KNDS va installer une filiale en Ukraine

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Le groupe franco-allemand KNDS installera des activités de soutien et de production en territoire ukrainien, un projet annoncé vendredi dernier par les ministres de la Défense français et allemand, Sébastien Lecornu et Boris Pistorius. 

C’est l’autre point de convergence présenté le 22 mars à Berlin par les deux ministres : « l’importance de développer et d’installer des capacités de production en Ukraine ». Un pas déjà franchi par d’autres industriels du secteur et qui se justifie par le besoin de rapprocher le soutien logistique et la production de matériels critiques du front tenu par l’Ukraine. 

Épaulé par Berlin et Paris, KNDS créera une filiale chargée d’agréger l’ensemble des projets conduits par ses entités françaises et allemandes sur le sol ukrainien, explique le cabinet du ministre des Armées. L’initiative, jusqu’à présent non détaillée par l’industriel, se concentrera sur le soutien logistique et la fabrication de pièces détachées et de munitions. À terme, elle pourrait s’étendre à la production de systèmes d’armes complets. 

Issu du rapprochement de Nexter et KMW, KNDS produit notamment les canons automoteurs CAESAR et PzH 2000, le lance-roquettes multiple MARS II, le blindé anti-aérien Gepard et les engins blindés AMX 10 RC et Dingo II. Autant de systèmes cédés à l’Ukraine et dont la maintenance peut relever du hub installé fin 2022 en Slovaquie par le groupe franco-allemand, site qui doit initialement rester opérationnel jusque fin 2024. 

De même, plusieurs pistes sont possibles pour le segment des munitions. L’obus d’artillerie de 155 mm, bien sûr, mais aussi celui de 105 mm nécessaire à l’AMX 10 RC ou encore les munitions de 120 mm tirées par les mortiers tractés donnés par la France et l’Italie. Et le portfolio de la division munitionnaire de KNDS s’étend bien au-delà de ces trois exemples. 

« L’objectif sera de produire ce qui sera le plus utile aux Ukrainiens », pointe l’équipe ministérielle. À commencer par les pièces qui s’usent ou se cassent rapidement afin d’éviter toute paralysie prolongée des systèmes. Ce pourra être des éléments de structure sur le châssis du CAESAR, commente un entourage ministériel privilégiant la prudence, les discussions étant toujours en cours. 

Plusieurs modalités s’offrent à KNDS. La construction d’usines « en dur » et en propre en est une, l’adossement à un partenaire local via des coentreprises ou de la production sous licence en est une autre. La manoeuvre n’est par ailleurs pas dépourvue de risques. Ces futurs sites constituent en effet autant de cibles prioritaires pour un adversaire doté d’un éventail de capacités de frappes dans la profondeur. La menace est donc « prise en compte dans la façon dont cela va se faire ».

Présenté comme « très important », l’effort est aussi « une déclinaison concrète des sujets qui ont été discutés le 26 février à l’Élysée », siège d’une conférence de soutien à l’Ukraine à laquelle ont participé 28 pays. Ce projet « emblématique » de l’axe franco-allemand demandera néanmoins un peu de patience. « Il y a des groupes de travail qui sont en cours pour préciser les choses », mais la volonté reste bien d’aboutir dès 2024, assure le ministère français. 

Crédits image : 37e brigade d’infanterie navale des forces armées ukrainiennes