LOADING

Recherche

Du neuf sur PARADE, future solution anti-drones du ministère des Armées

Partager

D’ici fin 2022, le ministère des Armés disposera d’une dizaine de nouveaux systèmes anti-drones grâce au programme PARADE. Ce marché conséquent a d’ores et déjà capté l’attention d’un groupement piloté par Thales et CS Group, annonçaient ce lundi les deux entreprises françaises lors du Paris Air Forum 2021.

Une première tranche de 10 à 15 systèmes

Il y avait 400 000 drones en France début 2017. Ils seraient environ 2,5 millions aujourd’hui, motivant les États à mieux s’en protéger tant sur le territoire national qu’à l’étranger. « Le ministère n’est pas resté les bras ballants », rappelait ce lundi le porte-parole du ministère des Armées, Hervé Grandjean, lors d’une table ronde consacrée à la lutte anti-drones (LAD).

Les forces françaises disposent déjà d’un certain nombre de systèmes ayant permis de sécuriser de grands évènements comme le salon du Bourget ou le sommet du G7 à Biarritz en 2019 et progressivement déployés en opération extérieure. Hormis BASSALT, dont deux exemplaires supplémentaires seront livrés cette année, et MILAD, chaîne complète de neutralisation partiellement intégrée sur VAB, la DGA planche depuis quelques semaines sur la prochaine génération d’outils LAD.

L’avenir passe principalement par le programme PARADE, objet d’un appel d’offres européen diffusé début mai par la Direction générale de l’armement (DGA). L’intention ? Se doter d’une capacité initiale avant la fin 2022, donc avant la coupe du monde de rugby en 2023 et les Jeux olympiques de Paris en 2024. Le marché est évalué à 350 M€ sur 11 ans. De son côté, le ministère des Armées a débloqué une enveloppe de 70 M€ pour financer la fonction LAD d’ici à 2025.

Le besoin semble avoir été revu à la hausse depuis la publication de l’appel d’offres. Fixée à l’origine à six exemplaires, la cible de PARADE s’élèverait désormais à 10-15 systèmes livrés avant la fin de l’année prochaine, précise le porte-parole du ministère des Armées. Des systèmes qui s’appuieront sur trois piliers : des élements de détection, un C2 et des effecteurs.

Avec un objectif de livraison en moins de 18 mois, le calendrier avancé est ambitieux, mais pas encore assez pour convaincre le sénateur Cédric Perrin, co-auteur d’un rapport d’information sur les drones qui sera présenté aujourd’hui au Sénat.

À l’heure où il devient nécessaire d’être agile et rapide, le sénateur estime « qu’on a pas adapté nos processus d’acquisition à l’évolution des nouvelles technologies, à l’évolution de l’innovation ». Depuis 2019, il milite pour que l’Agence de l’innovation de défense ait plus d’autonomie financière et hiérarchique pour compenser les « lourdeurs » de la DGA et capter rapidement les sujets innovants.

« On a la chance d’avoir […] sur le territoire national une multitude de start-ups, d’entreprises plus ou moins grosses qui travaillent sur ces questions. […] Il faut savoir les utiliser avec réactivité et agilité », ajoute-t-il. Dans cette filière effectivement bien dense, Thales et CS Group sont dans les starting-blocks pour proposer une solution commune. Sans en dévoiler la teneur, tous deux sont revenus sur quelques axes de développement prioritaires.

Crédits : Thales

Le duo Thales-CS Group en lice

Bruit, signature électromagnétique, taille, télécommande et, potentiellement, signature infrarouge : Thales mise depuis un moment sur ces « invariants » pour concevoir des solutions de détection aptes à être intégrées dans un système complet.

En 2019, Thales présente entre autres une solution intégrée de lutte anti-drones baptisée EagleSHIELD. Conçue pour détecter et neutraliser un aéronef malveillant dans un rayon de 7 km, elle repose notamment sur le savoir-faire d’Aveillant, racheté en 2017 par le groupe français. La PME britannique fournit son radar holographique Gamekeeper, déployé pour protéger l’aéroport d’Heathrow et d’autres endroits dans le monde.

Thales propose également des équipements optroniques pour classifier et identifier les menaces. S’y ajoutent des effecteurs et des systèmes C2 qui viennent corréler le tout. « C’est dans le domaine de la neutralisation qu’il y a probablement le plus de travail », souligne Christophe Salomon, Directeur général adjoint, systèmes terrestres et aériens, au sein de Thales.

Pour y parvenir, Thales développe entre autres des munitions de type chevrotine « qui permettront de couvrir des spectres assez larges ». Le groupe fabrique aussi des grenades dotées d’une capacité de déclenchement programmé. Une fonction qui doit optimiser la neutralisation d’un essaim et qui a été l’objet d’une expérimentation avec CS Group.

Il ne peut y avoir une réponse technique unique convenant pour tous les concepts d’emploi de PARADE. « Il y aura au contraire un portefeuille de solutions qu’il va falloir arranger, assembler », constate premièrement Christophe Salomon.

« Le deuxième constat que l’on fait, c’est donc qu’on ne fait pas tout et on ne fera pas tout. Parce que, à nouveau, la menace évolue tout le temps. Parce qu’il y a beaucoup d’acteurs, beaucoup de PME qui ont des moyens qui sont finalement très innovants ».

Exemple avec la PME française Squadrone System, dont la solution permet l’interception d’un drone par un autre drone muni d’un filet. Autre exemple avec CS Group, acteur retenu de longue date par les ministères de l’Intérieur et des Armées et partenaire de Thales dans le cadre de PARADE.

CS Group travaille sur le segment LAD depuis sept ans. Entre autres missions réalisées, la surveillance de l’Euro 2016 en France. « Notre ADN, c’est de nous positionner au cœur d’une chaîne de C2 et d’embarquer de l’intelligence artificielle », explique son directeur général, Éric Blanc-Garin.

Face à une menace évolutive et en sophistication croissante, l’ETI française a su faire preuve d’agilité et annonce avoir testé une bonne dizaine d’effecteurs et sept ou huit radars dans le monde. « On a mesuré à quel point certains acteurs qui proposaient des radars sur le papier avaient du mal à répondre à la criticité de détecter des objets aussi ‘difficiles’ ». L’apport de Thales sera ici déterminant.

L’un de ses premiers grands clients reste le ministère des Armées, qui lui a confié la maîtrise d’œuvre du programme MILAD, « un système qui a été ‘reseté’ et qui est déployé ». Un système qui, tout comme BASSALT, présente des capacités limitées et nécessitera d’être complété par les outils retenus au travers de PARADE.

Tags: