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Les Saoudiens en appellent aux Turcs pour leur industrie de défense

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L’Arabie Saoudite est l’un des pays qui dépense le plus en matière de sécurité et de défense, consacrant près de 10% de son PIB à l’effort de défense. Malgré cela, la part des achats militaires domestiques ne dépasse pas 5% des dépenses totales actuelles. Pour y remédier le pays a un plan, Vision 2030, un salon, AFED, et un partenaire aujourd’hui privilégié, la Turquie. 

 

Le véhicule PARS III du Turc FNSS présenté au salon AFED 2018 à Ryad (crédits photo : Cem Altinsik)

Le véhicule PARS III du Turc FNSS présenté au salon AFED 2018 à Ryad (crédits photo : Cem Altinsik)


 
 

Le général Abdul Rahman bin Saleh Al-Bunyan, chef d’état-major des forces armées saoudiennes (à l’époque), a inauguré dimanche 25 février, la quatrième édition du salon de défense AFED. Ce salon avec son slogan ambitieux, « Notre industrie .. Notre force », prend place à Ryad, capitale du pays, et a pour objectif de soutenir l’industrie de défense locale, conformément à la Vision saoudienne 2030. Le gouvernement saoudien avait mis ce plan en place en 2016 pour sortir le pays de la rente pétrolière en diversifiant son économie. Dans celui-ci, l’augmentation des dépenses militaires ainsi que celle la production militaire domestique sont abordés comme des objectifs majeurs. Aussi ambitieux que le slogan du salon AFED, le plan Vision 2030 vise à augmenter le pourcentage des dépenses militaires domestiques à 50% d’ici 2030.

 

En ce moment, la Turquie d’Erdogan est partout, alors évidemment, elle est à Ryad cette semaine, pas en tant que simple participante, mais bien en tant qu’invitée d’honneur. Le patron de l’industrie de défense turque, Ismail Demir, a participé à la cérémonie d’ouverture du salon où il a vanté les réussites des industries de défense turques (la Turquie aurait alors atteint les 65% d’auto-suffisance dans le domaine militaire). Indiquant que l’expérience Turque en la matière, soit de provoquer le boom de son industrie de défense après avoir toujours dépendu de l’étranger, pourrait aider les Saoudiens à atteindre leurs objectifs, Demir n’a pas hésité à parler de « projets communs » entre les industries militaires des deux pays. « En travaillant ensemble, nous pouvons réduire le coût du processus, améliorer les installations et approfondir certaines zones spécifiques (…) Nous travaillons sur plusieurs projets ambitieux tels que la guerre électronique, la communication électronique, l’aviation et l’industrie marine et sous-marine (…) je suis sûr que nous trouverons beaucoup de domaines intéressants pour travailler ensemble (…) notre avenir est dans la coopération, la paix dans cette région c’est la coopération  » a-t-il ainsi déclaré.

 

Le participant clé du salon qui compte 24 industriels turcs reste saoudien, c’est le SAMI (Saudi Arabian Military Industries). Créé en mai, le SAMI, est détenu par l’État, qui lui apporte le soutien du fonds souverain du royaume, le Public Investment Fund. Son patron Andreas Schwer, débauché auprès de Rheinmetall il y a peu, et qui compte faire de SAMI l’un des 25 plus gros industriels de défense du marché international, a déclaré à l’occasion du salon que « la participation de SAMI ouvrira des portes pour de futurs partenariats à long terme » avec les industries étrangères. Si SAMI et le gouvernement saoudien réussissent leur coup (d’une Arabie Saoudite militairement auto-suffisante à 50%), 40 000 emplois directs pourraient être créés d’ici 2030. Depuis sa fondation, la société de défense saoudienne joue sur plusieurs tableaux, s’intéressant à tous les puissants. Après avoir signé des mémorandums d’accord avec Boeing, Lockheed Martin, Raytheon et General Dynamics lorsque Trump est venu vendre 110Mds$ (90Mds€) d’armes au royaume, SAMI a signé un protocole d’accord avec les Russes de Rosoboronexport pour acheter des systèmes de missiles sol-air S-400 et probablement d’autres. Aujourd’hui elle se rapproche de la Turquie qui continue, elle, à signer des partenariats de défense avec de lointains voisins (on se souvient du récent rapprochement entre la Turquie et le Qatar, adversaire du royaume des Saoud).

 

L’Arabie Saoudite est engagée dans un mouvement de modernisation afin de soutenir ses ambitions de puissance régionale. Le pays souhaite attirer les investisseurs étrangers et multiplier les partenariats pour faire progresser son savoir-faire dans les secteurs industriels stratégiques. Depuis la nomination du fils du roi comme héritier en juin 2017, les Saoud ont accéléré les réformes auxquelles les forces armées sont elles-aussi sujettes. Le lendemain de l’inauguration du salon de défense, le chef d’État-major qui en était chargé, a été limogé et remplacé par le lieutenant-général Fayyad bin Hamed al-Ruwayli, tandis que de nouveaux chefs ont été nommés à la défense aérienne et aux forces terrestres. Dans la foulée, l’armée saoudienne a annoncé pour la première fois ouvrir ses rangs aux femmes du pays.

 

Une dernière phrase pour parler de la France, tout ouïe aux réformes saoudiennes qui pourraient transformer le marché de l’Arabie Saoudite, deuxième client des industriels français d’armement entre 2007 et 2016 : si les récentes relations compliquées entre l’ODAS (office français d’exportation d’armement) et les responsables saoudiens ainsi que l’actuelle guerre au Yémen dans laquelle sont engagées des forces saoudiennes semblaient de mauvais augure pour les exportateurs français, l’Elysée ne veut pas perdre la main et poursuit ses efforts pour satisfaire les besoins en équipements de Ryad.

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