L’industrie se met en ordre de marche pour fournir la frappe longue portée de demain, à l’heure où un noyau de pays travaille à construire la souveraineté de l’Europe dans le segment. Chez MBDA, la réponse repose sur un Land Cruise Missile (LCM) disponible à court terme, mais pas seulement.
Dévoilé en juin lors du salon Eurosatory, le LCM devient quatre mois plus tard une option susceptible de répondre rapidement au besoin exprimé par la France, l’Italie, l’Allemagne, la Pologne et, depuis peu, la Suède et le Royaume-Uni. Présenté comme « une possible contribution à court terme pour ELSA » par le ministre des Armées Sébastien Lecornu, cette version terrestre du Naval Cruise Missile pourrait en effet être disponible « très vite », confirmait MBDA cette semaine au salon Euronaval.
« Nous proposons de prendre ce missile NCM et, essentiellement de l’intégrer sur un camion et de le présenter comme une capacité presque immédiate pour l’Europe », déclare un industriel dont les équipes montent en puissance sur le sujet. « Quand nous n’étions pas dans cette période de retour potentiel d’un conflit de haute intensité, tirer un missile comme celui-ci d’un camion ne coulait pas de source. Désormais, il s’agit clairement d’une exigence qui apparaît partout », complète-t-il.
Entre un NCM en service dans la Marine nationale et dont le lancement de la rénovation à mi-vie est programmé pour 2025 et le futur LCM, l’évolution demanderait à première vue quelques adaptations à la marge. La discrétion adoptée pour les performances du NCM reste de mise pour son pendant terrestre. Mais si rien ne filtre concernant la portée et la vitesse, ce missile de 1400 kg et 6,5 m en version navale sera capable de frapper « très, très loin dans la profondeur », pointe un groupe européen discret sur les travaux en cours.
Pour l’heure, ELSA reste une initiative politique. Le dialogue se concentre à l’échelon ministériel et vise à créer un espace dans lequel faire apparaître des solutions communes. L’objectif immédiat pour les six pays concernés ? Converger sur les besoins techniques pour ensuite les adresser aux industriels capables d’y répondre et, in fine, « permettre à l’Europe d’être plus souveraine, plus autonome ».
MBDA l’assure : le NCM et le LCM sont les seules solutions européennes disponibles dans ce segment capacitaire et capables de répondre aux enjeux de souveraineté et d’autonomie d’approvisionnement. Plutôt que de capitaliser sur un appui américain désormais plus incertain, « les clients du LCM ou du NCM appartiendront à un club exclusif de pays possédant une capacité de frappe de précision à très longue portée depuis la terre ou depuis ou sous la surface », explique le groupe européen.
L’initiative ELSA ne se limite ni au LCM, ni au segment terrestre. Plusieurs solutions pourront émerger pour autant d’applications, chaque pays participant choisissant d’y adhérer ou non selon son intérêt. La frappe air-sol, par exemple, est une autre piste pour laquelle MBDA aurait une carte à jouer. Cet atout, ce sont les missiles du programme FMAN/FMC (ou FC/ASW). Initié par la France et le Royaume-Uni, leur développement sera bientôt rejoint formellement par l’Italie via la signature d’un contrat de convergence en 2025.
Crédits : MBDA