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Un tir de missile de croisière terrestre démontré par MBDA à horizon 2028

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Trois ans, voire moins. C’est le délai que s’est fixé MBDA pour réaliser le lancement de son missile de croisière depuis un lanceur terrestre, un jalon majeur que le groupe européen franchira avec l’appui de la Direction générale de l’armement (DGA). 

Les échelles sont parfois trompeuses. Derrière ce modèle réduit dévoilé au salon du Bourget par le ministère des Armées se cache en réalité un projet de lanceur terrestre pour le Land Cruise Missile, cette variante du missile de croisière naval (MdCN) promue depuis un an par MBDA pour offrir à l’Europe une autre voie que celle du Tomahawk américain. Un « bestiau » de 18 mètres de long – tracteur compris – qui ne sera pas de trop pour transporter et lancer un missile de croisière terrestre (MdCT) de 7 mètres et de près de 2 tonnes. 

Cette présence sur le stand du ministère des Armées n’a rien d’anodin. La DGA est désormais dans la boucle. D’une part, par la notification d’une étude pour accompagner le travail d’intégration sur une plateforme terrestre. Et, d’autre part, pour la préparation d’un tir de démonstration sur le site landais de DGA Essais de missile à l’horizon 2027-2028, point d’orgue d’une démarche visant à répondre au plus vite à un besoin croissant.  

Aller vite, c’est là tout l’enjeu et la raison du choix d’un missile déjà éprouvé, dérisqué et capable d’aller frapper des cibles durcies et fortement défendues à plus de 1000 km, en manœuvrant à Mach 0,8 et avec une précision métrique. Techniquement identiques, les deux variantes ne devraient différer que par la qualification à première vue plus aisée d’une variante terrestre non soumise à la rugosité de l’environnement marin, ce qui accélérera d’autant plus le processus. 

L’essentiel de l’effort portera en réalité sur le lanceur. Comme pressenti l’an dernier à l’apparition du LCM, MBDA s’oriente vers un lanceur capable d’emporter jusqu’à deux paniers à deux missiles superposés. Pas question de reprendre tel quel le système naval SYLVER. Simplifiée, la solution terrestre reposera sur des conteneurs remplaçables intégrés sur camion, « ce qui amène la mobilité et la capacité de dispersion sur un territoire, deux atouts pour conduire des missions non préparées » sur des terrains non préparés. Et doit permettre de décamper une fois le tir réalisé pour éviter la contre-batterie adverse. 

Pour MBDA, il s’agit de limiter les contraintes d’intégration en récupérant un maximum de briques du MdCN. Ce sera le cas d’une électronique de lancement placée derrière la cabine du tracteur, et de l’outil de planification. Ce dernier devrait néanmoins évoluer, la refonte de l’interface homme-machine permettant de faciliter la prise en main par un personnel moins spécialisé. MBDA réfléchit également à diminuer la charge en intégrant un peu d’intelligence artificielle. Générer les trajectoires pourrait ainsi se faire plus rapidement en exploitant des algorithmes dédiés. Si les dimensions du système limitent son aérotransportabilité, cela semble être une piste pour les munitions, comme le suggère une maquette de panier double placée à côté de l’A400M de l’armée de l’Air et de l’Espace présent sur le tarmac du Bourget. 

Crédits image : MBDA

Fléché vers l’armée de Terre, le MdCT est d’ores et déjà l’objet de quelques scénarios d’emploi et de configuration de la part de MBDA. La cohérence acquise entre variantes permettrait ainsi d’entrevoir des tirs de type « Simultaneous Time On Target » (STOT) réalisés depuis des plateformes navales et terrestres, une idée qui n’est pas sans rappeler ce double tir synchronisé opéré l’an dernier par la Marine nationale avec ses MdCN. Rien n’est par ailleurs fixé en ce qui concerne la structure d’une future batterie MdCT. Là aussi, MBDA propose une structure à quatre lanceurs dispersés et manœuvrés depuis une unité de contrôle de tir déportée pour renforcer la survivabilité de l’ensemble. 

Ce lanceur, MBDA souhaite le rendre agnostique de son porteur pour pouvoir l’adapter d’emblée à la demande du client. Se pose par ailleurs la question d’un lanceur « hétérogène » capable d’accueillir des missiles différents pour des usages différents. Si le principe du lanceur multiple « classique » est privilégiée, MBDA regarde aussi avec intérêt ce qui se fait ailleurs dans un segment seulement maîtrisé par une poignée d’armées. Vers les États-Unis, notamment, où un concept de Tomahawk intégré sur blindé 4×4 JLTV est en train d’émerger.

 Le besoin français n’est pas le seul exprimé. D’autres pays ont identifié ce trou capacitaire devenu béant dans un contexte sécuritaire dégradé. Et certains lorgnent sur d’éventuelles solutions souveraines synonymes de garantie d’emploi et d’approvisionnement. « Le LCM peut favoriser une coopération européenne, car il y a un gros potentiel d’évolution autour du système et du missile. Il peut par ailleurs être la première brique d’une suite d’effecteurs dotés de portées supérieures ou d’autres technologies », explique MBDA. 

« C’est une proposition de MBDA pour ELSA, notamment, » rappelle le groupe en écho à cette initiative européenne visant au renforcement tous azimuts des capacités de frappe dans la profondeur. Lancée à l’été dernier par la France, l’Allemagne, l’Italie et la Pologne, elle a depuis été rejointe par la Suède et le Royaume-Uni. Autant de prospects potentiels, à commencer par des forces armées italiennes déjà désireuses d’acquérir la version navale. Et autant d’armées qui suivront elles aussi de près l’atteinte du jalon fixé pour 2028. 

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