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D’autres parades que PARADE pour protéger les armées face aux drones

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Pour le ministère des Armées, l’effort mené dans le segment de la lutte anti-drones ne se limite pas aux programmes d’acquisition comme PARADE. D’autres initiatives moins médiatiques sont en cours, à l’image du projet Deeplomatics soutenu par l’Agence de l’innovation de défense (AID) et du contrat d’expérimentation notifié à la PME EPSI par le cluster d’innovation technique BINGO.

Deeplomatics, la détection en environnement complexe

Deeplomatics pour, accrochez-vous bien, « DEEP-learning pour la LOcalisation MultimodAle en Temps réel et l’Identification de Cibles aériennes à faible Signature ». Lancé en février 2019, ce projet a bénéficié d’un financement ASTRID octroyé par la Direction générale de l’armement (DGA). Il s’est achevé récemment.

Le projet était porté par un consortium rassemblant deux laboratoires du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM Paris), le LMSSC et le CEDRIC*, ainsi que les équipes « acoustique et protection du combattant » et « visionique avancée et processing » de l’ISL et la société lyonnaise ROBOOST. Loin d’être novice sur la question, cette dernière est impliquée dans une dizaine d’autres programmes (SPID, DAMNED, etc.), dont certains au profit de la DGA et du GIGN. Soit, une vingtaine de chercheurs et de techniciens mobilisés durant 36 mois.

Leur objectif ? Plancher sur une solution capable de « détecter les drones, les suivre, établir leur trajectoire dans des environnements complexes, dans des environnements urbains, dans des environnements montagneux », expliquait hier le porte-parole du ministère des Armées, Hervé Grandjean. Bref, dans des lieux où les multiples « masques » limitent les performances des outils de détection classiques comme le radar. 

Un réseau de capteurs intelligents

Deeplomatics repose sur des techniques de deep learning appliquées à un réseau de surveillance constitué d’antennes microphoniques compactes, omnidirectionnelles et indépendantes couplées à un système d’imagerie active monté sur tourelle orientable sur 360°. 

Installée sur des supports anti-vibratiles, anti-vent et anti-pluie, chaque antenne est dotée de sa propre intelligence artificielle entrainée pour détecter, localiser et identifier en temps réel le type de drone dans un rayon de 300 mètres. Bien que doté d’un angle d’observation plus restreint, le système d’imagerie active présente une portée de 1,5 km et est orienté en temps réel grâce à la fusion des données en provenance des capteurs acoustiques. 

Les données récoltées viennent alimenter en continu des algorithmes d’apprentissage développés spécifiquement pour chaque module. Cette exploitation simultanée des signatures acoustiques et visuelles rend dès lors possible « la poursuite vidéo d’une cible non coopérative », explique le ministère des Armées. 

À chaque acteur sa mission. L’ISL, par exemple, coordonnait les questions d’optimisation de motorisation du système d’imagerie active et de fusion de données multimodales et multicapteurs. Pour le laboratoire CEDRIC, il s’agissait de piloter le volet du suivi et de la reconnaissance de drones par deep learning video.

Au terme de 36 mois d’élaboration et d’expérimentation, la formule « a permis de réaliser un saut scientifique et technique sans précédent pour la sécurisation d’une vaste zone à protéger ». « On constate que l’on a une capacité de détection de drones supérieure à 95% et que l’on peut reconnaître le modèle de drone à plus de 85% », complète le ministère des Armées.

Premier contrat pour le cluster BINGO

Si Deeplomatics s’achève, une autre initiative à l’enjeu similaire vient de démarrer, cette fois au travers du cluster d’innovation BINGO (Bretagne Innovation Grand Ouest) piloté par DGA Maîtrise de l’information. Celui-ci a en effet notifié le 2 février la société EPSI pour la conduite d’une étude relative à « la détection des drones de loisir ». 

Ce contrat, le premier conclu depuis l’établissement de BINGO en février 2021, verra EPSI adapter sa technologie de radar de détection PSR pour une utilisation à des fins opérationnelles militaires. L’armée de Terre pourrait en bénéficier, souligne le ministère des Armées. Labellisée par l’AID en janvier dernier, cette étude durera neuf mois sous le contrôle de la DGA.

Division produits du garonnais ITNI, EPSI a conçu sa famille de radars PSR pour la surveillance et la protection d’activités et de sites sensibles. Selon les modèles, ces radars à onde continue présentent une portée de détection de 120 à 500 mètres pour les piétons et de 150 à 900 mètres pour les véhicules. Leur zone de couverture varie de 0,1 hectares à 20 hectares pour la version la plus « puissante ». 

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