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Mali : les deux fronts

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Le premier front est un succès et avance vite, très vite même. Les armées françaises ont démontré par un déploiement massif et rapide (4000 soldats, 600 véhicules, 280 blindés déployés en 3 semaines), qu’elles se donnaient les moyens pour reprendre possession du pays. C’est maintenant quasiment chose faite. La ville de Tessalit, à 500 km au nord-est de Gao, proche de la frontière algérienne, est depuis ce week-end sous le contrôle des Français, suite à une opération aéroportée menée par les forces spéciales. Du 11 janvier au 9 février, la résistance aura été faible, grâce à une action éclair qui a mis en déroute l’adversaire. Objectif premier de Serval : ne pas laisser le temps aux djihadistes de se reconstituer, de souffler, de se réorganiser. Cette tactique aura fonctionné quelques semaines. L’évolution de la situation montre que c’est un deuxième front qui s’est ouvert en plus de l’avancée au nord. Un front intérieur, où l’initiative échappe pour l’instant à la France et ses alliés africains.

Si le premier front de la reconquête au nord est un succès, le second, avec les attaques kamikazes et l’offensive des djihadistes de ce week-end dans la province de Gao, est de nature différente: une phase de lutte contre des actions terroristes, un conflit asymétrique, fait de mines improvisées (IED), d’attentats et d’actions menées loin de l’avancée française plus au nord. Or, loin des français, les cibles sont plus « molles », c’est à dire moins protégées. Mais en même temps plus déstabilisatrices, parce qu’elle visent directement l’armée et la police malienne, les institutions sur lesquelles repose le succès de l’opération.

Ces actions terroristes devraient se cantonner dans le nord du pays. Pour une simple raison : l’appui (au moins d’une partie) de la population est nécessaire aux djihadistes, ainsi qu’un relief qui leur est plus favorable, avec probablement une multitude de « petites » caches d’armes disséminées sur cette partie du territoire.

Ce deuxième front qui s’ouvre est bien plus compliqué à gérer. Car il faut occuper le terrain. Alors que le succès de la phase de reconquête aura principalement reposé sur l’action des forces spéciales, ce deuxième front, diffus et imprévisible, nécessite une présence militaire importante au sol. Ce sont là les unités régulières de l’armée de terre, appuyées par les armées africaines, qui se retrouvent en première ligne, contraintes de tenir, d’occuper « la boucle du Niger » et ses deux points d’appui, Gao et Tombouctou. Mais seront-ils en nombre suffisant ?

Quant au premier front, plus au nord, l’action française devrait se poursuivre contre des forces qui se cachent. Il va falloir aller débusquer un ennemi qui se terre dans des reliefs compliqués qu’il connaît bien. Pas facile, mais pas impossible. Les moyens de renseignements deviennent là, principalement humains : on pense au 13e RDP dont c’est la mission principale. Avec une limite : les forces spéciales dont c’est le théâtre d’engagement le plus lourd (on évoque aujourd’hui pas moins de 400 FS des trois armées) risquent bien de s’essouffler. Sur-utilisées sur ce théâtre, elles ont été remarquables, mais risque d’atteindre une limite : leur faible nombre ne leur permet pas d’êtres relevées… Elles auront ainsi du mal à tenir dans la durée.

Or, elles jouent un rôle fondamental : le renseignement, nécessaire pour les frappes aériennes. Les cibles « planifiées » ayant déjà quasiment toutes été détruites (dépôts d’armes, centre de commandement, d’entraînement…), il ne reste maintenant principalement que des cibles « d’opportunités », rassemblements et caches de djihadistes. 

L’armée de Terre dispose dorénavant sur le terrain de moyens lourds: une compagnie sur VBCI a été déployée et d’une forte puissance de feu avec un escadron d’AMX10R (muni de son canon de 105 mm) mais aussi de l’artillerie. Intégrés dans un S/GTIA venu par la route de Niamey, deux canons automoteurs Caesar de 155mm sont maintenant basés à Gao. Avec 40 km de portée, et une grande mobilité, c’est dorénavant le moyen le plus réactif pour bombarder des cibles d’opportunité.

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