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Innovation participative à la sauce anglaise

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Non, l’innovation participative n’est pas l’apanage des militaires français. Moins prolixe sur le sujet, l’armée britannique n’en reste pas moins une pépinière de Géo Trouvetou, comme le prouve, par exemple, un nouveau kit d’armement conçu par et pour les tireurs d’élite du corps des Royal Marines.
 

Le kit en question installé sur L12A1 et testé par un tireur du 40 Commando lors de l'exercice SA (Crédit photo: Royal Navy)

Le kit en question installé sur L129A1 et testé par un tireur du 40 Commando lors de l’exercice Saif Sareea 3 (Crédit photo: Royal Navy)


 
Si cet exemple d’innovation participative n’est en rien inédit outre-Manche, il a néanmoins le mérite de mettre en avant un dispositif aussi essentiel que discret mis en place par la Royal Navy, de laquelle dépendent les Royal Marines. Baptisé « DARE » (Discovery Assessment and Rapid Exploitation), celui-ci est fondé sur des principes équivalents à ceux de la Mission innovation participative (MIP) du ministère des Armées : détecter et soutenir les innovations « issues de la troupe » en permettant au passage de minimiser les coûts et les délais.
 
Soutenus par un financement de 5000£ (5500€) accordé par la cellule DARE, il n’aura fallu que cinq mois aux inventeurs en herbe du Royal Marines pour concevoir un kit de développement. Au menu : des lunettes de visée légères pour le combat urbain, un calculateur intégré pour ajuster le tir en fonction des paramètres météorologiques (vent, altitude, température, hygrométrie, etc), un niveau à bulle fixé sur la lunette pour éviter tout inclinaison non désirée de l’arme, et un radar pour mesurer la vitesse à la bouche. Point à la ligne, les Royal Marines étant plutôt avares de détails concernant les données techniques.
 
L’ensemble a été mis à l’épreuve en octobre dernier dans le désert omanais, à l’occasion de l’exercice Saif Sareea 3. Intégré aux fusils L129A1 et L115A3 des tireurs du 40e bataillon de commando de Taunton, ce kit de développement aura permis « une augmentation significative de la probabilité que les premiers tirs (…) touchent leur cible », explique la Royal Navy. « Cette initiative est un moyen simple et efficace pour les personnes ayant une bonne idée de pouvoir avoir leur mot à dire sur le renouvellement de nos capacités », s’est félicité le commandant Matt Cox des Royal Marines.
 
« Grâce au succès de cette initiative, les tireurs d’élite du 40e (bataillon de) Commando disposent des dernières technologies de pointe nécessaires pour parfaire leurs compétences personnelles, leur permettant de conserver leur place parmi les meilleurs (tireurs) au monde », a-t-il ajouté. Rappelons que le tireur d’élite vivant le plus « prolifique » de l’histoire, avec 173 cibles abattues recensées au mois de février 2015, est issu du corps des Royal Marines. Ce caporal anonyme de la 3e Brigade Commando avait alors battu le record détenu par le Navy SEAL Chris Kyle, dont le parcours a été porté à l’écran par Clint Eastwood.
 
Coïncidence ou non, c’est à l’initiative de la 3e Brigade Commando que fut mise sur pied en août, à Plymouth, une première « journée de l’innovation ». À l’instar du Forum innovation défense organisé par l’armée française, cette journée avait pour objectif de présenter les innovations issues du rang à la cellule DARE et aux industriels afin d’en financer le développement et l’industrialisation.
 
Reste que ce dispositif DARE, malgré ce récent succès, mériterait un effort budgétaire supplémentaire pour mener à bien sa mission. La première journée innovation n’aura ainsi permis d’attribuer « que » trois bourses, pour un total de 15 000£ (16 600€). Soit… beaucoup moins qu’un levier MIP, dont l’aide financière moyenne s’élève à 30 000€. Un souhait qui pourrait être exaucé à court terme, le Secrétaire d’état à la Défense britannique ayant annoncé hier la création d’un nouveau fond doté d’un budget initial de 160M£ (177M€) afin de soutenir le développement de technologies innovantes. Son enveloppe pourrait ensuite être portée à 500M£ (555M€) si les arbitrages budgétaires pour 2020/2021 s’avèrent concluants.

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