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Ce lundi 6 août, l’armée centrafricaine a pris livraison de 48 véhicules offerts par les Etats-Unis, en l’occurrence 42 pickups Toyota Hi-Lux et 6 camions Renault 6×6, accompagnés d’autres « cadeaux »: le don d’une valeur de 8,5 millions de dollars inclut également des pièces de rechange et des radios, ainsi que des formations de chauffeurs et de mécaniciens ; la livraison de neuf camions citernes supplémentaires viendra compléter l’accord. Pas un seul véhicule d’origine U.S. à l’inventaire… Il est loin le temps où l’Oncle Sam se débarrassait de ses immenses surplus datant de la guerre du Vietnam !
 

Dongfeng Mengshi modèle EQ 20150B (version chinloise du Humvee américain) et camions Steyr offerts par la Chine à l'armée centrafricaine (Photo: La Renaissance)

La Chine a offert 70 véhicules à l’armée centrafricaine. Dans le lot, des Dongfeng Mengshi modèle EQ 20150B (copie-adaptation chinoise du Humvee américain) et des camions Steyr (MAN) modèle 1491 (Photo: La Renaissance)


 
La Chine avait prévu de suivre ; le mercredi 8 août, elle a livré 70 véhicules en plus d’un lot important de matériel. Même remarque que pour le don américain : la majorité des véhicules offerts – via Guo Shaowu, directeur-adjoint de la société publique Polytechnology pour l’Europe et l’Afrique – ne sont pas « made in China » mais des camions Steyr, des ambulances Iveco et autres matériels de fabrication occidentale, à l’exception de 4×4 Dongfeng Mengshi modèle EQ 20150B – version chinoise du Humvee américain – en version tôlée ou blindée. D’habitude, les Chinois ne livrent que du matériel sorti de leur industrie, histoire de capter le marché local, vu que les véhicules militaires aboutissent tôt ou tard, légalement ou non, sur le marché civil.
 
Dongfeng Mengshi modèle EQ 20150B en version blindée (photo : La Renaissance)

Dongfeng Mengshi en version blindée (photo : La Renaissance)


 
Pour Marie-Noëlle Koyara, ministre de la Défense, après la crise qu’elle a connue, la République Centrafricaine entre dans une période de rétablissement de la paix et de reconstruction… qui semble pourtant n’être qu’un mirage quand on observe la situation générale du pays. Mais soit ! L’aide apportée par la Chine à travers l’entreprise Polytechnology est précieuse pour l’Armée Centrafricaine. La ministre de la défense a précisé que ce don est constitué de plus 70 véhicules, des engins de génie, tracteurs, niveleuses, bulldozers, des bitumeuses, des embarcations de haute performance, des ambulances, des citernes, ainsi qu’une importante quantité de pièces de rechange. Ce don représente une valeur supérieure à 15 millions de dollars, soit 7,5 milliards de FCFA. En Septembre dernier, la RCA avait déjà reçu un lot de matériels de campagne, d’habillements et du matériel de transmission de la société Polytechnology. Personne ne croira à des dons désintéressés d’une telle valeur. Alors, qu’est-ce que les Chinois ont obtenu en échange ? Clair : Polytechnology a réalisé de fructueuses missions d’exploration pétrolière dans le nord du pays, entre 2007 et 2017. La suite, vous la devinez.
 
Forces Operations a déjà évoqué la présence croissante des Russes en certains endroits du pays (voir articles publiés les 23 mai et 1er juin). Les Forces armées centrafricaines (Faca) doivent à terme remplacer les Casques bleus de l’ONU (Minusca) présents en Centrafrique depuis 2014. Ils bénéficient pour cela d’une formation de l’Union européenne (mission EUTM) et de la Russie, qui a dépêché à Bangui cinq officiers et 170 instructeurs « civils » qui appartiendraient à la société militaire privée Wagner. Les instructeurs militaires, eux, seraient chargés, en plus de la formation des soldats, d’assurer la sécurité d’une société minière appartenant à un Russe. Début août, Moscou a démenti et rétorqué que sa présence militaire ne visait qu’à former les forces locales.
 
Par ailleurs, avec l’aval de l’ONU pour déroger à l’embargo sur les armes, la Russie a offert de l’armement à la Centrafrique au début 2018. L’embargo sur les armes a fait l’objet d’exemptions pour la fourniture d’équipements militaires non létaux destinés exclusivement à des fins humanitaires ou de protection, ainsi que l’assistance technique connexe (y compris la formation opérationnelle et non opérationnelle aux forces de sécurité centrafricaines) avec l’approbation préalable du comité du Conseil de Sécurité. La demande portait sur douze 4×4 blindés et quatre transports de troupe mais également des pistolets, des fusils de précision, des pistolets-mitrailleurs avec silencieux (idéaux pour des opérations de maintien de la paix…), des mitrailleuses, des lance-grenades, des grenades antichars, 725.000 munitions de divers types et 15.000 grenades lacrymogènes.
 
Il est difficile de savoir si les véhicules livrés par la Chine faisaient partie de cette demande d’exemption : en effet, Pékin a également demandé à l’ONU une exemption à l’embargo pour livrer à son tour des armes en juin, mais le Conseil de Sécurité de l’ONU s’y est opposé.
Par ces dons d’armement, moyens de transport et formation militaire, ces pays cherchent à renforcer leur influence dans un État stratégique, très riche en ressources telles que le diamant, l’or, l’uranium, le bois et le pétrole. Les luttes d’influence n’ont pas fini d’obscurcir l’échiquier géopolitique de ce pays embourbé dans un conflit meurtrier depuis six ans, qui a déplacé plus d’un quart de ses 4,5 millions d’habitants.
 
Et le rôle de la France dans cet ex-pré carré, que devient-il ?

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