L’EBRC, Engin Blindé de Reconnaissance au Combat, est un élément essentiel du programme Scorpion, lui-même placé au cœur de l’armée de Terre pour les trente années à venir. Une armée de Terre à présent bien fixée sur ce qu’elle attend de son futur véhicule de combat, destiné à remplacer les ERC-90 (Panhard) et autres AMX-10RC (GIAT/Nexter) à l’horizon 2020. Des véhicules qui ont montré au cours des dernières décennies l’excellence de leur choix techniques, et en particulier tout l’intérêt qu’il pouvait y avoir à marier la roue et le canon. Mais les dernières opérations, et en particulier Serval au Mali, ont également rappelé les limites de ces véhicules datant des années 70. On le sait bien, l’ERC90 Sagaie n’a bénéficié que d’une remotorisation depuis son entrée en service. Le véhicule reste inapte au combat de nuit et ne garantit à ses occupants qu’une protection contre les lance-pierres, soft gun autres fusils de chasse. L’AMX 10RC offre un plus grand pouvoir de destruction et une meilleure protection pour son équipage depuis qu’il a bénéficié des kits de protections développés pour le théâtre afghan. Mais ses optiques sont vieillissantes et si les équipages soulignent qu’ils peuvent « vivre et durer » dans la tourelle, ils sont également prompts à rappeler les températures supérieures à 60°C qui y ont été enregistrées pendant Serval… Pour l’ ERC-90 comme pour l’ AMX-10RC, la conclusion qui s’impose est donc la même : le blindé de moyen tonnage sur roues présente donc un excellent compromis en terme de mobilité et de puissance de feu. Mais il est plus que jamais nécessaire de préparer l’avenir en tenant compte des contraintes opérationnelles nouvelles et en tirant profit des technologies actuelles.
Les grandes lignes de l’EBRC sont aujourd’hui figées : il s’agira d’un 6×6 avec un équipage de trois hommes dont deux en tourelle. La masse maximale ne devra pas dépasser 25 tonnes pour préserver la mobilité tactique et la capacité à être transporté facilement par un A400M. Comme pour tout programme de véhicule, la masse et le gabarit imposé par l’aérotransport entrent bien évidemment en conflit avec les ambitions du cahier des charges : l’armée de Terre veut un véhicule offrant plus de protection, de mobilité et de puissance de feu que les engins actuels. L’EBRC devra être capable de parcourir de longues distances en totale autonomie, tout en restant discret, polyvalent et capable de « réversibilité ». Derrière ce mot barbare se cache la capacité de répondre indifféremment à des situations de combat ou de maintien de la paix. Une quadrature du cercle qui trouve un début de réponse dans le choix de l’armement principal : un canon automatique de 40mm développé par CTAI (co-entreprise entre Nexter et BAE). Compacte et très puissante, la munition télescopée de 40mm développée pour la nouvelle arme pourra engager la plupart des cibles blindées. Les engins les plus lourds seront traités par les missiles emportés en tourelle, offrant une capacité anti-char à longue portée (4000m). En étant visuellement moins agressif que le 90mm ou 105mm, le canon de 40mm est également vu comme une bonne réponse à la question de la réversibilité. Il contribuera également fortement au respect du devis de masse. FOB détaillera prochainement quelques-unes des solutions présentées par Nexter, pour qui l’EBRC constitue un enjeu industriel majeur.
Notre illustration : un AMX-10RC en exercice à Mailly le Camp (photo Frédéric Lert)