Un nouveau chapitre va s’ouvrir pour l’ASCALON, ce système d’arme de nouvelle génération que KNDS décline maintenant en plusieurs calibres et s’apprête à intégrer sur un châssis de char en vue d’une nouvelle série d’essais.
Les équipes dédiées au système ASCALON n’auront pas chômé depuis juin 2024 et la fenêtre médiatique offerte par le salon Eurosatory. Depuis lors, quatre campagnes de tirs ont été organisées sur le camp militaire d’Alcochete, au Portugal. « Aujourd’hui, nous sommes à un niveau de maturité à mi-chemin entre TRL 5 et 6 tant pour l’arme que pour la munition », indiquait un représentant de KNDS France lors d’un Land Systems Day organisé à Satory.
Le niveau du TRL 6 devrait être atteint en fin d’année, dans la foulée d’ultimes essais sur affût fixe à nouveau programmés sur le sol portugais. L’obus-flèche Mk 1 sera alors tiré à 2500 m « pour vérifier ses qualités de vol », une deuxième campagne d’aérodynamique externe dont l’achèvement annoncera l’entrée dans une nouvelle phase.
Un certain degré de maturité maintenant atteint, le sujet pourra alors basculer vers l’équipe en charge du programme ADT 140. À charge de ces « tourelliers » d’intégrer l’ASCALON sur une tourelle téléopérée montée sur un châssis dont le choix est toujours en cours. Leopard ou Leclerc XL, tout dépendra de la disponibilité dudit châssis. Une première campagne est attendue en octobre, encore à Alcochete, à l’arrêt et sur une cible fixe placée à 1000 m. Suivra une nouvelle phase début 2026, cette fois en mouvement mais toujours sur cible fixe. « Le but étant la capacité à démontrer la téléopération de l’arme intégrée dans sa tourelle », précise l’industriel.
Le système ASCALON a désormais tiré plus de 250 munitions de 140 mm. Une centaine d’autres viendront s’ajouter au compteur d’ici la fin du programme. Derrière l’obus-flèche, une munition guidée est elle aussi en développement au travers d’un projet de technologies de défense baptisé « PELTASTE », un clin d’oeil à cette infanterie légère caractéristique des armées grecques. Un PTD auquel participent d’autres grands noms du secteur pour le volet autodirecteur et qui devrait aboutir au maximum à un TRL 5 vers fin 2028 si toutes les tranches optionnelles sont notifiées.
Malgré sa complexité et son coût potentiel, la munition guidée « aura un rôle à jouer dans le champ de bataille futur car elle a un avantage significatif par rapport aux munitions téléopérées : sa capacité de pénétration des défense adverses ». Selon la portée de tir, elle devrait atteindre la frontière entre le subsonique et l’hypersonique et se révélerait donc pratiquement impossible à intercepter y compris par les systèmes de protection active. Restera à déterminer le rapport coût-efficacité entre l’envoi massif de MTO et le tir de l’une de ces munitions. Avec, derrière, des choix à acter pour le char du futur, qu’il s’agisse du MGCS conçu en franco-allemand ou d’une autre plateforme.
Ces travaux se poursuivent en parallèle à ceux menés sur la version 120 mm de l’ASCALON, dévoilée l’an dernier à Eurosatory. Un simple changement du tube permettra à l’utilisateur de passer d’un calibre à l’autre, expliquait alors KNDS. « Les travaux portent donc moins sur l’arme que sur la munition qui lui est associée, qui est la génération post-SHARD ». SHARD, c’est cet obus-flèche de nouvelle génération appelé à remplacer la munition F1 en service dans l’armée de Terre. Les négociations se poursuivent avec la Direction générale de l’armement (DGA) en vue d’acter l’acquisition d’un premier lot de série, un signal fort malgré tout soumis à quelques contraintes budgétaires.
D’autres que la France s’y intéressent. Derrière les essais industriels, l’obus SHARD a ainsi été évalué avec succès en Finlande à partir d’un char Leopard local. « L’évaluation comparative s’est extrêmement bien passée puisque l’armée finlandaise a classé première la munition SHARD », se félicite l’industriel.
L’après-SHARD consistera à capitaliser sur les savoir-faire acquis avec la gamme de 140 mm, basée sur une technologie dite « super shot gros calibre » et non télescopée. Il s’agira à nouveau d’immerger une partie de la munition dans le chargement propulsif de manière à intégrer les flèches les plus longues possibles pour garantir le maximum de performances sur la cible. Le développement d’une telle flèche est lancé, l’objectif sera de déboucher sur une solution qualifiée d’ici trois ans.