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Mobilex, un challenge pour « robotiser » les véhicules de l’armée de Terre

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L’Agence de l’innovation de défense en appelle une nouvelle fois aux « Géo Trouvetou » français. Il s’agit cette fois, au travers d’une demande d’information (DI) diffusée cette semaine, d’évaluer des solutions technologiques « capables de gérer de manière autonome la navigation et la trajectoire court terme d’une plateforme mobile terrestre en environnement déstructuré ».

Libérer des ressources cognitive et physiques

Quand l’automobiliste évolue dans un environnement « structuré » autour de routes goudronnées, marquages au sol et autres panneaux de communication, les militaires sont quant à eux appelés à opérer dans des zones dépourvues en tout ou en partie de telles balises, inconnues, voire hostiles. La conduite dans telles conditions et souvent durant plusieurs heures s’avère donc particulièrement exigeante en matières de concentration et d’énergie. 

En lançant Mobilex, l’AID vise donc à libérer des ressources cognitives et physiques pour permettre à l’équipage de se concentrer davantage sur les tâches opérationnelles nécessaires à l’accomplissement de sa mission. « Rendre autonome le véhicule sur tout ou une partie des fonctions associées à la mobilité contribuerait à atteindre cet objectif », estime l’AID. À l’instar des solutions civiles, cette fonction activable et débrayable au besoin contribuerait aussi à réduire le risque d’accident en influant positivement sur le stress et la fatigue. 

Le défi est de taille et n’est pas sans rappeler une autre expérimentation menée cette année par une poignée d’industriels français sous la houlette du Battle Lab Terre : MC2, ou « micro-convoi au contact ». Mobilex semble cependant dépasser ce cadre pour viser l’autonomie complète de plusieurs types de véhicules, qu’importe le gabarit, les capacités et le rôle. 


Les candidats ? Tout acteur disposant d’un savoir-faire, qu’il soit une start-up, un grand groupe ou un laboratoire actif dans des domaines aussi vastes que l’automobile, les engins de chantiers ou agricoles. Nullement centré sur les seuls débouchés défense et sécurité, Mobilex se veut à caractère dual, la mobilité en milieu déstructuré trouvant « également sa place dans le milieu civil (agriculture, engins de chantier, sécurisation des véhicules autonomes grand public) ». 

Si elle accuse du retard par rapport au monde automobile, la filière terrestre n’a pas attendu cette DI pour progresser sur le sujet. Nexter et Arquus, par exemple, ont pu démontrer de premières avancées lors du projet MC2. Le premier planche sur un kit de robotisation qui sera intégré sur un robot lourd dans le cadre d’un marché remporté avec la DGA. Le second peut profiter de l’effet « groupe » pour capter et adapter les technologies mises au point par Volvo pour le secteur civil. 

Un challenge annuel pour évaluer les solutions

Une fois les travaux préparatoires achevés, notamment sur base des résultats de la DI, Mobilex débouchera sur le lancement d’un challenge dans le courant de l’année 2022. Un challenge réparti sur trois ans (2022-2023-2024) selon le calendrier provisoire et dont la difficulté ira croissante, l’environnement devenant progressivement plus complexe et intégrant des « évènements » comme la perte du signal ou des données d’entrées de préparation de mission obsolètes ou incomplètes. 

Pour les candidats retenus, l’objectif sera de pouvoir proposer un démonstrateur – produit d’aide à la décision et pilote automatique ou kit de pilotage – qui servira à l’évaluation des solutions de gestion de la trajectoire court-terme en quasi autonomie. 

Ce challenge doit « in fine permettre de répondre à une partie de ces difficultés en se concentrant, dans un premier temps, sur la gestion de la trajectoire court terme du véhicule », indique l’AID. Il constitue en ce sens une première étape vers la conception d’une « fonction de gestion autonome de la mobilité des véhicules militaires en opération ». 

Si cette brique se matérialise, elle pourrait à terme venir équiper nativement les véhicules militaires « en accord avec les programmes d’armement du domaine terrestre », à commencer par les plateformes résultantes de Scorpion et, plus tard, de Titan. 

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