Les groupes franco-allemand KNDS (KMW+Nexter) et italien Leonardo ont posé les bases d’une coopération renforcée, prélude à l’émergence d’un groupe européen dans le domaine terrestre, annoncent-ils aujourd’hui.
En forgeant cette alliance stratégique, KNDS et Leonardo poursuivent l’objectif « de créer un véritable Groupe européen de défense et, en outre, de coopérer plus étroitement dans le domaine de l’électronique de défense terrestre », commentent les deux industriels dans un communiqué commun.
Entériné sous l’égide du Secrétariat général de la Défense italienne (Segredifesa), ce rapprochement ouvre la voie à la conduite de programmes entre nations européennes, à la création de nouvelles capacités de production et de développement en Italie et à autant de perspective possibles pour « de futurs projets européens d’exportation », relèvent les nouveaux partenaires.
Il vient par ailleurs appuyer la stratégie définie par le ministère de la Défense italien dans son document programmatique pour 2023-2025 et s’inscrit « dans le plan d’action de l’accord récemment signé par les gouvernements italien et allemand ». Ceux-ci s’étaient rencontrés fin novembre à Berlin pour un nouveau sommet bilatéral et la signature d’un document développant cinq thématiques, dont la politique de défense.
Les modalités de ce rapprochement ne sont pas détaillées, mais les pistes d’efforts conjoints ne manquent pas. « Les programmes de collaboration européens sont la seule véritable solution face au besoin de disposer d’une défense efficace et durable, au moins pour les programmes les plus importants, tels que les chars et les véhicules blindés de combat et de transport, les grandes unités navales et les sous-marins, les hélicoptères et les satellites », commente le Segredifesa.
Plusieurs programmes terrestre majeurs sont actuellement dans les cartons de la Défense italienne. D’une part, l’acquisition de systèmes d’appui au combat et de nouveaux véhicules de combat d’infanterie (VCI) via le programme « Armoured Infantry Combat System » (AICS). Et, d’autre part, la commande de chars Leopard 2A8 et des plateformes de soutien associées.
Dernière version en date de la famille Leopard, ce char est la base retenue pour un programme d’acquisition qui sera mis en oeuvre conjointement par Leonardo et KNDS. Selon un autre accord signé aujourd’hui, « les entreprises collaboreront au développement, à la fabrication et à la maintenance de la solution Leopard 2A8 pour l’armée italienne et des plateformes de soutien associées ».
Ce rapprochement préfigure-t-il l’entrée de l’Italie dans un programme de système de combat terrestre principal (MGCS) ? Conduit pour l’instant en franco-allemand, le développement de ce char du futur est pour la première fois ouvertement mentionné comme une piste de coopération pour « la future génération de plateformes de véhicules blindés » par la partie industrielle.
Rome n’a jamais fait mystère de son intérêt pour ce système appelé à succéder aux chars Leopard et Leclerc. Le sujet revient régulièrement sur la table, jusqu’à être évoqué lors d’entretiens bilatéraux avec la Suède. Dès 2021, des rumeurs faisaient état de tractations en vue du rachat par KNDS des filiales OTO Melara et Wass du groupe italien. Un projet resté sans suite mais qui, déjà, proposait un siège dans MGCS à l’Italie.
Deux ans plus tard, le plan d’actions acté dernièrement par les chancelleries italienne et allemande vient à son tour réaffirmer la position italienne. Parmi les axes potentiels de coopération dans le domaine terrestre évoqués par le document, AICS, l’artillerie longue portée, mais aussi le MGCS.
Autant de signaux positifs pour un programme âprement défendu par le ministre des Armées Sébastien Lecornu et son homologue allemand, Boris Pistorius. Restera à déterminer quelle place laisser au partenaire italien et selon quel calendrier, deux points sur lesquels Paris et Berlin semblent diverger.