LOADING

Recherche

FOB Interview : Karine Thoral-Pierre et Jérôme Raynal (1ère partie)

Partager

 

Le prix « Ingénieur général Chanson » est attribué tous les ans par l’Association de l’Armement Terrestre à des travaux ayant fait progresser le domaine de l’armement terrestre. Il a été remis cette année par la DGA à Karine Thoral-Pierre et Jérôme Raynal pour leurs travaux sur les « Panneaux composites sandwich 3D absorbeurs d’énergie de forte puissance ». Respectivement PDG de la société CEDREM et directeur commercial et marketing en charge des activités de défense au sein de la société PPE (Pôle de Plasturgie de l’Est), les deux récipiendaires reviennent avec FOB sur l’innovation qui leur a valu cette récompense.

Quels étaient vos objectifs en poursuivant ces travaux ?

Nous souhaitions mettre au point un dispositif de protection contre les ondes de pression à forte énergie et contre des éclats parfois massifs, mais peu perforants comparés aux munitions classiques. En clair, nous voulions faire face à la menace posée par les explosions d’IED. Notre objectif était d’arriver à combiner les avantages suivants, ce qui correspond un peu à la recherche d’un Graal :

– ajustement du pouvoir absorbant du dispositif en fonction de la menace à prendre en compte.

– possibilité de conformation du matériau sur tous les véhicules quelle que soit leur forme.

– facilité de manutention et remplacement rapide et aisé.

– réduction de masse.

Comment se sont réparties les tâches entre vos deux PME ? 

CEDREM a réalisé tous les calculs et les conceptions pour déterminer la structure optimale capable de dissiper l’énergie issue d’une explosion. PPE a participé à la conception des matériaux sandwich 3D et avait la charge de la mise en œuvre et de la fabrication des matériaux composites préalablement calculés.

Votre « B2 Box » a été récompensée. De quoi s’agit-il précisément ?

Jusqu’à présent, les fabricants de blindage se sont attachés à réaliser des structures très dures et raides. Nous avons voulu prendre le contre-pied de cet état de fait en travaillant sur une structure souple, avec la rupture du matériau programmée pour dissiper l’énergie au moment de l’impact. Notre matériau nous offre également la possibilité de prendre des courbes et de faire de la mise en forme. La « B2 Box » (Blast Balistic Box) et « BBOX » que nous avons mise  au point est un assemblage de tissus et de mousses liés par des pontages textiles entre les peaux. Ce pontage se consomme sous l’effet du souffle et donc absorbe une partie de l’énergie de l’agression. Tous les paramètres du matériau (épaisseur, densité, raideur…) sont modulables en fonction de la performance attendue et donc donner des propriétés bien déterminées à la protection.

L’idée d’avoir un matériau « mou » qui se déforme pour absorber l’énergie paraît pourtant relativement banale. Il me semble que l’industrie de l’automobile en fait un grand usage…

L’application militaire avait été insuffisamment explorée : faire face aux agressions d’une explosion, avec souffle et fragments impose d’aller plus loin dans la réflexion. Il est vrai que jusqu’à présent, les fabricants de blindages ont eu tendance à enfermer les véhicules dans des coquilles en rigidifiant à outrance. Quand on a évoqué pour la première fois auprès de la DGA le concept d’un blindage « mou » et déformant, il semble que la rupture technologique que nous proposions était trop en avance… Mais depuis nos interlocuteurs ont changé, la DGA a évolué et notre projet a été mieux reçu…

Les matériaux de base utilisés sont tout de même classiques ?

Oui, il s’agit d’alternances de tissus de verre, de mousses, de kevlar que l’on retrouve dans les blindages modernes. Notre spécificité tient à leur assemblage très particulier. 

 

à suivre…

 

 

 

Nos illustrations : Karine Thoral-Pierre (en haut) et Jérôme Raynal (en dessous)

Tags:

Laisser un commentaire

Your email address will not be published. Required fields are marked *