Nexter vise de nouveaux horizons grâce à OPTSYS

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Entre deux coques grises, Nexter présentait pour la première fois un viseur multi-capteur de nouvelle génération cette semaine au salon Euronaval. Un segment nouveau pour sa filiale optronique, OPTSYS, et qui permettra au groupe français de disposer d’une solution en propre pour ses systèmes d’armes petit et moyen calibre.

Héritière de la division optique de Giat Industries, la discrète filiale stéphanoise équipe plusieurs milliers de véhicules militaires français et étrangers. Son savoir-faire dépasse d’ailleurs la seule galaxie Nexter. Au fil de son histoire, elle aura réalisé de 20 à 50% de son activité auprès de clients externes, notamment grâce à la fourniture de plus de 20 000 caméras de vision périmétrique embarquées.

Loin de s’asseoir sur ses lauriers, OPTSYS s’attaque régulièrement à de nouveaux défis. Parmi ceux-ci, la combinaison de plusieurs capteurs au sein d’un viseur adapté spécifiquement aux systèmes d’armes de petit et moyen calibre, domaine dans lequel Nexter s’est constitué une solide expérience. Ce viseur, c’est le W-SIGHT, avant tout conçu pour « continuer à proposer au groupe des produits différenciants », nous explique, référent innovation et transformation digitale d’OPTSYS.

W-SIGHT, c’est un cube de 25 cm de côté pour un poids de 9 kg. Résultat de trois années de travail, ce module compact et léger embarque trois capteurs : une voie jour HD bifocale, une voie nuit infrarouge également bifocale et un télémètre laser « Eye Safe ». De quoi identifier un véhicule à 6 km en visible et à 2 km en infrarouge, un humain à 4 km en visible et à 1 km en infrarouge, ou de télémétrer une cible jusqu’à 6 km. Entre la surveillance et l’observation, la détection-reconnaissance-identification et la localisation de cibles de jour comme de nuit, le champ des applications est bien vaste.

Quand la concurrence a fait le choix de l’infrarouge refroidi, OPTSYS a parié sur un capteur LWIR non refroidi fourni par Lynred, spécialiste français de la détection infrarouge détenu à parité par Safran et Thales. Si la sensibilité est moindre, le coût l’est aussi radicalement. « Notre volonté n’est pas d’aller concurrencer des groupes comme Safran ou Thales », complète Jean-Pierre Baudu. Solution « low-end », le viseur W-SIGHT s’adresse en priorité à une clientèle en recherche de fiabilité et de bonnes performances pour un investissement maîtrisé. Le tout en collant au maximum à l’enjeu de la souveraineté. W-SIGHT est en grande majorité français et totalement ITAR-free .

Le premier prototype émerge il y a un an et demi et, aujourd’hui, W-SIGHT se rapproche doucement du modèle de pré-série.

Derrière l’autonomie, W-SIGHT permet aussi à Nexter de se positionner sur d’autres pans de programmes en cours ou à venir. Conçu suivant le cahier des charges de SCORPION, il pourrait être un candidat lors d’évolutions ultérieures de ce programme majeur pour l’armée de Terre. Ce pourrait être une brique envisageable pour le futur véhicule blindé d’aide à l’engagement (VBAE), par exemple, dont l’armement principal devrait reposer sur un tourelleau téléopéré de 25 ou 30 mm. D’autres pistes existent dans le domaine naval, telle que l’intégration sur le tourelleau téléopéré de 20 mm « maison » Narwhal, y compris sous forme de rétrofit.

Cette voie, OPTSYS l’explore depuis quelques années. « On a commencé par faire des viseurs mono-voies, avec une optique longue portée issue de la gamme de caméras BATCAM ». Une première expérience qui aura facilité l’entrée dans le petit club des entreprises capables de proposer un viseur d’arme performant. Ce jalon franchi, OPTSYS n’exclut pas de créer une gamme « en s’inscrivant sur le besoin des utilisateurs ».

Plusieurs projets d’évolutions émergent déjà. « On travaille à intégrer de plus en plus de fonctions de traitements d’image et de capteurs ». Le viseur est dimensionné pour pouvoir recevoir des algorithmes « de plus en plus complexes » pour tenir compte des menaces émergentes et futures, à l’image des drones. Une autre idée « sera peut-être de migrer sur du 12 microns au lieu du 17 microns pour la voie infrarouge » afin de rendre le produit plus compact tout en restant dans la même gamme de prix.

Et les équipes d’OPTSYS ont encore de la curiosité à revendre. Loin des véhicules militaires, la filiale ira bientôt décrocher la lune. L’entreprise vient en effet de livrer au CNES une caméra qui sera intégrée sur la sonde MMX (Martian Moons Exploration) envoyée en 2024 vers Phobos, l’un des satellites naturels de la planète Mars. Envoyer Nexter sur Mars, une autre « petite fierté » pour ses équipes.