partir de 2014) la réduction du format des forces terrestres est aujourd’hui une quasi certitude. La question du maintien d’une triade nucléaire (avions, sous-marins et missiles enterrés) consommant près de 50 milliards de dollars annuellement est aussi de plus en plus souvent posée Outre Atlantique. Rappelons que la France a répondu à cette question il y a quinze ans avec le démantellement du segment sol (plateau d’Albion) de la Force de Frappe.
Face au couperet qui semble inévitable, l’US Army cherche donc des positions de replis. On évoque par exemple l’emploi grandissant de la Garde Nationale non pas comme un simple réservoir de main d’œuvre en cas d’urgence nationale ou de guerre totale, mais plutôt comme une réserve opérationnelle susceptible d’être engagée sur les théâtres d’opération. C’est déjà le cas en Irak et en Afghanistan et ce mouvement serait amplifié. De même, l’US Army pourrait se décharger complètement de certaines missions sur ses forces de réserve. Une piste concerne le transfert des chars de combat et de l’artillerie lourde vers la Garde Nationale et la Reserve, en deuxième rideau d’une intervention. Autres pistes étudiées : la réduction du nombre de bases, du nombre d’employés civils ou à l’inverse le retour de plusieurs milliers de soldats aujourd’hui employés dans les tâches de soutien vers les unités combattantes. Les mois à venir promettent d’être passionnants…