
La lutte contre l’orpaillage en Guyane porte ses fruits. Depuis 2008, date du lancement de la mission « Harpie » pour laquelle plus de 1000 soldats sont susceptibles d’être mobilisés dont en permanence 350 militaires des FAG (forces armées en Guyane) déployés (dont des postes fixes sur les réseaux fluviaux), les nombreuses opérations ont abouti à une nette baisse de l’activité illégale des chercheurs d’or clandestins. « Un véritable coup d’arrêt à l’activité des orpailleurs » décrivait le colonel Burkhard, porte-parole de l’état major des Armées (EMA), la semaine dernière. Car « Harpie » vise la où ça fait mal : les flux logistiques et le ravitaillement.
Reste que l’éradication totale est impossible, tant les distances sont grandes (plus de 85 000 km2 de jungle), l’environnement difficile et les frontières poreuses et compliquées (1200 km de frontières avec le Brésil et Surinam), avec l’épineux problème des clandestins attirés par le gain. Seule une politique interministérielle, voir même internationale avec les voisins ainsi qu’une adaptation de l’arsenal législatif encadrant l’intervention des forces sur place pourraient y venir à bout. Qui devrait aussi passer par un renforcement des moyens militaires et judiciaires engagés. D’autant plus que la mission « Harpie » demeure très périlleuse pour les FAG, comme l’a rappelée l’embuscade de fin juin dernier qui a abouti à la mort de trois soldats du 9e Rima.

Depuis 2008, le nombre d’opérations conduites a été en constante augmentation : 420 en 2008 ; près de 2000 en 2009, près de 2700 en 2010 et plus de 4400 en 2011 selon l’EMA. Au cours du premier semestre 2012, 1200 patrouilles on été conduites, dont 180 avec la gendarmerie. Des patrouilles qui ont aboutie à la saisie ou destruction de 2,3 kg d’or, 50 pirogues, 57 quads, 240 pompes, moteurs et concasseurs, 58 m3 de carburant, 77 tonnes de vivres et 85 armes, le tout représentant une valeur d’environ 3 millions d’euros.
Le bilan des impacts de l’orpaillage dressé par l’ONF (Office national des forêts) et le PAG (Parc amazonien de Guyane) sur le parc amazonien confirme cette tendance. D’après eux entre 2008 et 2011, le nombre de chantiers actifs est passé de 600 à 392, la déforestation de 1600 à 550 hectares, et la turbidité des cours d’eau a baissé de 91 à 14 km de linéaires nouvellement impactés. Les fortes concentrations d’orpailleurs aurait par ailleurs disparu.
Dernière opération en date, « Cèdre » a été menée du 9 au 16 novembre dernier et visait à la fouille d’une zone de 70 km2 dans l’ouest de la forêt guyanaise. Une cinquantaine de soldats (sapeurs) avaient été engagés ainsi que quelques gendarmes. Au final : des matériels saisis, destructions d’installations et de carbets (installations en bois) ainsi que deux ponts en bois. D’une trentaine de mètres chacun, il aura fallu le recours à des charges de 70 kg pour les faire disparaître. Une quinzaine d’interpellations ont été réalisées.
Jean-Yves le Drian s’est rendu le week-end dernier en Guyane pour assister au lancement du 2e satellite Pléiades (résolution de 70 cm), à usage civil et militaire, lancé depuis Kourou. Il en a profité pour visiter les FAG, soit 2200 militaires. L’armée de terre dispose là bas de deux régiments : le 9ème Rima (9e régiment d’infanterie de marine de Cayenne) et le 3ème REI (régiment étranger d’infanterie).
Photo: Opération Cèdre (crédits: EMA/Mindef)