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Les Gazelle (aussi) chassent la nuit…

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Nous poursuivons le récit des opérations de l’Alat en Libye avec ce cinquième opus consacré aux Gazelle. 

L’Alat a débuté les opérations sur la Libye avec ses Gazelle Viviane, optimisées pour le combat anti-char de nuit, mais aussi les Gazelle canon équipées d’une arme de 20mm axial couplé au viseur T200. Après quelques engagements nocturnes, « feet dry » ou « feet wet » (au-dessus de la terre ferme ou bien en restant le long du trait de côte), les Gazelle canon ont toutefois été retirées des opérations et placées en réserve sur le BPC.  (Une mise à l’écart décidée semble-t-il à partir du mandat Harmattan 2, après le passage de relais entre le Tonnerre et le Mistral). Une raison simple à cela : les JVN des équipages se prêtant mal aux évolutions par nuit de niveau 5 et en l’absence de viseur thermique, les Gazelle canon exigeaient un guidage de la part des autres hélicoptères du module pendant les phases de mouvement. La fluidité de la manœuvre en pâtissait… Rappelons au passage que les lignes électriques sont pratiquement invisibles aux JVN et constituent un réel danger pour les opérations de nuit. Pour ne pas réduire la vitesse de progression, la procédure de l’Alat est de sauter par-dessus les lignes, si possible à la verticale des pylônes pour être certain de bien effacer l’obstacle, pour ensuite replonger vers le sol. A l’inverse des Gazelle canon, les Viviane se placèrent à la pointe des combats. Une belle réussite pour cette machine en service depuis bientôt quinze ans dans les forces françaises.

La Gazelle reste une machine très appréciée dans l’Alat, même si son emploi impose une bonne dose de courage : il s’agit en effet de partir au combat (et en l’occurrence après un survol maritime) dans un appareil monomoteur, protégé par une seule bulle en plexiglas, des sièges blindés et un gilet pare-éclat. La Gazelle a pour elle sa petite taille, synonyme de discrétion. Sur les appareils engagés en Libye, cocardes et inscription « armée de Terre » avaient été effacées. Mais la compacité de l’hélicoptère est un handicap pour les équipages qui entrent dans l’appareil au chausse-pieds. Gilet de combat (avec radio de survie, munitions, GPS, cartes…), gilet de sauvetage, gilet pare-éclats, casque… : pilotes et chefs de bord ressemblent à des bibendum. Les sièges blindés bloquent les issues et l’écran de navigation coince les genoux du chef de bord. Ce dernier a comme épée de Damoclès au-dessus de sa tête le viseur Viviane de 180kg qui ne demande qu’à venir l’écraser en cas de crash. Tous les équipages sont conscients des risques, mais la mission prend très vite le pas après la mise en route… Avec une masse maximale au décollage de seulement 2100 kg, la Viviane oblige parfois à choisir entre autonomie (437 litres de carburant, pour une consommation horaire d’environ 180 litres/heure) et munitions. Suivant la durée de vol prévue, les Viviane emportaient donc de deux à quatre missiles HOT. Une coopération étroite avec les Tigre leur permettait d’aller à l’essentiel et de trouver rapidement leurs cibles. L’Alat rapporte qu’un équipage a pu décocher ses quatre HOT sur trois pick-up et un transport de troupes blindé en moins de 90 secondes. Un total de 425 missiles HOT a été tiré pendant les opérations.

Face aux menaces, et en particulier les missiles sol-air, les Gazelle ont joué la carte de la très basse hauteur. Les équipages bénéficiaient de l’alerte donnée par les DDM (Détecteurs de Départ Missiles) des Tigre. Le leurrage de la menace (manuel sur la Gazelle) aurait présenté l’inconvénient majeur de  révéler la position de l’hélicoptère. A l’annonce d’une menace, les équipages de Gazelle préféraient alors descendre sereinement vers le sol et rester à l’abri de l’obscurité. Le véritable moment de vulnérabilité des hélicoptères concernait le tir des missiles filoguidés HOT, imposant le stationnaire pendant de longues secondes. La hantise des équipages était que des tireurs isolés se découvrent à ce moment là et profitent de cette fenêtre d’opportunité pour loger quelques balles dans l’hélicoptère. Ce ne fut finalement jamais le cas.

A noter enfin que les Gazelle ont profité d’un crash programme en cours d’opération,  portant sur le remplacement de l’enregistreur de vol. Les Viviane sont maintenant dotées d’un matériel numérique permettant l’enregistrement de la totalité du vol avec le son de la radio, le positionnement GPS, le timing et la vidéo du viseur. La Gazelle est à présent en avance sur le Tigre qui travaille encore avec des cassettes Hi8 aux capacités plus limitées (enregistrement des communications de l’interphone et de la vidéo seulement). La numérisation à venir de l’enregistreur du Tigre devrait à terme lui donner des capacités identiques à celles de la Gazelle. L’enregistrement systématique des missions est aujourd’hui devenu indispensable : il s’agit de disposer d’informations précises et irréfutables sur le déroulement des missions  non seulement pour un usage militaire, mais aussi vis à vis de l’opinion publique pour couper court aux polémiques éventuelles.

A suivre

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