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Au Luxembourg, l’achat de véhicules SCORPION désormais soumis au feu vert parlementaire

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Les grandes manoeuvres ont démarré côté au Grand-Duché de Luxembourg pour décrocher l’enveloppe financière nécessaires à l’acquisition de véhicules SCORPION. Une manoeuvre législative qui s’inscrit dans un cadre global d’augmentation des dépenses militaires. 

D’une force légère à une force médiane

Après les déclarations ministérielles, place au processus législatif. Fin mai, la ministre de la Défense luxembourgeoise a déposé le projet de loi de financement qui apportera aux militaires luxembourgeois les 2,61 Md€ nécessaires pour acquérir un éventail de Griffon, Jaguar, Serval et de véhicules logistiques d’appui au combat et garantir leur soutien pour une trentaine d’années. Leur livraison est programmée à compter de 2028, date à laquelle ils commenceront à armer le bataillon de reconnaissance binational formé avec la Belgique. Maillon entre unités légères et lourdes, ces véhicules en partie issus du programme français SCORPION « contribuent notablement à hausser le potentiel de combat et constituent le garant de pouvoir continuer à remplir nos engagements », pointe le document publié le 31 mai. 

Estimé à partir de l’expérience belge, les coûts relatifs aux 38 Jaguar, 16 Griffon et cinq Serval s’élèvent à près de 2,1 Md€. L’achat proprement dit est évalué à un peu plus de 600 M€. Idem pour la fourniture de pièces détachées, l’assistance technique et la formation. Plus de 480 M€ seront consacrés à la maintenance industrielle contractuelle après 2027. Le Luxembourg prévoit également quelque 302 M€ pour la mise à niveau des sous-systèmes entre 2029 et 2055, une provision pour des évolutions technologiques dont l’étendue est difficile à prévoir.

Les 550 M€ restants serviront à se fournir en dépanneuses blindées (34 M€), véhicules de recouvrement blindés (43 M€), camions (413 M€), camions transporteurs de char et wagons polyvalents surbaissés (23 M€). L’enjeu restera bien de conserver l’alignement des configurations entre matériels belges et luxembourgeois.

Cet investissement, le plus important jamais consenti par un pays trop souvent raillé – à tort – pour l’étendue de son effort de défense, se justifie à plus d’un titre. Primo, il répond à un objectif capacitaire donné dès 2021 par l’OTAN, celui d’établir ce futur bataillon belgo-luxembourgeois d’ici à 2030. Une mission acceptée par les deux nations dans le cadre du processus de planification de défense de l’Alliance, le « NATO Defence Planning Process » (NDPP).

La dégradation du contexte sécuritaire, ensuite, n’aura fait que confirmer l’urgence d’une « prise de masse ». « Confrontées à un environnement sécuritaire international volatile, incertain, complexe et ambiguë », les forces luxembourgeoises doivent elles aussi s’adapter pour être capable « d’agir dans cet environnement devenu beaucoup plus exigeant et de contribuer à l’effort commun en matière de dissuasion et de défense », pointe le document. 

Et tertio, privilégier l’interopérabilité se révèle obligatoire pour une armée naturellement destinée à se déployer au sein de coalitions. D’ici à 2030, l’armée luxembourgeoise évoluera d’une force légère à une force médiane, bascule matérialisée par le futur bataillon belgo-luxembourgeois et pour lequel la recherche d’un alignement matériel maximal avec la Composante Terre est des plus logique. Grâce à cette alignement et « avec des concepts d’emploi, de formation et d’entraînement équivalents, le bataillon binational peut sans grande préparation additionnelle, opérer au sein d’un groupement tactique interarmes combiné. L’interopérabilité renforcée constitue donc un multiplicateur capacitaire transversal impactant positivement le niveau opérationnel, la réactivité, la résilience et la capacité de survie », observe le projet de loi.

Un budget doublé d’ici 2030

L’acquisition de matériels roulants n’est qu’un pan d’un sursaut qui amènera Luxembourg à doubler ses dépenses militaires d’ici la prochaine décennie. De 696 M€ en 2024, celles-ci grimperont chaque année d’environ 100 M€ pour atteindre 1,46 Md€ en 2030. Le milliard d’euros sera dépassé en 2028. Si elle reste une estimation, l’enveloppe permettra d’atteindre les fameux 2% requis par l’OTAN, un palier que le Grand-Duché de Luxembourg calcule désormais selon son revenu national brut (RNB) et non son PIB « en raison de sa situation spécifique ». 

« Ce plan est un investissement dans notre défense et notre sécurité, il est le garant de la solidarité et de la crédibilité de notre contribution à l’effort collectif. Il fixe le cadre du développement de la défense jusqu’à la fin de la décennie, et au-delà », a souligné la ministre Backes. 

Si les véhicules concentrent l’attention, d’autres projets sont à l’étude dans la plupart des domaines. Dans le terrestre, ce sont l’acquisition des munitions, missiles et moyens de simulation associés aux futures plateformes. Dans le cyber, les fonds permettront d’améliorer la résilience des infrastructures IT nationales. Dans le spatial, le Luxembourg prévoit de développer ses capacités « dans les domaines de la communication satellitaire et de la connaissance de la situation spatiale (Space Situational Awareness – SSA) ». 

Dans l’aérien, une participation luxembourgeoise est annoncée au profit de deux programmes de l’OTAN, l’un dans la défense aérienne au travers de l’Integrated Air & Missile Defence (IAMD) et l’autre dans le remplacement des avions AWACS (iAFSC – Initial Alliance Future Surveillance and Control Capability). Et d’autres pistes sont explorées dans les domaines médical et des infrastructures. 

« La crédibilité militaire du Luxembourg dépendra largement de sa capacité à remplir les objectifs capacitaires actuels et futurs lui attribués dans le cadre du processus de planification de défense de l’OTAN », note la Défense luxembourgeoise. Les prochains objectifs ne seront connus qu’à la mi-2025. Les priorités actuelles pourront donc être réévaluées en conséquence. 

Qu’importe le segment, il s’agit donc de faire sa part pour rester un allié crédible. Le plan ministériel n’a pour l’instant pas suscité d’opposition marquée de la part des députés. Tout au plus, l’un demandait à « réfléchir aux efforts de la défense au-delà de l’année 2030 » tandis qu’un autre soulevait la question d’un meilleur suivi parlementaire de l’effort de défense. 

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