Contrats records pour la division munitionnaire de KNDS (ex-Nexter Munitions) et Junghans Defence, chargés de livrer des centaines de milliers d’obus de 155 mm et de fusées d’artillerie à plusieurs pays de l’OTAN.
« La guerre de la Russie en Ukraine est devenue une bataille pour les munitions », rappelait ce matin le secrétaire général de l’OTAN, le Norvégien Jens Stoltenberg depuis son quartier-général bruxellois. Pour garantir la posture dissuasive tout en pérennisant le soutien envers l’Ukraine, « il est important que les Alliés reconstituent leurs propres stocks », ajoutait-il.
Renflouer les stocks, c’est tout l’enjeu des deux contrats-cadres multinationaux notifiés ce matin à KNDS et de Junghans Defense par l’Agence de soutien et d’acquisition de l’OTAN (NSPA). Un investissement global évalué à 1,1 Md€ et qui permettra de produire environ 220 000 obus compatibles avec les canons automoteurs CAESAR et PzH 2000. Selon la directrice de la NSPA, l’Américaine Stacy Cummings, les livraisons devraient s’étaler sur les deux à trois prochaines années.
Acteur majeur de la filière munitionnaire européenne, KNDS se met graduellement en ordre de marche pour parvenir à produire jusqu’à 100 000 obus de 155 mm par an à l’horizon 2025, contre 60 000 au début de la guerre en Ukraine. Co-entreprise formée par Thales et l’entreprise allemande Diehl, Junghans Defence s’est spécialisé dans le développement et la production de fusées d’obus et de bombes. Installées à La Ferté Saint-Aubin (Loiret), ses équipes conçoivent notamment la fusée à correction de trajectoire SPACIDO. Pour les deux industriels, l’engagement de l’OTAN est synonyme de visibilité, paramètre essentiel pour investir davantage et accroître les performances de l’outil industriel.
Si le besoin initial émane de trois pays, neuf armées de l’OTAN disposent actuellement soit de CAESAR, soit de PzH 2000. La NSPA espère donc « une participation plus large à cet effort multinational » soutenu par la standardisation croissante et générateur d’économies d’échelle. Ces contrat ont été attribués au travers du partenariat en matière de soutien des munitions établi en 1993 et rassemblant jusqu’à présent 25 nations de l’Alliance ainsi que la Suède.
L’annonce d’aujourd’hui est l’une des expressions concrètes du plan d’action sur la production pour la défense validé en juillet 2023 à Vilnius. Depuis, plus de 9 Md€ ont été investis collectivement dans le domaine munitionnaire, dont environ 4,6 Md€ pour 1000 missiles de défense aérienne PATRIOT et, désormais, près de 3,7 Md€ pour des missiles antichars, des obus de char et d’artillerie de 155 mm.
Crédits image : armée de Terre