L’Europe se dote d’un hub d’innovation de défense

Crédits image : AED

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Après la DARPA américaine, l’AID française, les Innovation Hub et DIANA de l’OTAN, l’Europe se dote à son tour d’un organisme dédié à l’innovation de défense. Un « Hub for EU Defence Innovation » (HEDI) qui sera piloté par l’Agence européenne de défense (AED).

Une priorité de la Boussole stratégique

C’était l’une des 12 priorités de la Boussole stratégique adoptée en mars par les pays européens. La création de HEDI, actée aujourd’hui par les 26 pays membres de l’AED, aura pour objectif de « stimuler, faciliter et soutenir la coopération en matière d’innovation dans le domaine de la défense entre les États membres tout en garantissant des synergies avec les activités connexes de la Commission européenne ». 

À la fois « catalyseur et amplificateur », HEDI opérera à la croisée des initiatives déjà lancées par l’AED et en cohérence avec le dispositif otanien DIANA. Ce hub se concentrera sur les priorités établies par l’Europe en matières de développement capacitaires, de R&D et de compétences, de technologies et de production.  

« Avec le développement rapide de technologies neuves et souvent perturbatrices et leur militarisation rapide, l’innovation est devenue un facteur géostratégique qui façonne l’environnement de sécurité international et l’équilibre des pouvoirs. La création de HEDI est un signal clair que nos ministères de la Défense prennent l’innovation au sérieux et qu’ils veulent s’y investir davantage, et agir ensemble », déclarait le directeur de l’AED, le Tchèque Jiří Šedivý.

HEDI sera armé par personnel de l’AED. Il opérera dans le cadre de la planification triennale de celle-ci, rapport et évaluation annuels à la clef lors de la phase de démarrage. Ni le calendrier, ni le volet financier de la manoeuvre n’ont été détaillés. 

Vers un HEDI 2.0

HEDI ne se construira pas du jour au lendemain. Sa montée en puissance se fera en trois étapes supposées mener à la mise sur pied d’un « HEDI 2.0 ». Dans un premier temps, il s’agira de promouvoir et d’inspirer. « Au cours de cette phase de montée en puissance, le Hub se concentrera sur les activités de réseautage et de compréhension de la situation », indique l’AED.

Parmi les activités proposées durant ce premier jalon, le partage des bonnes pratiques en terme d’innovation et l’organisation d’un premier « European Defence Innovation Day » le 31 mai prochain. La mise sur pied d’ateliers, de groupes d’études et de rencontres annuelles ou semestrielles entre chercheurs et organisations doivent contribuer à établir une image commune de l’innovation de défense européenne. 

Dans un second temps, HEDI doit « faciliter l’innovation au sein des États membres et des institutions européennes ». Ici aussi, HEDI pourrait piloter plusieurs actions comme une version améliorée de l’actuel Prix de l’innovation de défense de l’AED, le financement de preuves de concept et de démonstrateurs, ou encore l’organisation de conférences et de salons thématiques.

HEDI devrait parvenir à son plein potentiel au terme de la troisième étape. Cet « HEDI 2.0 » n’est pour l’instant présenté que comme un tremplin entre l’innovation et les capacités, et la manière d’y parvenir « doit être définie plus en détail et décidée à un stade ultérieur », complète l’AED. Reste à voir si ce hub parviendra à se positionner et à fédérer les acteurs dans un paysage déjà foisonnant d’organismes aux enjeux sensiblement équivalents. 

Crédits image : AED