« America First », slogan phare du président américain Donald Trump, est maintenant pleinement intégré à la nouvelle stratégie de sécurité nationale (NSS) présentée hier par la Maison Blanche. Dans un discours sans réel fil conducteur, le président américain est notamment revenu, avec un ton nettement moins cinglant, sur les relations avec la Russie et la Chine, tout en excluant le changement climatique, cheval de bataille de son prédécesseur, de la liste des menaces.
![Donald Trump lors d'un discours au Japon, en novembre 2017 (Crédit photo: Maison Blanche/Andrea Hanks)](http://forcesoperations.com/wp-content/uploads/38188064861_1f7d446a6d_z-640x427.jpg)
Donald Trump lors d’un discours au Japon, en novembre 2017 (Crédit photo: Maison Blanche/Andrea Hanks)
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Protéger la patrie, promouvoir la prospérité américaine, préserver la paix par la force, et faire progresser l’influence américaine », sont désormais les quatre piliers de la sécurité « à la sauce Trump ». Armes de destruction massive, menace djihadiste, pandémies, politique d’immigration, prolifération nucléaire, exploration spatiale… cette stratégie brasse large, mue, semble-t-il, par une seule idée : après trois décennies sans rivalité entre superpuissances, les « vacances » sont finies. «
Nous faisons face à des puissances rivales, la Russie et la Chine, qui essayent de remettre en cause l’influence, les valeurs et la richesse de l’Amérique [citée 279 fois en 55 pages] », précise la NSS.
«
La concurrence entre grandes puissances est de retour », ajoute le document, selon lequel Moscou et Pékin «
sont déterminés à rendre l’économie moins libre et moins équitable, à développer leurs forces armées et à contrôler l’information et les données pour réprimer leurs peuples et étendre leur influence ». Tout est dit. Si l’appel de Trump à repousser la Chine sur le plan commercial nous est désormais familier, la réelle nouveauté vient de sa description du défi posé par la Russie, en contradiction avec le refus de critiquer l’action de Vladimir Poutine qui prévalait jusqu’alors.
Quid de l’Europe ? Résumée en une page, la vision « Trumpesque » du Vieux Continent résonne comme une redite des discours de campagne. Manœuvres d’intimidation de part de la Russie, terrorisme, guerre économique avec la Chine, le président américain se contente de réaffirmer son soutien aux capitales européennes… tout en leur rappelant d’assumer leurs responsabilités, particulièrement à l’égard de l’OTAN. «
Nos efforts pour renforcer l’Alliance ont ouvert la voie à l’augmentation significative des contributions des membres, avec des dizaines de milliards de dollars de plus parce que je ne permettrai pas aux États membres de négliger leurs dépenses pendant que nous garantissons leur sécurité », a encore une fois martelé Trump dans son discours d’introduction de la NSS. Et d’ajouter –sans surprise- que «
les pays qui sont extrêmement riches devraient rembourser les États-Unis pour le coût de leur défense ». À bon entendeur…
Si elle n’apporte pratiquement aucun élément nouveau hormis la disparition des questions environnementales, cette stratégie tente sur la forme d’atténuer le credo de l’« America First » au profit du renforcement des partenariats stratégiques… tant que ceux-ci se font à l’avantage des États-Unis.