A l’annonce de son report (le sommet devait se tenir en décembre), certains le considéraient au point mort. C’est pourtant bien la vitesse supérieure qui a été passée aujourd’hui entre Nicolas Sarkozy et David Cameron. En toile de fond, ce sommet franco-britannique rappelle qu’en Europe, seuls la France et le Royaume-Uni maintiennent un effort de défense. La crise financière l’a démontrée. Et que les deux pays partageaient les mêmes ambitions. La Libye est venue le prouver. Bref, tout va bien entre Londres et Paris. Tout va même très bien.
Résultat, les décisions de coopérations concrètes sont nombreuses. D’une manière générale, les axes de coopération déjà lancés par les accords de Lancaster House en 2010, sont non seulement maintenus, mais approfondis ou accélérés.
Ainsi en est-il de la force expéditionnaire commune, « force d’entrée en premier, capable de faire face jusqu’au niveau maximal d’intensité ». Un calendrier d’exercices sur cinq ans est prévu, afin que cette force soit opérationnelle dès 2016, et les échanges d’officiers entres les deux armées seront augmentés. Un état-major de forces interarmées déployable sera lui aussi prêt, même avant 2016. Et les deux pays mettront en place un groupe aéronaval commun, avec pour objectif 2020.
Pour le volet matériel, le drone, sous toutes ses formes, y fait l’objet de projets communs. L’armée française testera le Watchkeeper de Thales (drone britannique en service en Afghanistan) jusqu’en 2013, et devrait logiquement en faire l’acquisition ensuite. Sera aussi attribué un contrat de levée de risques à BAe et Dassault pour les drones d’observation MALE (moyenne altitude longue endurance). Enfin, dès cette année, une étude pour un démonstrateur de drone de combat sera confiée aux deux mêmes industriels. En clair il s’agit de préparer le successeur du Rafale. Exit donc EADS, il faut dire que le partenariat défense avec l’Allemagne est à la peine.
Bien d’autres axes de coopérations sur les équipements sont lancés. On ne sait presque plus où donner de la tête. Ne retenons que ceux terrestres. Le canon CTAI de 40 mm, développé par une JV entre BAe et Nexter. L’équipe binationale, basée à Bourges a développé un nouveau calibre, qui sera qualifié l’année prochaine. Rappelons que le Royaume Unis l’a déjà sélectionné, et que la France devrait donc bientôt suivre pour armer ses futurs blindés. Intéressant aussi cette étude pour des améliorations au missile de croisière Scalp, dont les premiers tirs en opérations ont été effectués en Libye.
Et puis, ce nouvel axe de coopération: la lutte contre les engins explosifs improvisés. Un plan d’action conjoint, élaboré en 2012, devra venir étudier les possibilité de coopération.
L’objectif de cette coopération binationale, rappelons-le, est d’importance : préparer le futur. Et que les deux pays puissent, à l’avenir, conserver leurs capacités de défense, que, seuls, Paris et Londres, n’ont plus les moyens d’entretenir. C’est aussi pour cela que l’accord comprend un rapprochement des deux diplomaties. Car la défense en est un outil.