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Crossbow, la proposition « low cost » de MBDA pour frapper dans la profondeur

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Après le One Way Effector dévoilé avant l’été, place à une évolution « musclée » taillée pour frapper un cran plus loin dans la profondeur. À mi-chemin entre le drone et le missile de croisière, cette solution baptisée « Crossbow » est en tout cas conçue pour répondre aux nouveaux enjeux de survivabilité sur le champ de bataille et de production de masse.

Il n’aura fallu que sept mois aux équipes de MBDA pour passer du concept sur papier à un missile aux portes d’un premier tir de démonstration. Si le groupe européen a concentré l’effort sur la vitesse de développement, c’est parce que le besoin dans ce segment s’avère particulièrement pressant tant les armées européennes et de l’OTAN en sont globalement dépourvues. « Nous avons constaté des changements significatifs dans la façon avec laquelle les gouvernements tout autour du monde cherche à acquérir ces capacités. Toute est une question de vitesse », nous expliquait MBDA en amont du salon de défense londonien DSEI, créneau choisi pour dévoiler son système One Way Effector « Heavy » Crossbow. Une rapidité d’exécution à contre-courant des calendriers généralement adoptés pour concevoir ce type de capacité du haut de la trame.

Long de 5,3 m pour un diamètre de 350 mm et une masse totale de 750 kg, le Crossbow emportera une charge militaire d’environ 300 kg. Modulaire, elle pourra être cinétique ou non. Avec son turboréacteur et son aile d’une envergure de 3 m, il pourra manoeuvrer à des vitesses relevant du « haut subsonique ». Donc, à plus de 1000 km/h. Surtout, il devrait dépasser les 800 km de portée, contre 500 km pour son « petit frère » présenté en juin dernier au salon du Bourget.  

En terme d’effet terminal, « une fois encore, il existe de multiples voies pour le matérialiser et cela sera conçu au travers d’un développement en spirale », précise MBDA. « Nous regardons tout particulièrement à détruire des cibles statiques tactiques et stratégiques à haute valeur », poursuit l’industriel. Des moyens dont dépendent les unités de première ligne adverses, tels que les postes de commandement, noeuds logistiques et autres moyens différenciants comme la défense sol-air ou… les frappes dans la profondeur.

Qu’importe le contexte d’emploi, « nous savons que cela sera dans un environnement contesté tant en terme de guerre électronique que de survivabilité en elle-même sur le champ de bataille ». MBDA n’a donc pas misé que sur le seul guidage GNSS. Pour renforcer sa résilience, le Crossbow disposera également d’une centrale inertielle ainsi que d’un système de navigation par imagerie contenant une couche d’intelligence artificielle « maison ». Une brique essentielle au guidage terminal et conçue pour faire correspondre l’imagerie satellitaire avec les données du capteur embarqué, par ailleurs aussi infrarouge pour amener une capacité de frappe de jour comme de nuit. 

Le conteneur 20 pieds sur porteur terrestre, exemple d’intégration qui pourrait tout à fait être étendu au domaine naval
(Crédits image : MBDA)

Développé en parallèle au missile, le lanceur sera simple ou double et sera, dans les deux cas, intégré à un conteneur 20 pieds pour s’assurer d’être compatible avec la plupart des porteurs en service dans les armées pour « donner de la flexibilité en matière de déploiement ». Et garantir l’agilité qui permettra à l’utilisateur d’augmenter ses chances d’échapper à la riposte adverse. Exemple d’intégration à l’appui avec ce camion Zetros de Mercedes emportant un lanceur double. Conteneur standard oblige, rien n’empêche d’envisager un « embarquement » du Crossbow sur un navire. 

Autre critère clef, l’objectif d’une production de masse exigeait de trouver le bon compromis dans un segment « haut du spectre » traditionnellement synonyme de complexité donc de rareté et de coût à l’unité élevé. Aboutir à une capacité « low cost, accessible » demandait notamment de mutualiser les expertises et de « maximiser les sous-systèmes disponibles sur étagère (COTS) ou en service (MOTS) », indique MBDA. Au client d’amener certains composants s’il le souhaite, dont la charge militaire. Il s’agissait également de disposer d’une chaîne d’approvisionnement robuste en démultipliant celle-ci sur base de l’écosystème existant. « Nous avons créé un système de PME et de maîtres d’oeuvre venus de tout le Royaume-Uni », voire d’un peu plus loin. En témoignent , par exemple, les britanniques Modini et Marshall, le tchèque PBS ou encore le norvégien Nammo.

La vitesse est clef et l’agilité l’est tout autant, car la menace évolue rapidement. Ce Crossbow, « nous devons l’adapter constamment pour que cette capacité reste pertinente », estime MBDA. Rien n’est totalement arrêté, le groupe privilégiant un développement en spirale tant pour la portée et la létalité que pour des systèmes de navigation « confrontés à des environnements très exigeants ». 

Résultat de tous ces compromis, une première démonstration de tir est désormais envisageable au dernier trimestre 2025 si une armée en exprime l’intérêt. « Nous discutons avec un certain nombre de clients à l’heure actuelle à propos de cette possibilité », confirme MBDA. Le Crossbow est ainsi, à l’instar du missile de croisière terrestre, un candidat potentiel pour répondre aux besoins exprimés par l’European Long-Range Strike Approach (ELSA), cette initiative lancée par la France et visant à concevoir et acquérir des capacités de frappe dans la profondeur européennes. L’Allemagne, le Royaume-Uni, la Pologne et la Suède sont eux aussi à bord, quand les Pays-Bas frappent à la porte. Que ce soit dans le cadre d’ELSA ou non, tout intérêt confirmé participera à matérialiser un passage à l’échelle envisagé d’ici au second trimestre de 2026. 

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