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Un Mistral à la une…

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Il est rare que Libération place en couverture un missile sol-air… Vendredi dernier, le quotidien a franchit la pas en faisant sa une avec un Mistral, missile portable sol-air à guidage infrarouge du missilier MBDA, reconnaissable entre tous par la coiffe octogonale de son autodirecteur. La raison pour que MBDA (le Mistral a été initialement développé par Matra) reçoive les honneurs d’une presse quotidienne habituellement réticente à mettre en avant cette excellence française ? L’affaire du Rwanda, pour laquelle Libération suggère que les missiles français auraient pu jouer un rôle clef. Rappelons en deux mots que l’avion du président rwandais Habyarimana (Hutu) est abattu le 6 avril 1994  par un tir de SAM (deux missiles sont tirés, un fait mouche et abat le Falcon 50 présidentiel servit par un équipage français), ce qui sert d’élément déclencheur au génocide (Tutsi) que l’on connaît.

Outre sa couverture, Libération consacre trois pleines pages à l’existence d’un listing de l’ONU rapportant la présence de 15 Mistral et d’un nombre indéterminé de SA-7 dans les arsenaux de l’armée rwandaise. L’existence de ce rapport est semble-t-il le seul fait tangible rapporté par le quotidien. Car le reste n’est que un enchainement bien déroulé de suggestions… Suggestion que le président a donc été abattu par son propre camp. Suggestion que cet attentat aurait été réalisé en utilisant non pas des SA-7, mais des Mistral. Suggestion enfin que ces missiles auraient été fournis par la France. De fil en aiguille, le lien est ainsi… suggéré d’une responsabilité de la France dans l’attentat et, partant, dans le génocide qui s’en est suivi.

Nous ne reviendrons pas sur cette affaire dans le détail, mais nous nous attacherons à éclairer cet article à la lumière de ce que nous savons. Pour suggérer une collusion française, l’article explique notamment en page 2 que le Mistral était «  strictement interdit d’exportation ». Puis, page 3 il cite un rapport d’expertise rappelant  que « la première commande à l’export date de 1996 », ajoutant « avant cette année là, la France n’était pas autorisée à exporter ses missiles ». Paris aurait donc été le seul en mesure de fournir l’arme du crime.

Deux affirmations surprenantes puisque le rapport Arms Transfers Database du SIPRI (facilement téléchargeable sur internet) liste de nombreuses exportations de la première version du Mistral avant 1996. En voici la liste ci-dessous (limitée aux commandes passées avant 1996). On se souviendra à sa lecture le grand succès que fut le Mistral à l’export…

Arabie Saoudite : 700 missiles commandés en 1989, livraisons entre 1991 et 1992

Autriche : 500 missiles commandés en 1993, livraisons entre 1993 et 1996

Belgique : 714 missiles commandés en 1988, livraisons entre 1991 et 1995. Second lot de 290 missiles commandés en 1991 et livrés en 1993-1994.

Brésil : 160 commandés en 1994, livraisons entre 1994 et 1997 (utilisation navale).

Chili : 750 commandés en 1989, livraisons entre 1991 et 1997.

Chypre : 90 commandés en 1988, livrés en 1989.

Corée du sud : 984 missiles commandés en 1992, livraison entre 1993 et 1997.

Emirats Arabes Unis : 24 missiles commandés en 1986, livraison en 1990. Puis 500 missiles commandés en 1988, livrés en 1993-1994.

Espagne : 840 missiles commandés en 1991, livraisons entre 1992 et 1997.

Finlande : 540 commandés en 1989, livraisons entre 1990 et 2002.

Gabon : 60 commandés en 1985, livrés en 1988.

Norvège : 400 missiles commandés en 1990, livraisons entre 1992 et 1997.

Pakistan : 100 missiles commandés en 1991, livraisons entre 1994 et 1995.

Qatar : 500 missiles commandés en 1990, livraisons entre 1992 et 1996. 

En illustration : tir de missile Mistral par des militaires sud-coréens (DR)

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