La République tchèque acte son entrée dans le « club CAESAR »

Le CAESAR 8x8 (Crédits : Nexter)

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Comme annoncé mi-septembre, la République tchèque a officialisé ce matin l’acquisition de 52 canons automoteurs CAESAR 8×8, en présence de la ministre des Armées Florence Parly et du PDG de Nexter, Nicolas Chamussy. Prague devient le troisième client européen du CAESAR et le second à retenir la version 8×8.

Une industrie locale fortement impliquée

Après le Danemark en 2017 et le Maroc l’an dernier, c’est au tour de la République tchèque d’intégrer le club d’utilisateurs du CAESAR, moins de 16 mois après l’entame de négociations exclusives avec le groupe français. « À la suite du programme TITUS lancé en 2019, cette acquisition supplémentaire témoigne de la qualité du partenariat entre Nexter et l’industrie de défense tchèque », s’est félicité Nicolas Chamussy dans un communiqué.

D’après le ministère de la Défense tchèque, la commande s’élève à environ 330 M€ « tout compris » : plateformes, formations, simulateur d’entraînement, garantie et lots initiaux de munitions et de pièces de rechange. Les négociations contractuelles avaient permis de réduire de 40 M€ le montant de l’offre initiale, précise le ministère. Les livraisons interviendront entre 2024 et 2026.

Les principaux utilisateurs seront les 131e et 132e bataillons d’artillerie du 13e régiment d’artillerie de Jince, qui disposent pour l’instant de 48 canons automoteurs ShKH vz. 77 DANA de calibre 152 mm. En service depuis plus de 40 ans, ceux-ci n’ont jamais été ni modernisés, ni régénérés en profondeur. Leurs capacités sont aujourd’hui totalement dépassées, estime la Défense tchèque, qui poursuit par la même occasion le réarmement de sa 7e brigade mécanisée, objectif fixé par l’OTAN à l’horizon 2025.

En signant avec Nexter, la République tchèque consolidera aussi sa propre filière terrestre. Selon les termes du marché, 40% de la charge seront réalisés par l’industrie tchèque. Des 52 exemplaires commandés, quatre seront produits en France. Les 48 restants seront assemblés localement.

Nexter va pour cela s’appuyer sur plusieurs partenariats, dont l’un établi de longue date avec TATRA Trucks, fournisseur du châssis T815 et partie prenante du contrat TITUS. D’autres sociétés du Czechoslovak Group (CSG) sont impliquées : l’assemblage est confié à Excalibur Army, concepteur de versions modernisées du DANA, Tatra Defence Vehicles réalisera les cabines blindées et RETIA intégrera les moyens de communication liés au système de contrôle des feux d’artillerie.

« Le partenariat porte également sur les munitions, principalement avec les sociétés STV et Explosia, afin de permettre l’approvisionnement local d’obus conventionnels », ajoute Nexter.

Crédits : Nexter

Les raisons d’un nouveau succès

Ce choix, prononcé notamment au détriment du concurrent local, la Défense tchèque l’explique de plusieurs manières. Par la cohérence de l’offre Nexter, premièrement, qui permettait d’acquérir un système d’artillerie complet auprès d’un fournisseur unique. Un atout qui « permettra à l’armée d’ajouter très rapidement cette nouvelle technologie dans son arsenal », justifiait dernièrement le ministère de la Défense.

Techniquement ensuite. Seul système à roues « combat proven », le CAESAR annonce un sursaut capacitaire majeur pour les artilleurs tchèques. Avec son calibre 52 et son système de rechargement semi-automatique, il tire deux fois plus loin et 50% plus vite que le DANA, limité à une portée de 20 km et à une cadence de quatre coups par minute.

La mise en batterie, de l’ordre de 15 minutes pour le DANA, est divisée par trois en partie grâce à l’intégration d’une centrale inertielle. Cette donnée « augmente également la protection des artilleurs : au moment où l’ennemi répond à nos tirs, les canons peuvent eux-mêmes déjà être hors de portée », notait récemment le commandant du 13e régiment d’artillerie, le colonel Milan Kalina.

Adopter le CAESAR, c’est également l’assurance de disposer d’un nouveau panel de munitions au standard OTAN. Celles du DANA sont anciennes, plus lourdes et exigent une plus grande logistique. « Un canon ‘OTAN’ est capable d’utiliser une vaste gamme de munitions, dont des obus guidés par GPS ou par laser », complétait le colonel Kalina.

La belle aventure ne devrait pas s’arrêter là pour le CAESAR, désormais vendu à 350 exemplaires de par le monde. La France peaufine une commande supplémentaire pour 32 pièces de nouvelle génération, que le nouveau PDG de Nexter, Nicolas Chamussy, espère concrétiser « dans quelques semaines ». La Belgique pourrait inclure une dizaine de pièces dans un contrat « CaMo 2 ». Le CAESAR ressort également d’une démonstration réussie sur le sol américain et est un candidat sérieux au remplacement des systèmes M109 en Suisse et AS90 au Royaume-Uni.