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Imaginez un obus qui, tiré de Paris, atteindrait Lille* en moins de deux minutes. Non, vous n’êtes pas dans le dernier Star Wars, cet exploit technologique deviendra peut-être un jour réalité grâce à l’Institut de recherche franco-allemand Saint Louis (ISL), dont les scientifiques ont dévoilé pour la première fois un prototype de canon électromagnétique lors du dernier Forum DGA Innovation, organisé le 7 décembre sur le campus de l’École polytechnique, à Palaiseau.
 

Le prototype mignature exposé durant la journée DGA Innovations, capable de tirer un projectile de 5x5 mm à une vitesse de 120 m/s

Le prototype mignature exposé durant la journée DGA Innovations, capable de tirer un projectile de 5×5 mm à une vitesse de 120 m/s


 
Unique en Europe et resté loin des projecteurs jusqu’à la semaine passée, ce projet est lancé en 1987 avec le concours de MBDA, Naval Group, Nexter Systems et Nexter Munitions. Soutenu par le dispositif RAPID de la DGA, il abouti en 1997 au développement d’un premier prototype d’une puissance de 10 MJ, le canon « Pegasus ».
 
« Nous avons déjà atteint une vitesse de bouche de 3 km/s au sein de notre laboratoire », révèle Pierre Wey, chercheur au sein de l’ISL. « Nous essayons maintenant de quitter les laboratoires pour les polygones de tir (…) afin de démontrer la pertinence de cette technologie pour une utilisation opérationnelle ». Il s’agira notamment pour l’ISL d’étudier la survivabilité d’un obus flèche de calibre 60 mm et de ses composants électroniques. En cas de succès, cette campagne de tirs sera suivie du « transfert de ce savoir-faire vers l’industrie et de l’élaboration de systèmes plus puissants en vue d’une entrée en service pour 2040 », ajoute Wey.
 
Le principal défi reste la mise en œuvre pratique, explique la DGA. Car, outre les gaz incandescents susceptibles d’endommager le canon, le fonctionnement de celui-ci nécessite de délivrer en un temps infiniment court une quantité d’énergie équivalente à celle nécessaire pour alimenter une ville de la taille de Lyon. L’ISL travaille donc sur des alimentations électriques ultra compactes, « capable de délivrer jusqu’à 1GW dans un volume 10 fois moindre qu’avec une technologie classique », précise la DGA.
 
(Crédit photo: ISL)

(Crédit photo: ISL)


 
Mais qu’importe les obstacles, tant la rupture technologique que représente Pegasus est immense. Primo, ce canon permet au projectile d’atteindre une vitesse hypersonique, soit Mach 9 (ou près de 11 000 km/h), et de quintupler la portée des meilleurs canons actuels.
 
Avec une portée maximale estimée à 200 km, un canon Pegasus de calibre 125 mm serait capable de suppléer un missile de croisière pour un coût dix fois moindre (±50 000€). De même, la portée et la vitesse du projectile rendent obsolète les tirs de contre-batterie et les systèmes de défense rapprochée type Phalanx. A contrario, un canon électromagnétique multi-coups fournirait un tir de contre-batterie extrêmement efficace contre les projectiles adverses en vol en tirant parti d’une vitesse de bouche phénoménale.
 
Capture d'écran d'un essai de tir, le projectile est visible sur le cliché du bas (Crédit photo: ISL)

Capture d’écran d’un essai de tir, le projectile est visible sur le cliché du bas (Crédit photo: ISL)


 
Et secundo, fini la poudre et les explosifs. L’énergie acquise par le projectile est en effet supérieure à celle d’un obus explosif de masse équivalente, permettant de transporter plus de munitions tout en diminuant les risques liés au stockage.
 
Outre l’artillerie de très longue portée, le canon Pegasus pourrait révolutionner la défense anti-aérienne et anti-missile, notamment contre les futures menaces hypersoniques, grâce à la réduction extrême du temps de vol. Nullement limité au domaine militaire, cette technologie trouverait également des applications dans le domaine spatial, comme le lancement de micro-satellites ou les tests d’impact de micro-météorites.
 
Pour l’heure, rendez-vous en octobre 2018 à Paris pour le salon Euronaval et la présentation d’un premier concept opérationnel, sur un bateau de la gamme Naval Group, révèle la DGA.
 
 
 
*Nous n’avons aucune inimité envers nos amis lillois, simple exemple illustratif

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