Le candidat François Hollande a exposé hier matin à Paris pendant près d’une heure sa vision sur la défense, « un sujet grave et trop peu présent dans la campagne ».
Le candidat socialiste s’inscrit à la fois dans une certaine continuité tout en marquant sa différence sur certains sujets. Il s’est voulu rassurant sur les engagements de la France à l’international, tout en souhaitant que la France conserve « sa voix singulière dans le monde ». Rassurant aussi sur l’importance du rôle de la défense française, et son budget, qui sert trop souvent de variable d’ajustement.
Continuité sur le sujet de la dissuasion, en conservant les deux composantes, François Hollande a aussi confirmé certaines des grandes orientations déjà prises, comme la fonction anticipation, l’importance des moyens d’analyse et de renseignement, dont le spatial et les drones. Continuité aussi dans le maintien d’une capacité crédible d’engagement dans les crises.
Les différences sont ailleurs. Outre le retrait des unités combattantes pour 2012 d’Afghanistan, le candidat a marqué le pas sur l’Europe de la Défense, qui « doit prendre une nouvelle dimension ». Approfondissement du partenariat franco-britannique mais aussi de la relation franco-allemande, négligée ces dernières années, sans oublier les autres (Espagne, Italie…). Le candidat souhaite explorer des pistes pour « la rationalisation, la mutualisation, le renforcement de capacités communes ».
Insistant sur l’importance de la consolidation de la base industrielle et technologique de défense française, François Hollande a assuré vouloir une politique industrielle forte, avec l’ambition de constituer de grands groupes industriels européens, des partenariats stratégiques, citant EADS et Thales en exemple.
Remettant en cause la réforme des armées « mal pilotée, qui conduit à une impasse budgétaire » François Hollande a particulièrement mentionné le rôle de la DGA, et affiché son souhait de la renforcer. Insistant aussi la condition et la représentation des personnels, avec une référence sur Louvois et ses couacs dans le paiement des soldes, le candidat a aussi mentionné la tendance de la judiciarisation des événements de combat.
C’est donc un discours assez complet sur le sujet défense qui a été fait par le candidat socialiste hier, et qui n’a oublié personne. Pas de remise en cause fondamentale donc, mais quelques critiques des actions passées et quelques axes nouveaux. Et une voix qui s’affirme sur les sujets chauds du moment : « L’Iran doit renoncer au nucléaire militaire » ou « Bachar devra rendre des comptes ».